|
Rapport
Israël-TPO: Cessez-le-feu à Gaza après un an
de blocus
Brêche dans le mur de
séparation entre la bande de Gaza et l'Egypte
Photo: Victoria Azou/IRIN
JERUSALEM/GAZA, 20 juin 2008 (IRIN)
Après un
an de blocus strict de la bande de Gaza, les habitants de
l’enclave assiégée ont des raisons d’être optimistes, depuis la
mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu entre le Hamas et
Israël, le 19 juin, à six heures du matin, heure locale.
Le Hamas, groupe islamique qui contrôle Gaza depuis le
renversement, en juin dernier, des forces du Fatah, faction
rivale fidèle au président Mahmoud Abbas, ne reconnaît pas
Israël, et le gouvernement israélien lui-même ne négocie pas
directement avec le groupe islamique.
Pourtant, les deux parties ont consenti, sous les auspices de
l’Egypte, à cesser les hostilités. Les Palestiniens de Gaza
espèrent que cet accord permettra de mettre fin aux sanctions
imposées sur les carburants, et à l’interdiction d’exporter et
d’importer une majorité de produits.
Ces 12 derniers mois, surtout depuis la fin de l’année 2007,
Israël a en effet limité les importations à un minimum de
carburant et de produits essentiels, tels que les vivres et les
médicaments. La fermeture des points de passage a abouti à une
recrudescence de la contrebande dans l’enclave.
« Les seules chaussures que j’arrive à trouver pour mes enfants
sont celles qui ont été passées en contrebande depuis l’Egypte
», a récemment expliqué à IRIN un habitant de Gaza. « Elles sont
de moins bonne qualité et plus chères que celles que nous
achetions avant. Trop chères, en fait ».
Les points de passage ont également été fermés à la circulation
d’une majorité d’habitants, coincés dans l’enclave, à
l’exception d’une brève période au cours de laquelle les
militants avaient détruit des pans du mur frontalier entre
l’Egypte et la Palestine.
« Le seul moyen de partir, c’est de monter sur une Qassam », a
lancé un Palestinien, sur le ton de la plaisanterie, employant
le nom générique donné aux roquettes tirées par les militants
palestiniens sur le sud d’Israël.
Ces roquettes suscitent des craintes chez bon nombre d’habitants
et ont fait plusieurs victimes civiles.
« Cela ne fait qu’un an, et les sanctions les plus strictes
n’ont été mises en place qu’en octobre. Cela ne fait pas
longtemps, mais les sanctions se font déjà sentir », a indiqué
Antoine Grand, du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
à Gaza.
Les agriculteurs sans emploi
En raison du blocus, les agriculteurs, qui cultivaient
essentiellement pour l’exportation, ne peuvent pas exporter leur
production ni recevoir de semences et de fertilisants.
Pénurie de carburant à Gaza
Photo: Wissam Nassar/IRIN
Ce blocus, auquel viennent s’ajouter les
pénuries de carburant qui empêchent les paysans d’entretenir
leurs champs, a contraint bon nombre d’entre eux de cesser leurs
activités.
Globalement, selon les observateurs, la situation humanitaire à
Gaza s’est aggravée au cours des 12 derniers mois depuis la
prise de contrôle de Gaza par le Hamas, mais la crise a pu être
évitée, essentiellement grâce aux efforts des organisations
humanitaires.
« Personne ne meurt de faim à Gaza parce que l’UNRWA [l’agence
des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens] et le PAM [le
Programme alimentaire mondial] nourrissent une majorité de la
population », des propos maintes fois entendus par IRIN au cours
d’entretiens avec plusieurs hauts responsables humanitaires.
« Ils empêchent les populations de sombrer », a ajouté une
travailleuse humanitaire, qui a souhaité conserver l’anonymat,
n’ayant pas été autorisée à s’exprimer au sujet d’autres
organisations.
Mais même l’aide massive apportée par les Nations Unies et les
organisations non-gouvernementales (ONG) n’a pas pu compenser
l’impact de ce siège sur les infrastructures de Gaza.
Les hôpitaux et autres institutions ne parviennent pas à obtenir
les pièces détachées et la machinerie lourde dont ils ont
besoin. L’équipement et les produits manquants vont des
appareils de radiologie aux articles plus simples, tels que les
ampoules électriques, les stylos ou le papier.
L’interdiction de circulation a également pénalisé de nombreux
patients, qui n’ont pas pu quitter la Bande pour être soignés,
ainsi que des médecins, qui n’ont pas pu suivre de formation
spécialisée à l’étranger.
De même, les pêcheurs et les chauffeurs ont des difficultés à
réparer leurs bateaux et leurs voitures sans matériel importé de
l’étranger. Selon M. Grand du CICR, les prises de sardines, au
mois d’avril de cette année, ne représentaient que 28 pour cent
des captures enregistrées à la même période, en 2007.
Suspension des opérations de développement
Les opérations de développement, déjà ralenties en raison des
sanctions financières internationales imposées après la victoire
du Hamas aux élections de 2006, ont été d’autant plus paralysées
après la prise de contrôle.
« Il nous restait à peine quelques semaines avant d’achever
l’installation d’un réservoir d’eau destiné à assurer un
approvisionnement régulier en eau salubre à 30 000 habitants de
Rafah », a indiqué Martha Meyers, de CARE International.
CARE n’étant plus en mesure d’importer l’acier, les pompes, les
canalisations et autres biens nécessaires, le projet a été
suspendu et l’équipe a décidé de se concentrer sur une station
de pompage-relais (le matériel nécessaire se trouvant déjà dans
l’enclave), même si cela n’était pas son objectif principal.
« On ne peut pas priver les populations des produits essentiels
dont elles ont besoin, juste parce qu’on est en colère contre
les dirigeants palestiniens », a remarqué avec frustration un
spécialiste du développement.
Copyright © IRIN
2008
Les informations contenues dans ce site web vous sont parvenues
via IRIN, un département d'informations humanitaires des Nations
Unies, mais ne reflètent pas nécessairement les vues des Nations
Unies ou de ses agences. Si vous réimprimez, copiez, archivez ou
renvoyez ce bulletin, merci de tenir compte de cette réserve.
Toute citation ou extrait devrait inclure une référence aux
sources originales. Toute utilisation par des sites web
commerciaux nécessite l'autorisation écrite d'IRIN. UN Office
for the Coordination of Humanitarian Affairs 2008.
|