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Ha'aretz
Paix
et colonies sauvages ne vont pas ensemble
Edito de la rédaction

La colonie Modlin Ilit, près du village résistant
de Bil’in
Photo CCIPPP
Olmert
négocie avec les Palestiniens, mais en même temps, Barak négocie
avec les colons pour légaliser un certain nombre de colonies
sauvages. De quoi, pour le moins, se poser des questions sur la
volonté de paix de ce gouvernement.
Ha¹aretz, 27 août 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/897574.html
A part leur date de publication, difficile de trouver une
quelconque différence entre les informations de ce week-end sur
un accord à venir sur les colonies sauvages entre le ministre de
la défense Ehoud Barak et les
représentants des colons, et celles qui concernaient un même
accord entre Barak et le conseil représentatif des colons (Yesha)
en 1999, alors qu¹il était premier ministre et ministre de la défense.
Une fois encore, des
pourparlers seraient en cours sur le nombre de colonies sauvages
que les colons évacueraient volontairement, en échange d¹un «
blanchiment » par l¹Etat d¹autres de ces colonies sauvages. A
en juger par l¹épisode
précédent, les colonies sauvages destinées à être blanchies
vont être effectivement légalisées, les colons vont évacuer
quelques cabanes et la plupart des colonies sauvages resteront en
place. Le cabinet de Barak ne se
gêne pas pour dire que le ministre « étudie la question et n¹a
pas encore déterminé sa position. »
Le motif de ces pourparlers n¹est pas un engagement du
gouvernement à faire respecter la loi en Cisjordanie, tout en épargnant
à l¹armée l¹effort de mobiliser des troupes pour protéger les
voleurs de terres et à l¹Etat des sommes considérables. Il n¹est
pas davantage lié à la promesse qu¹avait faite le gouvernement
précédent, dans le cadre de la Feuille de route, d¹évacuer
toutes les colonies créées avant mars 2001. Aucun rapport non
plus avec le rapport de la procureure Talia Sasson (1) d¹il y a
deux ans et demi. Comme dans le cas de l¹évacuation de neuf
maisons de la colonie sauvage d¹Amona début 2006, ici aussi,
sans la crainte d¹une saisie par Shalom Arshav de la Haute cour,
les autorités ne se seraient sans doute pas réveillées de leur
long sommeil.
Selon le journal Makor Rishon, la motivation première de l¹accord
en train de se faire est le besoin du ministre de la défense de réagir
à la requête de Shalom Arshav, qui exige que l¹Etat évacue
Migron, la colonie sauvage la plus importante de Cisjordanie. Le
conseil Yesha a été assez bon « d¹accepter » de déplacer
cette colonie, après qu¹il s¹est révélé qu¹il n¹y avait
aucun moyen juridique de régulariser le statut de Migron, bâtie
presque entièrement sur des terres palestiniennes privées. Sauf
que, dans les pays où règne l¹Etat de droit, on n¹attend pas
que des organisations non gouvernementales et le système
judiciaire forcent les autorités à faire respecter la loi et à
se conformer aux accords internationaux.
Sans parler de l¹aspect juridique, l¹expansion des colonies, et
en particulier des colonies sauvages, contredit le discours de
paix du premier ministre. Quelle importance accorder à des négociations
avec les Palestiniens sur un accord de principes qui parle de fin
de l¹occupation si, en même temps, le gouvernement négocie avec
les colons pour légaliser des colonies au cœur même de la
Cisjordanie ?
Barak, qui se trouve être aussi le leader du Part travailliste, a
déclaré partout qu¹il avait retenu les leçons de ses erreurs
commises pendant son mandat précédent de premier ministre et de
ministre de la défense. Mais son attitude bienveillante à l¹égard
des délinquants israéliens dans les territoires montre qu¹il
est déterminé à répéter cette grave erreur.
Toutefois, si les colonies sauvages ne sont pas évacuées, la
responsabilité reposera principalement sur les épaules d¹Ehoud
Olmert et de tout le gouvernement. Chaque jour qui passe où les
colonies sauvages restent en place est un jour supplémentaire où
le gouvernement abuse du mandat qui lui a été confié.
(1) Voir entre autres articles sur ce rapport : « avant-postes
illégaux : le poisson pourrit d abord par la tête »
http://www.lapaixmaintenant.org/article1006
(2) Nous avons choisi depuis longtemps de traduire le terme codé
hébreu de « ma¹akhazim » par « colonies sauvages » plutôt que par «
avant-postes » (ndt)
Trad. : Gérard
pour

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