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IRIN
LIBAN: La vie est dure pour les populations
palestiniennes négligées des « regroupements »
Ali Hindawi, un Palestinien de
84 ans, vit dans un abri, dans le sud du Liban, depuis plus de
30 ans.
Les « regroupements » de ce type ne bénéficient guère des
services assurés par l’UNRWA et l’Etat.
Photo: Hugh Macleod/IRIN
KAFR BADA, 20 mai 2009 (IRIN)
Séparé de sa
famille par le déplacement et la pauvreté, Ali Mohammed Hindawi,
84 ans, vit seul, depuis 30 ans, dans une cabane de tôle
rouillée, dans le sud du Liban, sans eau, sans électricité et
sans toilettes, où il dort au beau milieu des poules, des
mouches et des ordures.
« A quoi je pense, le soir ? Je pense à ma situation, je me dis
que ce n’est pas une vie pour moi », confie ce vieil homme
frêle, à peine capable de s’asseoir après avoir supporté, une
nouvelle fois, un hiver rigoureux marqué par un froid glacial et
des pluies torrentielles. « C’est une vie de chien. Tout ce que
je veux, c’est passer les quelques années qu’il me reste
convenablement ».
M. Hindawi fait partie des dizaines de milliers de réfugiés
palestiniens qui vivent dans des « regroupements » sauvages, des
groupes d’habitations construites sans autorisation officielle
et qui ne bénéficient guère des services assurés par l’Etat
libanais, l’Autorité palestinienne (AP) et l’Agence des Nations
Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
Chassé par les soldats israéliens qui ont envahi la Galilée
(nord) en 1948, le jeune Ali Mohammed Hindawi est arrivé au
Liban et s’est installé dans une tente de l’UNRWA, montée dans
la région de Kafr Bada, dans le sud du Liban, près d’une
rivière, la Qasmiyeh.
Un grand nombre de ces tentes ont fini par former, par la suite,
des camps de réfugiés officiellement reconnus, aux limites
définies, bénéficiant de services assurés par l’UNRWA. Mais pour
certains réfugiés comme M. Hindawi (ou Zahra Saeed et sa famille
de 13 enfants, qui vivent de l’autre côté de la rivière, dans le
« regroupement » de Qasmiyeh), ces certitudes n’existent pas.
Le Norwegian Refugee
Council espère obtenir des fonds pour pouvoir moderniser les
logements inadéquats,
tels que l’abri dans lequel vit le Palestinien Ali Mohammed
Hindawi, au Liban-Sud
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
Des regroupements négligés
« On ne s’intéresse guère aux “regroupements”, seulement aux
camps », selon Ghazi al-Hassan, secrétaire du Comité populaire
palestinien à Kafr Bada. « Aujourd’hui, le budget de l’AP est
limité, alors ils envoient très peu d’aide ici ».
Parce que son mandat ne lui permet pas d’opérer en dehors des 12
camps de réfugiés officiels du Liban, qui abritent environ la
moitié des 400 000 Palestiniens du pays, l’UNRWA ne peut
acheminer des vivres à Kafr Bada et dans d’autres «
regroupements » qu’une fois tous les trois mois. Or, avec un
budget d’à peine 100 dollars par mois, le Comité populaire de M.
al-Hassan ne peut guère faire plus que ramasser les ordures et
couvrir ses frais de transport.
Les organisations non-gouvernementales (ONG), telles que Popular
Aid for Relief and Development (PARD), un organisme libanais,
s’efforcent de combler les lacunes dans les dizaines de «
regroupements » du pays.
Ainsi, tout comme Mariam Dyabissa, une réfugiée palestinienne
quasi aveugle de 94 ans qui vit dans une cabane en tôle, à
Qasmiyeh, avec son fils, handicapé mental, M. Hindawi dépend de
la gentillesse de ses voisins, qui viennent lui apporter de la
nourriture, le laver et l’habiller, et allumer son feu, le soir.
Au regroupement de
Qasmiyeh, Zahra Saeed a raconté que son logement, composé de
deux pièces,
ne protégeait pas sa famille de la pluie, qui empêche ses 13
enfants de dormir
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
Enquête
Le Norwegian Refugee Council (NRC) mène à l’heure actuelle la
première étude complète des ménages palestiniens qui vivent dans
les regroupements du Liban, y compris dans les zones voisines
des camps de l’UNRWA. Dans le nord, les zones situées autour du
camp de Nahr al-Bared, en grande partie détruit par les
affrontements, il y a deux ans, n’ont pas pu être reconstruites
faute d’un mandat clair permettant aux organismes d’opérer dans
les « regroupements » palestiniens.
« Nahr al-Bared a souligné cette question. Beaucoup de gens
pensent que les Palestiniens vivent dans des camps. Ils ne
savent pas que des dizaines de milliers d’entre eux vivent dans
des “regroupements”, dans des circonstances très variées », a
expliqué Richard Evans, responsable des programmes menés par le
NRC au Liban dans le domaine de l’hébergement et de la
réhabilitation des « regroupements » palestiniens. « Nous
pensons qu’il y a un besoin humanitaire. Ces gens ne bénéficient
pas de services adaptés ».
En 2005, le Danish Refugee Council (DRC) a réalisé une
évaluation des besoins dans 39 « regroupements », composés, par
définition, d’un minimum de 25 foyers. L’évaluation a révélé que
les réfugiés avaient avant tout besoin de se voir accorder le
droit au travail et à la propriété. Au « regroupement » de
Qasmiyeh, Zahra Saeed a en effet expliqué qu’elle recevait un
avis d’expulsion du tribunal local tous les six mois depuis 10
ans, les Palestiniens n’ayant pas le droit de posséder des biens
au Liban.
Le NRC Liban, qui doit publier son rapport en juin, espère
obtenir deux ou trois millions de dollars pour pouvoir
moderniser les foyers d’environ 250 familles des « regroupements
» du Liban-Sud, a expliqué l’organisme.
Ainsi, Ali Hindawi pourrait au moins passer ses derniers jours
dans un logement dont les murs de béton et la porte le
protègeraient des intempéries. Mais ce n’est là qu’une maigre
consolation pour le vieil homme, dont la vie est si dure. « Que
je me sente heureux ou triste, ça ne compte pas », a-t-il
déclaré. « Personne ne se soucie de moi ».
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