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Rapport
LIBAN: Les forêts décimées par le changement
climatique
et le prix des carburants
Un volontaire de l'AFDC
combattant un incendie à Ainab, au mont Liban
Photo: AFDC
DUBAI, 25 septembre 2008 (IRIN)
Les forêts du
Liban sont aujourd’hui menacées par des incendies dévastateurs,
provoqués par le changement climatique, qui accélèrent à leur
tour le rythme du réchauffement climatique, selon une
organisation de défense de l’environnement.
« Nous assistons à une augmentation des températures, qui
provoque l’assèchement des sols forestiers et les pousse vers
une désertification », a expliqué à IRIN Sawsan Bou Fakhreddine,
directrice générale de l’Association pour les forêts, le
développement et la préservation (AFDC), une organisation
non-gouvernementale (ONG) locale, depuis Beyrouth.
Les incendies de forêt se déclarent désormais plus tôt
qu’auparavant. « Nous avons remarqué que les feux de forêts
commençaient en avril, soit trois mois plus tôt que la saison
habituelle, qui commence en juin-juillet. Avec cette
augmentation continue des températures, la terre perd une grande
partie de son humidité et les arbres deviennent plus secs. Cela
provoque de graves incendies, qui sont difficiles à éteindre »,
a-t-elle ajouté.
En moyenne, selon Mme Fakhreddine, environ 1 500 hectares de
zone boisée sont touchés par des incendies, chaque année, mais
en 2007, plus de 4 000 hectares de forêt ont été décimés par les
incendies les plus destructeurs survenus au Liban depuis
plusieurs décennies. « En un jour, nous avons perdu trois fois
ce que nous avions planté en 17 ans ».
Selon l’AFDC, 35 pour cent du territoire national était couvert
de forêts en 1965, contre 13 pour cent en 2007.
« Si nous nous retrouvons confrontés à des incendies comme ceux
qui se sont déclarés l’année dernière, d’ici 15 à 20 ans, le
Liban aura entièrement perdu ses forêts », a averti Mme
Fakhreddine.
Glissements de terrain
Dans les régions montagneuses du pays, les forêts sont
importantes car elles protègent la surface des sols et les eaux
souterraines, selon les écologistes.
Un feu de forêt dans la
zone de Bmakkine, au mont Liban, en août 2008
Photo:
AFDC
« Les glissements de terrain sont le problème
le plus courant, causé par la perte de couverture forestière.
Lorsque la pluie tombe sur les arbres, l’eau est progressivement
absorbée par le sol au lieu de se perdre dans des torrents
rapides qui emportent également avec eux la surface des sols »,
a-t-elle expliqué.
En plus des menaces courantes qui planent sur les forêts,
notamment l’extension urbaine et la pollution, la hausse
mondiale du prix des carburants se fait également sentir. « Le
Liban connaît des hivers particulièrement rigoureux et la
plupart de sa population vit 500 mètres [au-dessus du niveau
moyen de la mer]. Certains vivent à 1 800 ou 2 000 mètres
d’altitude ».
« Quand on va au mont Liban ces jours-ci, on n’entend que le
bruit de la scie sur le bois. Les gens se préparent à passer un
hiver rigoureux. Bien que cela soit interdit, de nombreuses
familles pauvres n’ont pas les moyens d’acheter du diesel, alors
elles coupent les arbres pour assurer que leurs enfants n’auront
pas froid », a expliqué Mme Fakhreddine.
Plan national
Mme Fakhreddine a ajouté que les incendies de forêt, comme bien
d’autres problèmes environnementaux au Liban, n’étaient pas
considérés comme une priorité par le gouvernement, au vu,
surtout, de la situation politique sensible et des problèmes de
sécurité observés dans le pays ces dernières années.
« Aucune mesure n’a donc été prévue en vue de prévenir et
d’éteindre les incendies de forêt, et les institutions
concernées n’ont ni le savoir-faire ni l’équipement nécessaire
pour contenir ces incendies ».
À la suite des incendies destructeurs de 2007, le gouvernement a
néanmoins formé le Comité national de lutte contre les incendies
de forêt et la restauration des terres, avec la participation
des principaux ministères et de l’AFDC.
« En un an, l’AFDC et le ministère de l’Environnement ont pu
récolter cinq millions de dollars, alors que selon les
évaluations du comité, il faudrait plus de 25 millions de
dollars, sans les hélicoptères. C’est pourquoi nous prévoyons
d’organiser une rencontre avec les bailleurs pour que les
organisations internationales puissent apporter leur soutien aux
projets de protection de l’environnement et d’aide au
développement menés au Liban », a déclaré Mme Fakhreddine.
« La reforestation demande des fonds colossaux », a-t-elle
expliqué, ajoutant qu’il fallait compter environ 5 000 dollars
pour chaque hectare de terres planté. « Pour reboiser ce qui a
été brûlé l’année dernière [4 000 hectares], nous avons besoin
d’environ 20 millions de dollars ».
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