Mercredi 22 septembre 2010
On ne se lassera jamais de le
dire. Les Etats occidentaux usent souvent de la politique de
deux poids, deux mesures, lorsqu’il s’agit d’Israël. Ce qui leur
fait perdre de leur crédibilité dans le monde arabe, pour ne pas
dire plus.
La conférence générale annuelle
de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA), qui
s’est ouverte lundi 20 septembre à Vienne, en a donné la plus
récente preuve. Lors de la tenue, la semaine dernière, de la
réunion des gouverneurs de l’agence pour préparer la conférence
générale, les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, ont exercé
un maximum de pression sur les Etats arabes pour qu’ils
renoncent à une résolution visant à forcer Israël à signer le
Traité de Non-Prolifération des armes nucléaires (TNP). Prétexte
: l’adoption d’une telle résolution nuirait aux négociations de
paix palestino-israéliennes et compromettrait les chances de
l’organisation d’une conférence en 2012 pour faire du
Moyen-Orient une région exempte des armes nucléaires.
Le sujet tient à cœur à
Washington, comme l’a indiqué la présence à Vienne du principal
conseiller du président américain Barack Obama sur la question
du nucléaire, Gary Samore. Selon le porte-parole du Département
d’Etat, Philip Crowley, l’AIEA « n’est pas la bonne place pour
discuter de l’adhésion d’Israël au TNP » !! On se demanderait où
l’on peut mieux discuter de l’application du Traité de
non-prolifération nucléaire ailleurs qu’à l’Agence de l’Onu
chargée de l’énergie atomique. Le responsable américain a
également assuré que l’Etat hébreu a « pleinement coopéré avec
l’AIEA (sic) » ! De quelle coopération parle-t-il ? Israël garde
toujours le flou sur ses capacités atomiques, refuse d’adhérer
au TNP et d’ouvrir ses installations à l’inspection de l’AIEA,
contrairement à tous les autres pays de la région.
Au moment même où les Etats-Unis
et l’Union européenne défendent la position d’Israël, ils
exercent leurs pressions sur des pays comme l’Iran ou la Syrie
et pressent l’AIEA à prendre des mesures robustes à leur
encontre. Américains et Européens ont ainsi réclamé que la Syrie
autorise l’accès de l’AIEA au site secret de Daïr Al-Zour,
détruit en 2007 par l’aviation israélienne. L’ambassadeur des
Etats-Unis auprès de l’AIEA, Glyn Davies, a menacé que
Washington soutiendrait l’usage par l’agence de « tous les
moyens » à sa disposition pour enquêter sur cette ancienne
installation. Il faisait allusion au mécanisme dit d’«
inspection spéciale » qui donnerait à l’AIEA la possibilité
d’examiner tout ce qu’elle juge nécessaire en Syrie sans
avertissement préalable. Cette démarche serait le prélude à une
éventuelle intervention du Conseil de sécurité de l’Onu : le
refus de Damas de l’« inspection spéciale » autoriserait l’AIEA
à porter l’affaire devant le Conseil de sécurité, qui pourra lui
imposer des sanctions.
Les Etats occidentaux
s’acharnent sur des pays — l’Iran et la Syrie — qu’ils
soupçonnent de développer des programmes nucléaires secrets à
des fins militaires. Mais ils ferment ostensiblement les yeux
sur la seule puissance atomique reconnue au Moyen-Orient, qui
détient pas moins de 100 ogives nucléaires et les moyens de leur
lancement sur ses voisins.