|
IRIN
TPO:
Une récolte d'olives faible mais plus pacifique que l'année
dernière
Certains oliviers
ne portent presque aucune olive
Photo: Tamar Dressler/IRIN
HAWARA/TEL-AVIV, 23 décembre 2009 (IRIN)
Sur les terres de Shaer, à côté du village de
Jit, dans la région de Nablus en Cisjordanie, les quelque 300
oliviers ne portent presque aucune olive : cette année, il y
aura à peine assez d’olives pour sa famille, sans même parler
des ventes.
« Nous allons prier pour que la pluie tombe, et attendre »,
a-t-il dit. D’après lui, sa récolte de cette année atteindra
moins d’un quart de celle de l’année dernière, « et l’année
dernière, elle n’était pas bonne du tout ».
Ahmed, qui cultive des olives dans la région de Qalqilayah, à
une demi-heure de route de Tel-Aviv, a dit que la maigre récolte
ne valait pas la peine d’être ramassée. « Je ne peux qu’espérer
pour l’avenir », a-t-il dit.
Les oléiculteurs palestiniens sont confrontés à une récolte
mauvaise ou médiocre pour la troisième fois consécutive.
Normalement, dans cette région, la récolte est bonne une année,
puis moins bonne l’année suivante, mais ces cycles de deux ans
semblent ne plus fonctionner – et la situation a été aggravée
par un hiver sec en 2008-2009, d’après des experts.
D’après un
rapport sur la récolte des olives en Cisjordanie et à Gaza
publié en 2008 par le Bureau des Nations Unies pour la
coordination des affaires humanitaires (OCHA), quelque 10
millions d’oliviers ont été plantés sur 45 pour cent des terres
agricoles des territoires palestiniens occupés – ce qui
correspond à un potentiel de production de 32 000-35 000 tonnes
d’huile d’olive.
D’après le rapport, la récolte est utilisée à environ 93 pour
cent pour produire de l’huile d’olive, et les moyens de
subsistance de jusqu’à 100 000 familles dépendraient, d’une
manière ou d’une autre, des olives.
En 2006, une récolte excellente a permis de produire quelque 36
000 tonnes d’huile d’olive ; 2007 a été une mauvaise année,
conformément à la règle des cycles de deux ans, et la récolte de
2008 a permis une production de seulement 23 000 tonnes.
Selon des experts du Conseil oléicole d'Israël, beaucoup
d’arbres ont perdu leurs fleurs prématurément à cause de la
sécheresse, ce qui a considérablement réduit le rendement de
2008 et 2009.
Le directeur du Conseil oléicole d'Israël
Nabih Ath-Thib a dit en octobre qu’il s’attendait à ce que
la récolte totale d’olives en 2009 permette de produire environ
5 000 tonnes d’huile d’olive, c’est-à-dire bien moins que le
volume nécessaire pour couvrir les besoins des Palestiniens,
qu’il a estimé à 15 000 tonnes.
Restrictions d’accès
Dans certaines zones, la récolte a été réduite
encore davantage en raison du manque d’accès aux oliveraies.
Cette année, la récolte
des olives est mauvaise dans les TPO
Photo: Tamar Dressler/IRIN
D’après l’ONG israélienne Rabbis for Human Rights (Rabbins pour
les droits humains, RHR), « bien que les Forces de défense
israéliennes [FDI] affirment le contraire », les restrictions
d’accès aux champs
ont été renforcées, en particulier le long de la « zone
fermée » entre la barrière de sécurité et la ligne d’armistice
de 1949, connue sous le nom de « Ligne verte ».
Cependant, la récolte de cette année s’est déroulée sans
incident majeur – un progrès par rapport aux années précédentes
: les FDI ont mobilisé des centaines de soldats et d’agents de
la police des frontières afin d’empêcher les colons de perturber
la récolte.
Les autorités palestiniennes et israéliennes ont conjointement
coordonné l’accès des agriculteurs palestiniens aux zones
concernées par les restrictions, autour des implantations et
au-delà de la barrière de séparation avec la Cisjordanie. Le
Comité international de la Croix-Rouge a surveillé la récolte
mais n’a jamais eu à intervenir comme les années précédentes,
par exemple lorsque les grilles des oliveraies restaient
fermées.
Ce changement, d’après des sources liées aux FDI, a suivi
plusieurs mois de harcèlement délibéré et l’incendie volontaire
de plusieurs centaines d’oliviers palestiniens par des colons,
en « représailles » contre les efforts des FDI visant à évacuer
certains avant-postes mineurs de colons dans les collines de
Samarie. Dans les oliveraies de Jit, plusieurs oliviers ont été
brûlés ou taillés en pièces par des colons.
Le lieutenant-colonel Fares Attila, directeur du Bureau de la
coordination du district (DCO) de Nablus, a mené en 2008 une
enquête approfondie, prenant en compte tous les oléiculteurs
palestiniens, afin de répartir de manière appropriée les forces
des FDI pendant la récolte de 2009. Les cultivateurs ont été
informés à l’avance, le cas échéant, que leur oliveraie serait
gardée pour assurer leur sécurité, d’après des responsables du
DCO.
Le rabbin Eric Asherman, de l’organisation RHR, a dit à IRIN
qu’il se réjouissait de l’initiative des FDI, ajoutant cependant
que l’on n’accordait pas assez de temps aux Palestiniens pour
effectuer leur récolte – seulement deux jours.
D’après des témoignages adressés à l’ONG israélienne B'Tselem et
des rapports de RHR et OCHA, les FDI étaient mieux préparées
cette année à protéger les cultivateurs palestiniens de la
violence des colons durant la récolte des olives, mais n’ont pas
réussi à l’empêcher complètement.
Copyright © IRIN 2009.
Les informations contenues dans ce site web vous sont parvenues
via IRIN, un département d'informations humanitaires des Nations
Unies, mais ne reflètent pas nécessairement les vues des Nations
Unies ou de ses agences. Si vous réimprimez, copiez, archivez ou
renvoyez ce bulletin, merci de tenir compte de cette réserve.
Toute citation ou extrait devrait inclure une référence aux
sources originales. Toute utilisation par des sites web
commerciaux nécessite l'autorisation écrite d'IRIN. UN Office
for the Coordination of Humanitarian Affairs 2009.
|