|
IRIN
Une crise de l'eau se profile à Gaza
Environ 10 000 habitants de
Gaza n’ont pas de robinets, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de
leur maison,
et 60 pour cent de la population – soit environ un million de
personnes – n’ont pas d’accès continu à l’eau potable
(photo d'archives - Iyad El Baba/UNICEF-oPt)
GAZA VILLE, 15 septembre 2009 (IRIN)
A moins
que des mesures d’urgence ne soient prises, les réserves d’eau
destinée à la consommation humaine dans la Bande de Gaza seront
épuisées dans cinq à 10 ans, d’après la Société de gestion de
l’approvisionnement en eau des municipalités côtières (CMWU) et
les agences des Nations Unies travaillant sur place.
Seulement cinq à 10 pour cent des eaux souterraines – la
principale source d’eau destinée à l’usage humain (domestique,
agricole et industriel) à Gaza – constituent des réserves d’eau
potable, d’après la CMWU.
« D’ici 2014, le niveau de l’aquifère ne nous permettra plus de
disposer d’eau adaptée à l’usage humain », a averti Majed
Ghannam, ingénieur de la CMWU. « Tous les ans, dans l’aquifère,
les volumes d’eau extraits sont supérieurs aux volumes injectés
[via les précipitations et les écoulements souterrains
latéraux/verticaux] »
La mauvaise qualité des eaux souterraines est due à une
extraction excessive de l’eau présente dans l’aquifère, qui a
conduit à l’intrusion d'eau de mer dans ce dernier, et donc à la
salinisation des eaux souterraines de Gaza. Une grande partie de
ces réserves sont impropres à l’usage humain. L’eau courante
disponible à Gaza est connue pour être très salée et non
potable.
D’après un rapport de la Banque Mondiale (en
anglais) paru en avril dernier, on peut également attribuer
la mauvaise qualité des eaux souterraines à la pollution liée à
l’infiltration des eaux usées et des engrais agricoles.
Changement climatique, croissance démographique
Des relations entre le déclin des réserves d’eau destinée à
l’usage humain et le changement climatique ont en outre été
établies. La baisse des précipitations a en effet contribué à
affecter le taux de recharge de l’aquifère.
D’autres facteurs ont été identifiés, tels que
la forte croissance démographique et l’expansion urbaine de plus
en plus importante, qui limitent l’espace disponible pour
l’infiltration des eaux de pluies.
Gaza est l’une des régions les plus densément peuplées du monde
: 1,6 million de Palestiniens y vivent, sur une surface de 365
kilomètres carrés. D’après les estimations de la CMWU, la
population devrait augmenter de 85 pour cent pour atteindre près
de trois millions d’habitants d’ici 2025.
A défaut de disposer de ressources en eau fiables, les habitants
ont creusé des puits privés – dont un grand nombre sans licence
–, qui ont contribué à la dégradation de l’aquifère, d’après la
Banque mondiale.
L’autorité palestinienne de l'Eau (PWA), qui définit les
politiques de l’eau dans les territoires occupés, a été
suspendue à Gaza, car il s’agit d’une institution de l’Autorité
palestinienne (AP) de Cisjordanie. Le gouvernement du Hamas à
Gaza a très peu de contacts avec l’AP, et aucun contact avec les
autorités israéliennes.
L’aquifère littoral de Gaza s’étend de Haïfa dans le nord au
désert du Sinaï dans le sud, et du mont Hébron dans l’est à la
Méditerranée à l’ouest (au niveau de la côte de Gaza).
Israël accusé d’intercepter l’eau
Un étang de
stabilisation à proximité d’une station de pompage à Beit
Lahiyah, à Gaza
Photo: Erica Silverman/IRIN
« Contrairement à la Cisjordanie, Gaza est ‘en
aval’ de la partie de l’aquifère située au-dessous d’Israël, ce
qui implique que les écoulements souterrains latéraux partent
d’Israël pour rejoindre l’aquifère de Gaza », a indiqué M.
