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IRIN
Liban:
Une lueur d’espoir pour un squat de Beyrouth, aux portes du camp
de réfugiés de Chatila
Fawzie Ali Serhan, 65 ans réside dans une des
tours des immeubles Gaza.
Elle veut vivre deux ou trois jours dans la propreté avant de
mourir.
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
BEYROUTH, 14 février
2008 (IRIN) Mirna Abou Nader s’est réveillée
juste à temps. « Nous avions remarqué que les poutres en fer
commençaient à se tordre sous l’énorme pression du toit », a
indiqué la jeune femme, âgée de 24 ans et mère de deux très
jeunes enfants. « Je dormais, puis j’ai entendu un grincement,
et une immense plaque de béton est tombée dans notre chambre.
J’ai réussi à prendre le bébé à temps ».
Bienvenue dans l’univers des immeubles Gaza : un bidonville dans
un bidonville ; cet ancien hôpital palestinien, construit en
dehors du camp de réfugiés de Chatila, au sud de Beyrouth, a été
transformé en squat pour les familles pauvres et indigentes.
Construits dans les années 1970 par l’Organisation pour la libération
de la Palestine (OLP), les immeubles Gaza étaient censés améliorer
les conditions de vie des réfugiés palestiniens. Le complexe,
composé de quatre tours disposées autour d’une cour centrale,
abritait à l’origine un hôpital géré par la Société du
Croissant-Rouge palestinien (SCRP), une garderie, des bureaux et
un hôpital militaire. L’immeuble a partiellement
été détruit par les forces armées israéliennes lors de leur
invasion du Liban en 1982. Et lorsqu’à la fin des années 1980,
la « guerre des camps » a éclaté entre les milices libanaises
et les militants palestiniens, à l’intérieur des camps voisins
de Sabra et Chatila, les immeubles Gaza, en ruine, sont devenus le
dernier refuge de ceux qui avaient perdu leurs maisons et leurs
familles durant les affrontements.
Construit dans les années 1970 par l'OLP, les
immeubles Gaza
étaient censés améliorer la vie des réfugiés palestiniens.
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
Aujourd’hui, d’après une étude du Conseil norvégien pour
les réfugiés (NRC), les quatre tours abritent plus de 900
personnes, des Palestiniens, pour la plupart, mais aussi des
Libanais, des Syriens, des Egyptiens et des Jordaniens, parmi
lesquels on compte de nombreux célibataires et personnes âgées.
Deux enfants sur trois sont déscolarisés ; un enfant sur trois
souffre de maladies chroniques, et selon un article de recherche
publié en 2003 par l’université de Glasgow, les conditions de
vie dans les immeubles Gaza « sont semblables à celles des
taudis britanniques du siècle dernier ».
Les habitants se trouvent dans un vide juridique, vivent dans des
locaux non officiels, qui ne sont pas sous la responsabilité de
l’Agence de Nations Unies pour les réfugiés de Palestine
(UNRWA), sans eau courante et parfois sans électricité ; bon
nombre d’entre eux se retrouvent dans des appartements d’une
pièce, sans fenêtre, sans évier ni cuisine.
Dans une des tours, la cage d’ascenseur est remplie de détritus
; dans une autre, la cave inondée par des eaux résiduaires
brutes, tandis que dans une autre encore, les veuves âgées défèquent
dans des seaux en plastique, faute de toilettes.
« Je suis une femme propre qui souhaite tout simplement vivre
deux ou trois jours dans la propreté avant de mourir », a dit
Fawziyé Ali Serhan, une femme de 65 ans, en montrant du doigt la
chaise dont le siège troué fait office de toilettes dans sa
minuscule chambre encombrée. « Je ne vis pas dans la brousse. Je
veux juste un réservoir d’eau et une petite cuisine équipée
d’un évier ».
Des travaux de réfection à compter du 19 février
Bientôt, grâce à une initiative du NRC, appuyée par l’Office
d’aide humanitaire de la Communauté européenne (ECHO), Fawziyé
Ali Serhan aura l’évier qu’elle demande.
Bénéficiant d’un budget de 1,4 million de dollars américains,
financé à peu près à part égale par ECHO et le ministère
norvégien des Affaires étrangères, le NRC a embauché des
entreprises de construction locales pour refaire entièrement les
installations électriques et la plomberie des quatre immeubles,
en veillant au respect des normes sanitaires et des conditions de
vie les plus élémentaires. Les murs des chambres seront plâtrés
et les toits recouverts de tuiles pour empêcher les fuites. Les
travaux devraient commencer le 19 février. Richard
Evans, responsable de l’hébergement au NRC Liban, pense que son
agence peut réussir – là où d’autres ont échoué – à améliorer
les conditions de vie dans les immeubles Gaza.
Les habitants se trouvent dans un vide
juridique, vivent sans eau courante
et parfois sans électricité ; bon nombre d’entre eux se
retrouvent dans des appartements d’une pièce,
sans fenêtre, sans évier ni cuisine.
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
« Aucune restriction d’accès ne nous a été imposée et notre
comité d’organisation est composé de représentants des
municipalités locales et du SCRP », a affirmé M. Evans. « Nous
entretenons de bonnes relations avec les comités d’habitants de
chacune des tours des immeubles Gaza et nous travaillons sur le
volet social pour assurer la pérennité du projet ».
Pour Mirna Abou Nader, toutefois, même si les entreprises de
construction parvenaient à réparer son toit et à empêcher la
chute de plaques de béton qui ont failli écraser ses jeunes
enfants, les immeubles Gaza ne seront jamais l’environnement
dans lequel elle souhaiterait élever ses enfants.
« On ne respecte personne ici », a-t-elle déploré. «
J’aimerais bien m’installer dans un bon quartier où les
voisins sont respectueux et où je pourrais mieux élever mes
enfants ». Copyright © IRIN
2008
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