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Nouvelles et analyses humanitaires
Liban-TPO:
Une crise sanitaire latente menace les
réfugiés palestiniens
IRIN
À
Beyrouth, les camps de réfugiés
palestiniens sont surpeuplés et en
mauvaise condition
Photo: Claire Williot/IRIN
JOHANNESBOURG, 10 octobre 2012 (IRIN)
De nouvelles études ont révélé un fléau
sanitaire latent qui touche plus de 400
000 Palestiniens réfugiés au Liban.
La revue médicale britannique The Lancet
a publié une
série de résumés présentés lors
d’une conférence de chercheurs en santé
publique - la Lancet-Palestine Health
Alliance - organisée à Beyrouth en mars
2012. Cette alliance a pour but de «
renforcer et d’étendre les moyens dont
disposent les scientifiques palestiniens
pour étudier, rendre compte et agir pour
la santé de leur peuple », a expliqué
Richard Horton, le rédacteur en chef de
The Lancet.
Si la majorité des recherches porte sur
les effets négatifs en termes de santé
physique et mentale de la vie dans le
territoire palestinien occupé, plusieurs
études examinent également la santé et
le bien-être des Palestiniens vivant au
Liban, pays qui accueille des réfugiés
palestiniens depuis plus de 60 ans.
Conditions
de vie précaires
Selon l’une de ces
études, menée par des chercheurs de
l’université américaine de Beyrouth, «
des lois discriminatoires et des
décennies de marginalisation » ont
laissé les Palestiniens réfugiés au
Liban socialement, politiquement et
économiquement défavorisés. Plus de la
moitié d’entre eux vivent dans des camps
en perpétuelle expansion démographique
où « le système d’accès au logement, à
l’eau, à l’électricité, au traitement
des déchets et aux autres services est
défectueux et contribue aux problèmes de
santé ».
Quarante-deux pour cent des 2 500
ménages interrogés se trouvent dans des
logements où l’eau s’infiltre par les
murs ou la toiture, et 8 pour cent
vivent dans des habitations construites
avec des matériaux dangereux comme
l’amiante.
Hoda Samra, porte-parole de l’Agence des
Nations Unies pour les réfugiés
palestiniens (UNRWA) au Liban a déclaré
que beaucoup de réfugiés vivaient dans
des abris sans aération ni fenêtre.
Alors que près de 5 000 abris sont
insalubres, l’agence a financé la
rénovation de seulement 730 d’entre eux.
Mme Samra a ajouté qu’il manquait aussi
des fonds pour améliorer les
infrastructures inadaptées dans quatre
des 12 camps.
Les populations des camps ne cessent
d’augmenter, ce qui n’est pas le cas de
l’espace qui leur est attribué ; le
surpeuplement qui en résulte a exacerbé
les problèmes de santé publique.
« Certains de camps s’agrandissent
verticalement, mais pas horizontalement
», a affirmé Mme Samra, indiquant que
beaucoup de logements ont été construits
de manière incontrôlée, trop proches les
uns des autres et sans véritables
fondations.
L’étude a mis en évidence un lien direct
entre les conditions de logement
insalubres et les problèmes de santé
chez les personnes interrogées ; 31 pour
cent souffrent de maladie chronique et
24 pour cent ont développé des maladies
aiguës au cours des six derniers mois.
Pauvreté
et maladie
Les chercheurs ont également démontré le
lien étroit entre pauvreté et problèmes
de santé. Les réfugiés palestiniens qui
vivent au Liban n’ont pas accès aux
services sociaux, aux soins médicaux
notamment, et ils n’ont pas le droit
d’exercer une cinquantaine de métiers.
L’UNRWA et l’Organisation internationale
du travail ont fait pression auprès du
gouvernement libanais pour assouplir les
restrictions relatives à l’emploi, mais
les
amendements à la législation du
travail adoptés en août 2010 et dont
l’objectif était de permettre aux
réfugiés d’obtenir des permis de
travail, attendent toujours un décret
d’application du ministère du Travail.
Selon une autre
étude de la série The Lancet,
également menée par les chercheurs de
l’université de Beyrouth, 59 pour cent
des ménages de réfugiés vivent sous le
seuil de pauvreté national ; 63 pour
cent ont signalé une certaine insécurité
alimentaire, tandis que 13 pour cent ont
souffert d’insécurité alimentaire
sévère. Seuls les plus pauvres – près de
13 pour cent – peuvent recevoir des
rations alimentaires et de petites
subventions en espèces de l’UNRWA.
Combinée à des conditions de vie
insalubres et à un sentiment de
désespoir, la mauvaise alimentation
engendre « toutes sortes de maladies »,
a déclaré Mme Samra. Mais, si les soins
de santé primaire sont gratuits dans
toutes les cliniques de l’UNRWA et que
les patients envoyés dans les hôpitaux
en contrat avec l’UNRWA sont soignés
gratuitement, les soins spécialisés ne
sont que partiellement pris en charge.
Les réfugiés nécessitant un traitement
coûteux ou devant être opérés doivent
régler au moins la moitié des factures
par leurs propres moyens.
« C’est un gros, gros problème pour eux
», a affirmé Mme Samra. « Ils sont
souvent incapables de payer le reste des
soins et doivent contracter des dettes
qu’ils ne pourront pas rembourser ou
simplement renoncer à l’opération ou au
traitement ».
Elle a évoqué le cas d’un jeune de 18
ans qui a besoin d’une greffe de foie
coûtant 95 000 dollars, une somme que ni
lui, ni l’UNRWA ne peuvent avancer. «
Nous ne pouvons pas couvrir cela. Nous
essayons actuellement de solliciter des
entreprises du secteur privé pour
rassembler les fonds nécessaires ».
Besoin de soins de
santé mentale
Le manque de services de soins de santé
mentale est l’autre difficulté majeure.
Une étude de l’UNRWA de 2009, également
publiée dans The Lancet, a révélé que
les troubles mentaux liés à des
conditions de vie difficiles chroniques,
à une instabilité politique à long
terme, à la violence et à l’insécurité
constituaient un problème de santé
publique chez les réfugiés palestiniens
vivant en Syrie, en Jordanie et au
Liban. L’une des récentes études de
l’université de Beyrouth a établi que 55
pour cent des personnes interrogées se
trouvaient en état de « détresse
psychologique ».
L’UNRWA peut simplement conseiller et
orienter les réfugiés ayant besoin d’un
soutien psychosocial vers des ONG comme
Médecins Sans Frontières. « Nous mettons
toujours en avant les projets de
services de santé mentale auprès des
bailleurs de fonds avec l’espoir qu’ils
soient subventionnés ; il y a un réel
besoin », a déclaré Mme Samra.
Comme l’a écrit le rédacteur en chef de
The Lancet, M. Horton, « prises dans
leur ensemble, ces données mettent en
évidence la crise latente qui menace les
réfugiés palestiniens dont les besoins
de santé ont été cruellement négligés ».
Copyright
© IRIN 2012. Tous droits réservés.
Publié le 10 octobre 2012 avec
l'aimable autorisation de l'IRIN
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