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Rapport
JORDANIE: Le prix élevé du fourrage menace les
moyens de subsistance
Le prix élevé du
fourrage, la sécheresse et les politiques publiques ont provoqué
une diminution spectaculaire du nombre de têtes de bétail en
Jordanie
Photo: Mohammad Ben Hussein/IRIN
DUBAI, 3 octobre 2008 (IRIN)
Le prix élevé du
fourrage, conjugué à la sécheresse et aux politiques publiques,
a provoqué une diminution spectaculaire du bétail jordanien,
cette dernière année, une évolution qui a eu des répercussions
sur les moyens de subsistance et le prix de la viande, selon les
experts agricoles.
« De nombreux éleveurs ont abattu leurs bêtes lorsque le
gouvernement a décidé, l’année dernière, de réduire les
subventions sur le fourrage, dont ils bénéficiaient auparavant
», a expliqué à IRIN Ahmad al-Faour, président de l’Union des
fermiers de Jordanie (JFU). « Les fermiers se sont trouvés
perplexes devant cette décision soudaine et beaucoup d’entre eux
ont choisi d’abattre leurs bêtes parce qu’ils n’avaient pas les
moyens d’acheter du fourrage aux prix élevés, pratiqués sur le
marché mondial ».
« La Jordanie est une société rurale et bédouine. Un grand
nombre de gens dépendent de l’élevage pour vivre. C’est un mode
de vie traditionnel. Il est difficile de l’abandonner pour
passer à autre chose », a-t-il indiqué, ajoutant que l’abattage
et la vente des bêtes ne profitaient pas aux éleveurs, qui
finissaient par être exploités par des intermédiaires.
En mars, le ministère de l’Agriculture a entrepris une enquête
visant à déterminer le nombre d’animaux d’élevage, en vue de
mieux organiser l’octroi des subventions sur le fourrage.
L’enquête a révélé une diminution significative du nombre
d’animaux d’élevage.
« Nous avons couvert plus de 97 pour cent des moutons et des
chèvres […] et le processus reste en cours pour les vaches et
les chameaux. Le nombre de moutons et de chèvres s’élève à 4,1
millions. Une campagne de vérification a été menée récemment,
dans le cadre de laquelle nous nous sommes rendus chez tous les
agriculteurs qui ont dénombré leurs bêtes ; l’enquête a révélé
une diminution d’au moins 700 000 animaux, dont la plupart ont
été abattus », a indiqué à IRIN Amjad Darwish, directeur du
Projet national de dénombrement des animaux d’élevage au
ministère de l’Agriculture.
« Les éleveurs ont le droit d’acheter 10 kilos de fourrage
subventionné par mois pour chacun de leurs moutons. Cette
quantité est vendue au prix subventionné de 150 dinars [211
dollars] la tonne. Tout fourrage supplémentaire est vendu à
environ 250 dinars [352 dollars] la tonne », a indiqué Abdel
Fattah al-Kilani de l’Association de protection des
consommateurs.
Selon lui, la quantité subventionnée ne couvre
qu’un tiers des besoins des agriculteurs.
Conséquences de
vagues de sécheresse successives en Jordanie
Photo: Maria Font de Matas/IRIN
Sécheresse
Plusieurs périodes de sécheresse successives ont paralysé le
secteur agricole, asséchant l’herbe des pâturages et entravant
la culture du fourrage, selon les autorités.
« La Jordanie est l’un des 10 pays les plus pauvres du monde en
termes de ressources en eau. Nous ne pouvons donc pas compter
sur de grandes quantités d’eau pour élaborer une politique
agricole », selon M. al-Faour.
« Le gouvernement a donné la priorité à l’eau de boisson. Nous
ne contestons pas l’importance de [l’eau de boisson], mais en
même temps, davantage d’intérêt devrait être porté à
l’agriculture : la nourriture est aussi importante que l’eau
pour les êtres humains », a-t-il estimé, ajoutant que « la
Jordanie devrait utiliser chaque goutte de pluie qui tombe sur
son territoire ».
En attendant, les prix de la viande pratiqués dans le pays ont
presque doublé depuis le début de l’été, selon M. al-Kilani.
Révision de la politique sur les subventions ?
« L’augmentation des prix mondiaux du fourrage, qui ont atteint
300 pour cent depuis le début de l’année, a amené le
gouvernement à réviser sa politique de subvention », a indiqué
M. al-Kilani.
En août, Muzahim Muhaisin, le ministre de l’Agriculture, a
annoncé, selon la presse locale, que le gouvernement envisageait
d’augmenter les subventions sur le fourrage.
Un groupe de députés a également demandé une augmentation de la
quantité de fourrage subventionnée de 10 à 20 kilos (par mouton
et par mois), une question qui sera abordée à l’Assemblée au
début du mois d’octobre, selon M. al-Kilani.
Pour M. al-Faour, ce secteur devrait recevoir davantage de
soutien. « Pour relancer cette ressource importante, il faut
mettre en œuvre une stratégie qui devrait se poursuivre pendant
au moins cinq ans pour pouvoir commencer à voir des résultats »,
a-t-il estimé.
Au sommet de l’alimentation mondiale, qui a eu lieu à Rome en
juin, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et
l'agriculture a classé la Jordanie parmi les sept pays les plus
vulnérables à l’augmentation du prix des vivres.
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