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Rapport
ISRAËL-TPO:
Recrudescence des violences des colons contre les Palestiniens
Jamal, réfugié
palestinien d'une quarantaine d'années, devant la colonie de
Kiryat Arba
Photo: Shabtai Gold/IRIN
HÉBRON, 2 septembre 2008 (IRIN)
Une
recrudescence des violences perpétrées par les colons contre les
Palestiniens a été observée ces dernières semaines à Hébron et
aux alentours, d’après les habitants de la région et les
observateurs internationaux.
« Ces régions sont des points chauds de la violence et pour
nous, ce sont des zones prioritaires », a déclaré Matteo Benatti,
qui dirige la délégation du Comité international de la
Croix-Rouge (CICR) dans la ville.
Il faisait allusion à H2, la zone d’Hébron placée sous autorité
israélienne, et au sud rural de la région, également placé, en
majeure partie, sous l’autorité d’Israël, conformément aux
accords signés dans les années 1990 avec les Palestiniens.
« Jour et nuit, nuit et jour, ça ne change rien, les colons nous
maltraitent tout le temps », a expliqué Jamal, un réfugié
palestinien d’environ 45 ans.
Au vu du passé violent de la ville et des troubles perpétuels
qui y règnent, cette colonie, située au beau milieu d’une zone
urbaine palestinienne, attire sans surprise les personnalités
radicales, certaines venues de France ou des Etats-Unis, qui ont
immigré en Israël et semblent attirées par les frictions.
Un grand nombre de colons sont armés et manient leurs fusils
ouvertement, en visant les Palestiniens. « Dedans, dedans »,
marmonne une mère palestinienne du quartier de Wadi Hussein, en
poussant ses petites filles à l’intérieur de son domicile.
Quelques instants plus tôt, des jeunes armés de la colonie de
Kiryat Arba avaient lancé des pierres et des cailloux sur les
enfants qui jouaient dehors, juste après la tombée de la nuit.
Du haut de la colline, point stratégique, il est plus facile
pour les colons de jeter des pierres sur les Palestiniens, en
bas, dans la vallée.
Sliman, un jeune père de 32 ans, s’est précipité devant les
enfants pour affronter les colons, son torse s’éclairant
subitement de petites lumières rouges, tandis que les viseurs
laser des fusils convergeaient sur lui. Encore quelques jets de
pierre, quelques insultes, et les colons sont repartis.
Des panneaux solaires
détruits par des jets de pierres
Photo: Shabtai Gold/IRIN
Dégâts immobiliers
Presque tous les foyers palestiniens visités par IRIN à Wadi
Hussein avaient subi des dégâts récents : des réservoirs d’eau
ont notamment été détruits et d’innombrables fenêtres ont été
brisées.
« Je n’ai plus d’eau chaude », a expliqué Sliman, un réfugié
inscrit sur les registres de l’UNRWA, l’agence des Nations Unies
pour les réfugiés palestiniens. « Ils ont jeté des pierres et
détruit à deux reprises mon chauffe-eau solaire et je n’ai pas
les moyens de le faire réparer de nouveau ».
Le fioul domestique est très cher, a-t-il indiqué, et, en raison
des restrictions de circulation imposées par Israël, il ne peut
pas se rendre à Wadi Hussein en voiture ; tout doit donc être
porté, et les bouteilles de gaz sont lourdes.
« Pour mes moutons, j’ai besoin de 400 kilos de fourrage chaque
semaine. Chaque sac pèse 50 kilos et je les amène un par un, en
les portant sur le dos », a-t-il expliqué.
De même, les Palestiniens des régions rurales disent avoir des
difficultés à se rendre sur leurs terres en raison des
violences.
Selon les habitants, Israël n’assure pas leur protection.
« Je vis sous l’autorité d’Israël », a expliqué Abou Feras, un
Palestinien qui vit le long de la route des fidèles, qui mène de
Kiryat Arba, la grande colonie située à la périphérie d’Hébron,
à la petite colonie située au cœur de la ville. « J’attends des
Israéliens qu’ils me protègent, qu’ils protègent ma terre, mes
enfants. Ils ont une responsabilité envers moi, en tant
qu’occupants », a souligné l’homme, qui a eu peur de s’exprimer
sous son vrai nom.
« Si la police [israélienne] leur tombe dessus, les colons vont
arrêter », a-t-il expliqué, se faisant l’écho de l’opinion des
défenseurs des droits humains, comme Issa Omer, de B'tselem, une
association israélienne de défense des droits humains.
Les Palestiniens
se plaignent d'être les cibles de jets de pierres
de la part des habitants de la colonie voisine de Kiryat Arba
Photo: Shabtai Gold/IRIN
Recueillir des preuves
B'tselem dirige un programme baptisé «
Shooting Back » (Riposter), dans le cadre duquel l’association a
distribué des appareils photos aux Palestiniens dans certaines
régions comme Hébron ou la périphérie de Naplouse, où la
violence est monnaie courante.
Elle espère ainsi recueillir autant de preuves que possible pour
prouver le bien-fondé des déclarations des Palestiniens, et
mieux assurer leur sécurité.
Micky Rosenfeld, porte-parole de la police, a déclaré à IRIN que
les représentants des forces de l’ordre faisaient tout leur
possible pour mettre fin à ces violences. Selon lui, les
officiers de police ont enquêté sur les déclarations des deux
camps, les colons s’étant également plaints que des individus
avaient jeté des pierres sur leurs voitures, sur les routes de
la région d’Hébron.
Malgré tout, les efforts de la police n’ont pas permis d’enrayer
l’escalade récente des violences qui ont touché les travailleurs
humanitaires, les diplomates, les enfants, les personnes âgées,
les mosquées et les cérémonies de mariage, selon les habitants
et les observateurs internationaux.
« D’abord, cinq colons sont arrivés », a raconté Fadi, qui a été
agressé alors qu’il assistait à une cérémonie de mariage, un
vendredi soir. « Puis, d’autres sont arrivés, armés de fusils.
Ils nous ont frappés ».
Si les Palestiniens ont finalement réussi à s’unir pour chasser
la bande de la cérémonie, ils en ont littéralement payé le prix.
« Dimanche, nous sommes allés voir la police pour nous plaindre.
Apparemment, les colons ont alors, eux aussi, porté plainte
contre nous, et la police nous a donné une amende de 2 000
shekels », a-t-il raconté. Cette somme équivaut à plus de 500
dollars, plus que ce que Fadi gagne en un mois.
À l’heure où les colons continuent à tenter d’occuper une partie
toujours plus vaste du territoire palestinien (dans certains
cas, par la force, dans d’autres, avec le soutien juridique des
autorités israéliennes), il est peu probable que ces problèmes
se résoudront, a estimé un habitant.
« Cet endroit est une poudrière qui ne demande qu’à exploser ;
vous verrez ».
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