|
IRIN
Il faut ouvrir les frontières
de Gaza
Abdul Aziz Arrukban aux côtés
de familles déplacées, dans la zone d’Abed Rabbo, à Jabaliya Est
(Bande de Gaza).
Les foyers de ces familles ont été détruits par les forces
israéliennes au cours d’un conflit de trois semaines,
qui s’est achevé le 18 janvier. Photo Erica Silverman/IRIN
GAZA-VILLE, 2 mars 2009 (IRIN)
Lors de sa première visite dans les Territoires
palestiniens occupés, Abdul Aziz Arrukban, envoyé spécial
humanitaire du secrétaire général des Nations Unies, a rencontré
les responsables des organisations humanitaires pour passer en
revue les meilleurs moyens d’acheminer l’aide d’urgence dans
Gaza, de même que les habitants de Gaza pour évaluer l’aide
qu’ils recevaient réellement.
« Les frontières sont toujours fermées, et les biens et les
matériaux de construction ne peuvent toujours pas être acheminés
[dans Gaza] », a expliqué M. Arrukban, Saoudien de nationalité,
qui agit sous la supervision directe de Ban Ki-Moon, secrétaire
général des Nations Unies, et de John Holmes, secrétaire général
adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires.
Depuis la fin, le 18 janvier, d’une campagne militaire menée par
les forces israéliennes pendant 23 jours dans la bande de Gaza,
M. Arrukban a négocié auprès de deux pays du Golfe l’octroi au
territoire côtier dévasté de plus de 50 millions de dollars
d’aide humanitaire, versés par l’intermédiaire des agences des
Nations Unies.
Le Qatar a accordé 40 millions de dollars, dont 30 millions ont
été directement versés aux agences onusiennes de Gaza et 10
millions, au Fonds central d’intervention d’urgence (CERF), un
fonds de réserve créé par les Nations Unies pour permettre la
prestation d’une aide humanitaire aux populations touchées par
les catastrophes naturelles et les conflits armés. Gaza a reçu
du CERF huit millions de dollars d’aide immédiatement après la
fin du conflit.
L’Arabie saoudite a également versé 10,5 millions de dollars ;
sur cette somme, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés
palestiniens (UNRWA) a reçu six millions de dollars pour
financer l’aide alimentaire d’urgence, et 500 000 dollars pour
l’achat de carburant. Quatre millions de dollars ont également
été alloués au Programme alimentaire mondial (PAM).
M. Arrukban, qui fait la liaison entre les agences humanitaires
des Nations Unies, les bailleurs, les gouvernements et le
secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, s’est rendu
à Gaza pour constater de lui-même l’étendue des dégâts dans
l’enclave, et s’assurer que les habitants les plus vulnérables
de la bande recevaient bel et bien du matériel de secours.
Conséquences d’une
frappe de missiles à Rafah :
les populations ont désespérément besoin d’aide.
Photo: Iyad El Baba/UNICEF-oPt
Fermeture régulière des frontières
La question la plus urgente, lui ont expliqué les responsables
humanitaires, concerne la fermeture régulière, par Israël, des
points de passage frontaliers qui permettent de se rendre dans
Gaza.
« L’aide ne peut être acheminée que si les points de passage
sont ouverts », a indiqué Christina Blunt, directrice du Bureau
des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires
(OCHA) à Gaza, au cours d’une séance d’information organisée
pour M. Arrukban par les directeurs des agences onusiennes de
l’enclave.
Ces dernières semaines, environ 120 camions ont été autorisés à
entrer dans Gaza chaque jour par les autorités israéliennes,
selon les estimations d’OCHA ; environ la moitié d’entre eux
étaient des véhicules du secteur privé. En mai 2007, avant la
victoire électorale du Hamas à Gaza et l’embargo qui s’est
ensuivi, environ 475 camions y entraient chaque jour.
L’envoyé des Nations Unies a rencontré les responsables du
Croissant-Rouge égyptien pour tenter de mettre en place un
système permettant de faciliter l’importation d’environ 9 000
tonnes de « dons bilatéraux non-sollicités » en faveur des
populations de Gaza, selon les termes employés dans un rapport
publié récemment par le groupement logistique. Israël n’a pas
autorisé l’entrée de cette aide – dont une bonne partie n’a fait
l’objet d’aucune déclaration écrite et n’est pas destinée à des
organismes désignés - sur son territoire ; elle est conservée à
al-Arish, en Egypte.
