Nouvelles et analyses humanitaires
TPO: L’UE fait pression pour faire
évoluer l’aide humanitaire dans la zone
C
IRIN
Panneaux
solaires installés dans le zone C -
Photo: Tamar Dressler/IRIN
JÉRUSALEM, 1 août 2012 (IRIN)
TPO :
L’UE fait pression pour faire évoluer
l’aide humanitaire dans la zone C
En Cisjordanie, comme les ordres de
démolition continuent de menacer le
travail des organisations humanitaires
situées dans la
zone C, sous contrôle israélien,
l’Union européenne (UE) et les
organisations humanitaires font pression
pour modifier les règles du jeu
humanitaire.
« Nous savons tous que si nous bougeons
une pierre dans la zone C, nous devons
affronter la force d’occupation », a
déclaré à IRIN un travailleur
humanitaire occidental dans la ville de
Cisjordanie, Ramallah. « Mais
maintenant, il y a une réorientation
politique majeure au sein des États
membres de l’UE ».
Les territoires de Cisjordanie sont
divisés en zones A, B et C. La zone A
est sous le contrôle de l’Autorité
palestinienne (AP), et la zone B est
sous le contrôle conjoint d’Israël et de
l’AP. Près de 95 pour cent de
Palestiniens vivent dans ces deux zones,
bien qu’elles ne représentent que 40
pour cent du territoire. Dans la zone C,
Israël conserve l’autorité militaire et
le contrôle total des permis de
construire.
Concernant les projets financés par l’UE
dans la zone C, au lieu de les faire
dépendre de l’administration civile
israélienne et de ses conditions pour
obtenir un permis, l’UE développe
maintenant une nouvelle approche.
« Ils font pression sur Israël pour
arriver à changer réellement les règles
du jeux dans la zone C. Il faut qu’elles
changent », a déclaré Tsafrir Cohen,
coordinateur pour le Moyen-Orient de
l’organisation allemande Medico
International.
La première étape de cette nouvelle
approche concerne le développement de
directives juridiques et techniques
(plans directeurs) pour chaque
communauté locale dans le besoin, sous
la direction des gouvernements
palestiniens locaux. Les plans
directeurs sont ensuite présentés à
l’Administration civile israélienne qui
ouvre un dossier pour chaque localité
concernée, et doit s’assurer du respect
des conditions juridiques et techniques.
« Dés que nous recevons le feu vert pour
la partie technique, les bailleurs de
fonds de l’UE comptent un délai de six
mois. Passé ce délai, s’il n’y a
toujours pas de permis délivré, le
projet est appliqué sans permis », a dit
le travailleur humanitaire.
Jusqu’à maintenant, 24 plans directeurs
ont été présentés au total ; quatre ont
été techniquement approuvés par le
gouvernement israélien en janvier 2011,
mais aucun permis n’a encore été
délivré. « Évidemment, six mois sont
passés depuis. Mais certains États
membres se sont montrés frileux, et ont
voulu consulter Bruxelles avant »,
a-t-il déclaré.
En attendant, certains États membres de
l’UE - comme l’Allemagne, le
Royaume-Uni, la Belgique, le Danemark,
la France, la Suède ainsi que la
Commission européenne ont formé un
groupe d’intérêt pour militer en faveur
d’une évolution, a-t-il ajouté.
« La démolition peut arriver à
tout moment »
Selon un
rapport du Bureau de la coordination
des affaires humanitaires des Nations
Unies (OCHA), chaque année, des
centaines de Palestiniens de la zone C
voient leurs maisons démolies par les
autorités israéliennes, car ils ne
peuvent pas obtenir de permis pour leurs
constructions. Pour l’année 2011
uniquement, environ 1 100 Palestiniens
ont été déplacés suite à la démolition
de leur maison par les forces
israéliennes, soit plus de 80 pour cent
de plus par rapport à 2010.
