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Rapport
AFGHANISTAN: Les attaques forcent les
humanitaires à restreindre leurs opérations
Les insurgés talibans
s’en sont pris à de nombreuses reprises aux travailleurs
et aux convois humanitaires, dans différentes régions de
l’Afghanistan
Photo: Abdullah Shaheen/IRIN
KABOUL, 17 octobre 2008 (IRIN)
Les
organisations non-gouvernementales (ONG) sont victimes d’un
nombre d’incidents de sécurité sans précédent dans l’ensemble de
l’Afghanistan, et certaines organisations humanitaires ont dû
restreindre leurs programmes, selon un bureau spécialisé dans la
sécurité de ces organismes.
Au moins 146 incidents de sécurité ont été signalés entre
janvier et la fin du mois de septembre, au cours desquels 28
personnes (cinq expatriés et 23 employés nationaux) ont trouvé
la mort et 72 ont été enlevées, selon un rapport trimestriel
publié par le Bureau de sécurité des ONG en Afghanistan (ANSO).
« Au cours des mois de juillet, août et septembre, les ONG ont
rapporté le taux d’incident le plus élevé depuis que l’ANSO a
commencé à tenir ses registres, en 2002 », indiquait le rapport,
soulignant que 71 incidents avaient été signalés pendant le
trimestre.
Le conflit général en Afghanistan a gagné « en vélocité et en
étendue géographique » et le nombre des attaques a grimpé de 400
pour cent au cours des 33 derniers mois, d’après le rapport.
L’observation et les informations de l’ANSO ne concernent que la
sécurité des ONG, mais les Nations Unies ont également fait état
d’une aggravation de la situation de sécurité et mis en garde
contre ses conséquences sur les civils et le travail
humanitaire.
Kai Eide, envoyé des Nations Unies en Afghanistan, a notamment
déclaré au Conseil de sécurité, le 14 octobre, que «
l’insurrection touchait désormais les provinces voisines de
Kaboul ; les attaques étaient devenues plus meurtrières, et
davantage d’attentats étaient ciblés contre les humanitaires […]
la situation était difficile et complexe ».
Repli opérationnel
L’insécurité réduit de plus en plus l’espace opérationnel des
organisations humanitaires et entrave la prestation de services
dans de vastes régions vulnérables du pays, selon les
travailleurs humanitaires.
Les attentats contre les travailleurs
humanitaires ont réduit l’espace humanitaire
et entravent la
prestation de services aux communautés vulnérables.>
Photo: Masoud Popalzai/IRIN
Contrairement aux violences provoquées par
l’insurrection, qui se limitent en grande partie aux régions sud
et est, des cas d’attentats contre des ONG ont été signalés dans
29 des 34 provinces du pays.
Les Nations Unies ne peuvent plus mener leurs activités sur pas
moins de 50 pour cent du territoire afghan, a déclaré Ban Ki-moon,
le Secrétaire général des Nations Unies, en septembre.
Malgré ces graves problèmes de sécurité et les restrictions de
circulation, aucune organisation humanitaire n’a quitté le pays
pour des raisons de sécurité, à l’exception de Médecins sans
frontières, qui s’est retiré en décembre 2004. Toutefois, un
grand nombre d’ONG « ont retiré leur personnel et leurs
ressources des régions difficiles », selon Nic Lee, directeur de
l’ANSO.
Lex Kassenberg, directeur de CARE International à Kaboul, a
également expliqué que le personnel expatrié se déplaçait dans
les provinces en avion, les trajets par voie routière étant
risqués.
« Nous avons restreint l’envergure de nos programmes dans
certaines provinces », a expliqué M. Kassenberg à IRIN, ajoutant
que son organisation était extrêmement préoccupée par la
sécurité de son personnel.
Montrer son indépendance
Plus de 60 pour cent des attentats ciblés contre des ONG ont été
perpétrés par des mouvements d’opposition (par les insurgés
talibans et les combattants fidèles à Gulbuddin Hekmatyar), et
33 pour cent ont été commis par des groupes criminels armés,
selon le rapport de l’ANSO.
Le nombre des attaques contre les ONG a augmenté en raison de «
l’intensification du conflit et du fait que les ONG sont souvent
les seules organisations présentes à l’échelle des villages »,
selon M. Lee, de l’ANSO.
Pour atténuer l’impact de l’insécurité, l’ANSO a recommandé aux
ONG de montrer leur indépendance.
« L’ANSO conseille aux ONG de se préparer à un environnement de
sécurité multipolaire en renforçant considérablement leur
indépendance et en se distanciant des acteurs politiques et
militaires », pouvait-on lire dans le rapport.
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