Le gouvernement égyptien a chargé le Croissant-Rouge égyptien de
conserver ces donations, qui proviennent d’un certain nombre de
pays du Moyen-Orient, notamment d’Egypte, d’Arabie Saoudite, du
Qatar, du Koweït, de Jordanie, du Yémen et de Libye.
Si une partie de l’aide a pu être acheminée dans Gaza, 1 700
palettes de produits humanitaires restent bloquées en Israël,
selon le rapport du groupement logistique.
Abdul Aziz Arrukban
visite les sections bombardées et couvertes de décombres du
service des urgences
et des locaux administratifs de l’hôpital Al-Quds de Gaza-ville,
dirigé par la Société du Croissant-Rouge palestinien.
Photo
Erica Silverman/IRIN
Le désespoir des populations
Certains des 1,5 million d’habitants de la
Bande, territoire de 365 kilomètres carrés et douzième zone la
plus densément peuplée de la planète, ont désespérément besoin
d’aide. Sous une pluie torrentielle, M. Arrukban s’est rendu
auprès d’habitants déplacés dans la région d’Abed Rabbo, à
Jabaliya.
« J’ai peur de reconstruire une nouvelle fois ma maison », a
confié Henan Salah, une mère de 40 ans. Ses six enfants et
elle-même vivent aujourd’hui dans la seule pièce qui reste de
leur domicile depuis qu’un missile israélien s’y est abattu. Mme
Salah a expliqué qu’il y a huit mois à peine, elle avait
reconstruit sa maison, détruite à la suite d’une incursion des
forces israéliennes. N’ayant pas les moyens d’acheter du gaz
domestique, elle a dû démolir ce qui lui restait de meubles pour
faire du feu.
Dans certaines régions, les communautés des zones densément
peuplées où les chars israéliens ont infligé de lourds dommages
vivent désormais dans des tentes.
« Le froid nous tue », a déclaré Khalil al-Gharabli en montrant
du doigt sa femme et ses six enfants, assis sur une charrette à
âne, près des ruines de leur maison. M. Al-Gharabli, aujourd’hui
sans emploi, travaillait auparavant comme ouvrier agricole en
Israël.
Les préoccupations des bailleurs
M. Arrukban a expliqué qu’il devait apaiser les craintes des
bailleurs, inquiets à l’idée que leurs fonds puissent être
gaspillés si les terres agricoles et les logements reconstruits
sont systématiquement détruits au cours des invasions
israéliennes.
Tout aussi important, peut-être, M. Arrukban a dit espérer qu’il
parviendrait à accroître la confiance des pays du Conseil de
coopération du Golfe (CCG) dans le fonctionnement du système
humanitaire multilatéral.
Selon les estimations des responsables des Nations Unies, pas
moins de 90 pour cent des donations saoudiennes en faveur de
Gaza sont bilatérales – au gouvernement, aux organisations
non-gouvernementales et aux associations caritatives. Les
bailleurs sont encouragés à verser des fonds et, s’ils
choisissent malgré tout de donner des biens, à veiller à les
destiner à une organisation bénéficiaire de Gaza, pour s’assurer
qu’ils pourront être acheminés dans la bande.
M. Arrukban se rendra ensuite à Doha et Riyad pour solliciter la
contribution des bailleurs, afin de faciliter la reconstruction
et le redressement économique de Gaza.
Copyright © IRIN
2009.
Les informations contenues dans ce site web vous sont parvenues
via IRIN, un département d'informations humanitaires des Nations
Unies, mais ne reflètent pas nécessairement les vues des Nations
Unies ou de ses agences. Si vous réimprimez, copiez, archivez ou
renvoyez ce bulletin, merci de tenir compte de cette réserve.
Toute citation ou extrait devrait inclure une référence aux
sources originales. Toute utilisation par des sites web
commerciaux nécessite l'autorisation écrite d'IRIN. UN Office
for the Coordination of Humanitarian Affairs 2008.
|