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Israël: Les
sanctions israéliennes ont-elles échoué ?
Hekmat Abou Halima ne
peut pas exporter ses produits et connaît des moments difficiles
Photo:
IRIN
JERUSALEM, 24 mars 2008 (IRIN)
Le bouclage israélien de la bande de Gaza
perturbe le secteur des affaires, les agriculteurs et ceux qui
pourraient bénéficier des projets de développement, mais il
permet au Hamas de renforcer son autorité à Gaza, selon un
nouveau rapport, publié par l'International Crisis Group (ICG).
Plus des trois quarts de la population reçoivent une aide
humanitaire, ce qui les rend plus dépendants que jamais de la
communauté internationale.
Le rapport, intitulé Ruling Palestine I: Gaza Under Hamas
(Gouverner la Palestine I : Gaza sous le contrôle du Hamas),
cite un analyste politique qui décrit Gaza comme un « projet
d'aide sociale internationale » (« internationally-supplied
welfare project », en anglais).
« Les bailleurs de fonds internationaux et l’agence des Nations
Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA) ont investi des
sommes d’argent colossales, substituant l’aide humanitaire à
l’aide au développement, et rendant de ce fait la plupart des
Gazaouis dépendants de la communauté internationale », selon
l’ICG.
Depuis la prise de contrôle de l’enclave palestinienne par le
Hamas, en juin 2007, il est difficile d’importer certains
produits, notamment les tuyaux de canalisation ou le ciment, ce
qui entrave la réalisation de projets tels que la pose de canaux
d’évacuation des eaux usées et la construction d’écoles, ont
expliqué à IRIN des représentants des Nations Unies et des
travailleurs humanitaires.
« Les Gazaouis vivent dans des conditions d’extrême pauvreté et
sont coupés physiquement et économiquement du monde extérieur –
une dégradation humanitaire qui ne peut guère durer », peut-on
lire dans le rapport, qui cite notamment la hausse du prix des
denrées alimentaires.
Les usines ne peuvent plus importer de matières premières ni
exporter leurs produits, les employés sont licenciés et les
agriculteurs sont obligés de vendre localement leurs produits à
très bas prix, au risque de se retrouver avec des produits
pourris ; les points de passage restent en effet fermés à toute
exportation.
Toujours selon l’ICG, à l’intérieur de l’enclave palestinienne,
les « zones tampons » israéliennes, proches de l’Etat hébreu,
occupent 35 pour cent des terres cultivables de Gaza. Les zones
cultivées et les puits ont été détruits pendant les incursions
de l’armée israélienne.
Le Hamas pas affaibli
Le Hamas, en revanche, n’a pas été affaibli par ces sanctions.
Sa branche militaire s’est de plus en plus renforcée et a
récemment commencé à tirer des roquettes de type Grad sur le
port israélien d’Ashkelon. Actuellement, le Hamas exerce en
outre un contrôle strict sur le système des impôts, sur
l’appareil judiciaire et sur la police.
« Au contraire, les sanctions contre le Hamas ont renforcé son
emprise sur Gaza et ont affaibli la population », a expliqué à
IRIN Nicolas Pelham, principal analyste de l’ICG en poste à
Jérusalem, ajoutant que le secteur privé, l’un des groupes les
plus favorables à l’ouverture de négociations politiques avec
Israël, était actuellement sur les genoux.
Concernant les droits humains, le fonctionnement de l’appareil
judiciaire, la liberté de la presse ainsi que d’autres
problèmes, il y a également des raisons de penser que
l’isolement international du Hamas a des effets contraires.
Recommandations de l’ICG
Pour éviter une escalade de la violence et l’effondrement du
processus de paix, il convient d’instaurer un dialogue
constructif entre le Fatah et le Hamas – donc entre le
gouvernement de la Cisjordanie et le gouvernement de Gaza – et
entre Israël et le Hamas, pouvait-on lire dans les conclusions
du rapport. Il faut avant tout un accord sur la réouverture des
frontières.
L’ICG invite les Nations Unies, les pays occidentaux et les pays
arabes à « adopter sans ambiguïté une stratégie visant à
influencer la politique du Hamas plutôt qu’à la combattre », et
appelle Israël et le Hamas à convenir d’un cessez-le-feu
immédiat de 15 jours, pour permettre aux différentes parties
d’engager des négociations en vue de parvenir à une fin plus
durable des hostilités.
Selon la presse, cet appel intervient à un moment où les
organisations humanitaires internationales, et même quelques
voix en Israël, soutiennent l’ouverture de négociations avec le
Hamas, et où certains signes portent à croire que les Etats-Unis
appuient les efforts de l’Egypte pour l’ouverture de pourparlers
entre le mouvement islamique et Israël.
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