Ghannam.
« Les eaux souterraines présentes sous Gaza sont limitées par
des puits d’interception [environ 27 puits] construits par
Israël sur son territoire, le long de la frontière politique
orientale de Gaza, siphonnant les réserves d’eau de l’aquifère
avant qu’elles n’arrivent jusqu’à Gaza ».
D’après l’Autorité israélienne de l’Eau, l’aquifère d’Israël n’a
aucun impact sur Gaza, et Israël n’empêche pas l’écoulement des
eaux de surface ou des eaux souterraines vers l’aquifère de
Gaza.
Blocus
D’après la Banque mondiale, depuis 2005, les réserves en eau de
Gaza sont en outre affectées par les restrictions d’accès à
l’électricité, aux carburants et aux pièces détachées.
L’équipement et les matériaux nécessaires à la construction, à
la maintenance et à l’exploitation des installations
d’assainissement et d’approvisionnement en eau sont interdits
d’entrée sur le territoire en raison du blocus imposé par Israël
depuis juin 2007, date à laquelle le Hamas a pris le pouvoir à
Gaza.
Israël affirme que pour des raisons de sécurité, l’importation
de certains matériaux ne peut pas être autorisée à Gaza.
Selon le rapport de la Banque mondiale, les
installations de traitement des eaux usées, qui assurent des
services partiels et irréguliers, nécessitent des réparations
urgentes. La plus grande partie des eaux usées est déversée,
sans avoir été traitée, dans les étangs de stabilisation ou dans
la mer, ou s’infiltre dans le sol, jusqu’à atteindre l’aquifère.
Les foyers qui ne sont pas reliés aux réseaux de traitement des
eaux usées ont recours à des fosses septiques qui ne sont pas
vidangées correctement, en raison de la crise économique et du
manque de matériaux.
« Cinquante pour cent des foyers de Gaza utilisent des fosses
septiques pour leurs eaux usées », a indiqué M. Ghannam. « Les
matériaux utilisés pour isoler les parois des fosses septiques
ne sont pas disponibles en raison de la fermeture des frontières
».
Les conditions hydrauliques et sanitaires ont continué à se
dégrader en raison des dégâts matériels importants provoqués par
l’offensive d’Israël, qui s’est achevée le 18 janvier au bout de
23 jours d’affrontements.
Environ 10 000 habitants de Gaza n’ont pas de robinets, ni à
l’intérieur ni à l’extérieur de leur maison, et 60 pour cent de
la population – soit environ un million de personnes – n’ont pas
d’accès continu à l’eau potable, d’après Maher Najjar, directeur
adjoint de la CMWU.
Gaza dispose d’un plan-cadre pour l’eau et l’assainissement,
mais, en raison du blocus israélien, moins de deux pour cent des
mesures prévues ont été mises en place. Même des projets
humanitaires de petite envergure ont dû être abandonnés par
manque de matériaux, d’après le rapport de la Banque mondiale.
Sur Gaza, lire aussi :
-
Un rapport des Nations Unies décrit les effets dévastateurs du
blocus israélien à Gaza
-
A Gaza, les mères et les nouveau-nés souffrent du blocus
israélien
-
Baignade en eaux troubles
Copyright © IRIN 2009
Les informations contenues dans ce site web vous sont parvenues
via IRIN, un département d'informations humanitaires des Nations
Unies, mais ne reflètent pas nécessairement les vues des Nations
Unies ou de ses agences. Si vous réimprimez, copiez, archivez ou
renvoyez ce bulletin, merci de tenir compte de cette réserve.
Toute citation ou extrait devrait inclure une référence aux
sources originales. Toute utilisation par des sites web
commerciaux nécessite l'autorisation écrite d'IRIN. UN Office
for the Coordination of Humanitarian Affairs 2009.
|