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Analyse
ISRAEL-TPO: D'où vient l'électricité de Gaza
Photo: Tom Spender/IRIN
GAZA, 4 décembre 2008 (IRIN)
La seule centrale électrique de Gaza produit
environ 30 pour cent de l’électricité de la bande ; 10 lignes
électriques en provenance d’Israël en fournissent environ 62
pour cent ; et deux lignes en provenance d’Egypte en produisent
environ huit pour cent.
La centrale fournit environ 65 MW, et fonctionne à mi-régime
depuis que ses transformateurs ont été bombardés par Israël en
juin 2006, selon Hamada al-Bayari, responsable de terrain au
Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires
humanitaires (OCHA), à Gaza. L’usine fournit environ 40 MW à la
ville de Gaza, 10 MW au nord de Gaza et 15 MW au centre de Gaza.
L’unique source de combustible industriel alimentant la centrale
électrique est financée par la Commission européenne, dans le
cadre d’un programme humanitaire européen du nom de PEGASE, qui
englobe différents projets de développement en partenariat avec
l’Autorité palestinienne (AP) en Cisjordanie, outrepassant ainsi
le Hamas.
Théoriquement, Israël autorise le transfert (contrôlé, sur le
terrain, par la société financière Price Waterhouse Coopers) de
2,5 millions de litres de combustible industriel vers plus de
200 points de distribution, à Gaza, chaque semaine, dans le
cadre de PEGASE.
« Il faut un minimum de 400 000 litres de combustible industriel
par jour pour permettre à la centrale électrique de produire 65
MW », selon M. al-Bayari d’OCHA, et depuis le 12 novembre,
seules deux cargaisons de combustible industriel ont été
acheminées jusqu’à la centrale (440 000 litres le 24 novembre et
437 000 litres le 26 novembre).
Dix lignes électriques installées entre Israël et Gaza et
alimentées par la Société d’électricité israélienne, fournissent
environ 120 MW. Deux lignes en provenance d’Egypte fournissent
environ 17 MW, mais uniquement à la région de Rafah, dans le
sud.
« Israël n’autorise l’acheminement de carburant à Gaza ni par
voie maritime, ni par voie aérienne, ni via la frontière
égyptienne », selon la Banque mondiale. « Seul un point d’entrée
et de sortie, le point de passage frontalier de Karni/Al-Mountar,
permet aux Gazaouis d’exporter et d’importer l’ensemble des
biens nécessaires pour soutenir une économie de près de 1,5
million de personnes ».
« Soixante-dix pour cent de l’électricité de Gaza circule même
lorsque la centrale électrique cesse de fonctionner », a indiqué
Shlomo Dror, porte-parole du ministère israélien de la Défense.
Toujours selon M. Dror, l’électricité fournie par les 10 lignes
israéliennes peut être redistribuée dans des zones normalement
alimentées par la centrale électrique de Gaza.
Le réseau électrique de la ville de Gaza est divisé en deux : la
moitié de l’électricité provient de la centrale électrique,
l’autre moitié est fournie par quatre des 10 lignes
israéliennes.
« Les lignes [de la ville de Gaza] peuvent être partagées, mais
le transfert de l’électricité est fait en local et manuellement
», a expliqué M. al-Bayari. « Des équipes, envoyées par la
Société de distribution d’électricité de Gaza, vont dans les
rues et règlent manuellement les transformateurs ».
Des conséquences démesurées
« Lorsque la centrale électrique cesse de fonctionner, cela se
répercute de manière disproportionnée sur la ville de Gaza,
étant donné que la ville reçoit alors moins de 50 pour cent de
son approvisionnement normal en électricité », selon Hussein
Al-Nabih, directeur de l’Autorité palestinienne de l’énergie et
des ressources naturelles (PENRA), un organisme placé sous la
direction de l’AP à Gaza.
Environ 45 MW sont fournis chaque jour par les quatre lignes
électriques de la ville de Gaza. Or, selon les estimations, la
demande journalière devrait grimper en flèche pour atteindre 100
à 110 MW au cours des prochaines semaines, en raison du froid et
de la pénurie de combustible, selon M. Al-Nibah.
L’électricité n’étant fournie que pendant des laps de temps
limités, lorsque le courant fonctionne, les habitants utilisent
tous leurs appareils électriques en même temps : « Lorsque la
demande est trop importante pour une ligne, elle se déconnecte
».
Les ingénieurs de la PENRA doivent alors contacter la Société
d’électricité israélienne pour la remettre en service, ce qui
prend du temps.
Des réparations tardives
« La semaine dernière, il y avait un problème sur une des lignes
qui passaient par Khan Younis du côté israélien, et il a fallu
10 jours à la société israélienne pour recevoir un permis de
réparation », selon M. Al-Nibah.
Si ce problème se produit du côté de Gaza, la ville ne dispose
pas de matériel d’entretien en réserve, et les transformateurs
qui distribuent l’électricité sont en outre plus susceptibles de
tomber en panne en cas de survoltage.
Les habitants de Gaza achètent leur combustible à usage
personnel auprès de Dor Alon, une société israélienne privée,
conformément à un accord conclu avec l’AP en Cisjordanie. Le
carburant est livré aux distributeurs locaux de Gaza, via des
canalisations souterraines, à Nahal Oz, à la frontière entre
Gaza et Israël. (Le carburant acheminé par l’UE dans le cadre de
PEGASE ne fonctionne pas selon ce système. Il ne peut être
utilisé que pour alimenter la centrale électrique, et non pour
un usage personnel)
« Cinq semaines se sont écoulées depuis la dernière livraison de
diesel ou de benzine [essence] à Gaza », a indiqué Mahmoud
Khozendar, président de l’Association des propriétaires de
stations de pétrole et de stations-service.
Les tunnels
Environ 100 000 litres de diesel sont acheminés à Gaza, en
moyenne, depuis l’Egypte chaque jour, par le biais du réseau de
tunnels utilisé pour contourner le blocus israélien, selon M.
Khozendar, mais la « société reste paralysée et la qualité [du
diesel] n’est pas bonne, ce qui signifie qu’il ne permet pas de
faire fonctionner des moteurs de petite taille ».
L’approvisionnement via ces tunnels est extrêmement erratique,
et ne suffit pas, loin s’en faut, à répondre aux besoins des
particuliers, selon M. Khozendar.
« Aujourd’hui [le 26 novembre], 70 tonnes de gaz de pétrole
liquéfié [gaz domestique] ont été livrées, mais les habitants
cherchent encore partout pour se procurer du gaz [...] Les
fermes avicoles, les boulangeries et l’industrie halieutique
périclitent. En attendant, les prix doublent pour une population
déjà pauvre ».
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