« Les autorités israéliennes affirment
que les structures sont démolies faute
de permis de construire. Cependant, en
réalité, il est presque impossible pour
les Palestiniens d’obtenir de telles
autorisations ; ils n’ont pas le choix
et construisent sans permis pour
répondre à leurs besoins élémentaires de
logement » a déclaré à IRIN Ramesh
Rajasingham, responsable de l’OCHA dans
les Territoires palestiniens occupés
(TPO).
L’OCHA affirme qu’en 2011, un total de
620 structures a été détruit en
Cisjordanie, dont 62 projets
d’initiative européenne.
Medico International a été confronté à
des ordres de démolition pour des
installations d’énergie solaire et
éolienne (autonomes pour la plupart)
construites en collaboration avec
l’organisation israélienne Communauté,
Énergie et Technologie au Moyen-Orient
(COMET-ME) dans les collines du sud
d’Hébron, qui est devenu un point chaud
des démolitions et des déplacements
forcés au cours de ces dernières années.
Les
autorités israéliennes affirment
que les structures sont démolies
faute de permis de construire.
Cependant, en réalité, il est
presque impossible pour les
Palestiniens d’obtenir de telles
autorisations ; ils n’ont pas le
choix et construisent sans
permis pour répondre à leurs
besoins élémentaires de logement
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Tsafrir Cohen a déclaré que, jusqu’à
présent, son organisation avait été
capable d’empêcher la démolition de ses
installations énergétiques grâce à une
campagne de communication publique
efficace et diplomate, en particulier en
Allemagne. « Mais les ordres existent et
la démolition peut avoir lieu à tout
moment ».
Quelque 1 500 Palestiniens du sud
d’Hébron dépendent d’un
approvisionnement en énergie alternative
similaire, car les autorités
israéliennes les empêchent de se
connecter au réseau électrique, a-t-il
dit, ajoutant : « Des milliers de
personnes n’ont toujours pas
d’électricité dans les collines
d’Hébron, de même que des milliers
d’autres dans la vallée du Jourdain.
Mais nous ne pouvons tout simplement pas
les aider convenablement à cause de ce
problème de permis ».
Les organisations humanitaires qui
opèrent dans la zone C sont actuellement
dans une situation dangereuse, a dit M.
Cohen. « Si nous nous contentons de
construire des infrastructures là où
Israël nous l’autorise, nous courons le
risque d’être expulsés de la zone C avec
les Palestiniens », a-t-il déclaré.
Medico International
qualifie ce procédé de « politique
de dé-développement ciblé, visant à
forcer la population palestinienne à
quitter la zone C pour les enclaves
urbaines densément peuplées. « À la fin,
nous travaillerons dans un bantoustan »,
a ajouté M. Cohen.
Contourner les permis ?
Certains bailleurs de fonds avaient
espéré que les permis seraient
disponibles pour les installations
fonctionnant à l’énergie solaire et
éolienne dans la zone C, mais leurs
espoirs ont été déçus : « Nous
n’obtenons aucun permis, donc nous
construisons tout simplement sans », a
déclaré à IRIN Elad Orian, co-fondateur
de COMET-ME. Au moins huit des systèmes
d’énergie autonomes installés par
l’organisation ces dernières années sont
menacés de démolition, a-t-il ajouté.
Les efforts de l’UE pour modifier les
règles du jeu sont encourageants pour
les organisations qui mettent en œuvre
des projets dans la zone C, mais M.
Orian a déclaré qu’il était presque
impossible d’obtenir des fonds
internationaux pour les projets de
COMET-ME sans un permis de construire
des autorités israéliennes.
Le changement politique dirigé par l’UE
reflète une vision davantage centrée sur
le droit international humanitaire (DIH)
que sur les règles administratives
israéliennes, a affirmé M. Cohen,
ajoutant : « Israël place la loi
administrative au-dessus du DIH.
Personne ne fait assez pour les arrêter
».
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Publié le 1er août 2012 avec l'aimable
autorisation de l'IRIN
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