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Rapport
LIBAN:
Encore plus de difficultés prévues pour les réfugiés de Nahr al-Bared
Le camp de Nahr al-Bared
a été dévasté l'année dernière,
lors de 15 semaines de conflit entre l'armée et les insurgés du
Fatah
Photo: Hugh Macleod/IRIN
NAHR AL-BARED, 6 novembre 2008 (IRIN)
Tandis qu’il ramasse des morceaux de plastique
et de papier sur un tapis roulant couvert de gravas, Issam
Sayyed indique une maison blanche derrière lui, dont les murs
sont criblés d’impacts de balle et dont le toit s’est effondré.
« C’est ma maison », explique ce réfugié palestinien, père de
neuf enfants, déplacé du camp de Nahr al-Bared, dans le nord du
Liban, dévasté l’année dernière, au cours d’une guerre de 15
semaines qui a opposé l’armée aux insurgés islamistes.
Bientôt, les bulldozers qui déblaient les ruines vont démolir la
maison blanche ainsi que les autres, et les restes du domicile
de M. Sayyed lui passeront entre les mains, à mesure qu’il
triera les décombres pour un salaire de 13 dollars par jour.
De l’autre côté du camp, dans un lieu d’hébergement temporaire
connu sous le nom de la caserne, la femme de M. Sayyed pleure la
mort de leur dixième fils, encore bébé. L’enfant est décédé pour
n’avoir pas reçu les soins médicaux qu’il lui fallait, quatre
jours à peine après sa naissance, selon son père.
Parce que la communauté internationale en général, et les pays
arabes en particulier, n’ont pas répondu à l’appel humanitaire
d’urgence lancé au nom des habitants de Nahr al-Bared, la vie
des réfugiés comme M. Sayyed va devenir encore un peu plus
difficile.
L’appel d’urgence lancé par l’agence des Nations Unies pour les
réfugiés palestiniens (UNRWA) pour solliciter la somme de 42
millions de dollars afin de couvrir les besoins humanitaires
immédiats des 30 000 Palestiniens déplacés de Nahr al-Bared
reste presque sans réponse.
Seuls les Etats-Unis et la Norvège se sont manifestés ; l’UNRWA
devra donc ce mois-ci réduire de 200 à 150 dollars par mois les
aides au logement versées à 3 200 familles déplacées, et
diminuer le nombre de produits qui composent les paniers
alimentaires reçus par chaque famille.
Des refugiés
palestiniens gagnent 13 dollars par jour
pour déblayer les décombres des maisons de leurs voisins
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
En juin, l’UNRWA a annoncé qu’elle avait besoin
d’environ 445 millions de dollars pour reconstruire le camp de
réfugiés (à la fois le Nouveau Camp ainsi nommé, qui a subi de
graves dégâts, et le Vieux Camp initial, plus petit, aujourd’hui
entièrement détruit).
OPEP
Jusqu’ici, l’UNRWA dit avoir reçu à peine 70 millions de
dollars, dont 88 pour cent proviennent de dons occidentaux.
L’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole,
composée de 13 membres dont les revenus devraient atteindre
cette année la somme record de plus de 1 000 milliards de
dollars, a donné à peine cinq millions de dollars pour financer
la reconstruction de Nahr al-Bared. Six membres de l’OPEP sont
des pays du Moyen-Orient.
L’opération prévue de déblayage des décombres, d’une durée de 18
mois et d’un coût de 20 millions de dollars, n’a été qu’à moitié
financée par l’Union européenne (UE). En juillet 2007, l’Arabie
saoudite a donné 12 millions de dollars à l’UNRWA pour aider les
familles déplacées à payer leur loyer et à acheter des vivres,
mais jusqu’ici aucun gouvernement arabe ne s’est engagé à
financer la reconstruction du camp, à long terme.
« Les rêves et les accomplissements d’un peuple qui attend
depuis 60 ans une solution juste à son sort sont ensevelis sous
ces milliers de tonnes de décombres », a déclaré Filipo Grandi,
Commissaire général adjoint de l’UNRWA, au cours d’une
conférence de presse tenue à Nahr al-Bared, le 29 octobre, à
l’occasion du lancement de l’opération de déblayage.
« Les financements constituent le plus grand défi auquel nous
nous trouvons confrontés […] Je suis absolument sûr que les
bailleurs occidentaux et orientaux verseront les fonds dont nous
avons tant besoin. Il en va de la stabilité de la région et du
bien-être et de l’avenir de 30 000 personnes. C’est trop
important pour être ignoré ou oublié ».
Le sol de Nahr al-Bared
est truffé de munitions non-explosées
Photo:
Hugh Macleod/IRIN
Manifestation
Tandis qu’il s’exprimait, une poignée de Palestiniens
manifestaient bruyamment devant le lieu de la conférence de
presse, accusant la communauté internationale de les abandonner.
« Pour ceux qui croient aux droits humains, ce que fait l’UNRWA
est un crime contre l’humanité », s’est écrié Arkan Bader, un
représentant furieux du Front populaire de libération de la
Palestine (FPLP), une faction implantée à Nahr al-Bared.
« Ils ont réduit de 15 pour cent la couverture des frais
médicaux. Les pays du Golfe ont promis en juin de verser la
moitié des sommes qu’ils se sont engagés à donner [pour Nahr al-Bared],
mais jusqu’ici, ils n’ont rien payé ».
L’ampleur de la tâche qui incombe à l’UNRWA et à d’autres
organismes chargés des opérations de reconstruction et de
rétablissement à Nahr al-Bared a été mise en exergue par
l’évaluation d’un démineur, qui dirige l’opération d’enlèvement
des munitions non-explosées (UXO) qui se trouvent parmi les
ruines du camp.
Paul Leader, responsable des opérations à Nahr al-Bared pour
Handicap International, que l’UNRWA a engagé pour retirer les
UXO, estime qu’il faudra peut-être deux ou trois ans pour
terminer le travail, bien que le contrat initial se limite à un
an.
« Jamais un travail d’une telle ampleur, face à un tel degré de
contamination, n’a été réalisé », a déclaré le démineur
chevronné, fort d’une expérience en Irak et aux Balkans. « Dans
toute guerre conventionnelle, 10 à 15 pour cent des explosifs
n’explosent pas. Et beaucoup ont été lancés, ici ».
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