Analyse
Quand Paris
s'enfonce dans le noir
alors que Londres s'ouvre aux lumières
Iyad-La-Joie
L'horloge éléphant
Mercredi 3 janvier 2010
En 2008 fut
publié en France « Aristote
au mont Saint-Michel : Les racines grecques de l'Europe
chrétienne »,
un livre qui voulait
démontrer que le monde musulman n’avait joué qu’un rôle mineur
dans la transmission du savoir grec. C’était une autre manière
de dire que durant une période de mil ans, le moyen âge, il ne
se passait presque rien sur la planète terre, que ce fut l’âge
des ténèbres, et que l’islam ne fut pas à l’origine d’une
civilisation extraordinaire qui se développa pendant cette même
période et qui assura la continuité de la civilisation humaine.
Dès lors, l’on peut sans crainte affirmer que
les peuples de l’islam sont des peuples « inférieurs » que
l’Europe a le devoir de « civiliser », comme l’avait jadis
revendiqué Jules Ferry. Heureusement des spécialistes reconnus
n’ont pas tardé à réfuter la thèse défendue par ce livre en
montrant sa légèreté, avec notamment la publication du livre « Les
Grecs, les Arabes et nous. Enquête sur l’islamophobie savante ».
Mais nos hommes politiques et leurs
conseillers n’entendaient pas en rester là. Il fallait trouver
un autre sujet pour revenir à la charge contre ces musulmans
« moyenâgeux », un sujet qui permet de mobiliser la foule et
resserrer les rangs derrière le chef ! Ordre fut alors donné de
braquer toutes les caméras sur les quelques « cinq à six
millions » de burqas en France qui risquent de noircir son
paysage. Les musulmans, sauf ceux du genre « Yes We Can »
prêts à tout céder, ne sont rien que des barbares à civiliser.
On a enfin trouvé l’axe du mal contre lequel il fallait
canaliser toutes les énergies du peuple français !
Est-ce que
c’est cela ce qu’on pourrait appeler une politique nationale
clairvoyante, une politique destinée à ce que tout citoyen se
sente bien chez lui en France, l’aime et donne le meilleur de
lui-même pour son épanouissement ??? Voilà la question !
Pendant ce
temps, alors que Paris s’entête à courir derrière la burqa pour
ne plus rien voir d’autre, Londres, malgré tout ce qu’on peut
trouver à dire sur le gouvernement britannique, s’ouvres aux
lumières de l’islam et de sa civilisation.
Le Musée de la
Sciences à Londres
organise de 21 janvier au 25 avril 2010 une exposition gratuite
intitulée « Les
1001 inventions : Découvrir l’héritage musulman dans notre monde ».
L’exposition,
comme la
présente ses
organisateurs, trace l’histoire oubliée de mil ans de sciences
dans le monde musulman depuis le septième siècle de notre ère.
Une période pendant laquelle la civilisation islamique
s’étendait de l’Espagne jusqu’en Chine, où des savants des
confessions différentes et des origines diverses développèrent
des sciences et des technologies en construisant sur les anciens
savoirs des Egyptiens, des Indiens, des Chinois, des Grecs et
des Romains, et en pavant la route pour la Renaissance en
Europe. L’exposition montre l’étendue des inventions modernes et
des domaines dans les Sciences, l’Ingénierie, la Médecine et
l’Architecture qui trouvent leurs racines dans la civilisation
islamique.
Le Professeur Chris Rapley, directeur du
Musée de la Science déclare : « La période de mil ans
commençant à partir du 7ème siècle fut un temps de
développement scientifique et technologique extraordinaire en
Chine, Inde, Perse, Afrique et Monde arabe. Ce fut la période
qui nous a donné d’énormes progrès dans l’Ingénierie, le
développement de la Robotique, les fondations des Mathématiques
modernes, la Chimie et la Physique ».
Le Professeur
Salim TS al-Hassani l’un des organisateur de l’exposition
déclare à l’AFP : « Si
vous négligez les contributions des autres cultures [à la
civilisation contemporaine], cela vous donnera un sentiment de
supériorité culturelle, ce qui est dangereux ».
Et il ajoute : « Comme nous allons dans un
nouveau monde globalisé, nous avons besoin de respecter et de
reconnaître les contributions de tous les autres peuples et de
toutes les cultures dans ce que nous avons aujourd’hui. Cette
exposition en apporte la démonstration ».
Un autre
signe qui ne trompe pas. En page d’accueil du site consacré à
l’exposition on peut
visionner un petit film
de 13 minutes intitulé « Les 1001 inventions et la librairie
des secrets », avec en premier rôle Ben Kingsley (lauréat
d’un Oscar du meilleur acteur pour son interprétation du rôle du
Mahatma Gandhi dans le film « GANDHI »), ce qui montre
qu’on n’a pas lésiné sur les moyens.
Le film
décrit une visite du Musée par un groupe de 9 collégiens
accompagnés de leur professeur et les découvertes merveilleuses
qu’ils vont faire sur ce qui est sensé être la période des
ténèbres. Parmi les élèves on distingue nettement une jeune
fille musulmane portant un foulard et un jeune garçon hindou
portant un turban. Sacrilège ! Cela ne semble pourtant pas poser
le moindre problème ni pour les élèves ni pour leur professeur.
Faut-il envoyer à Londres un représentant de nos hommes
politiques pour expliquer aux Britanniques ?
Pour finir en
vous mettant l’eau à la bouche, l’un des objets remarquables
exposés est une réplique de six mètres de hauteur de « l’Horloge
Eléphant » qui date du début du 13ème siècle et qui
fut mis au point par
al-Jasari,
un savant, scientifique et ingénieur arabe qui vivait entre la
Syrie et l’Irak. C’est une horloge « multiculturelle »
comprenant un éléphant indien, des dragons chinois, un mécanisme
hydraulique grec, un phœnix égyptien et des robots en bois dans
des atours arabe.
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