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Ha'aretz
Coup d'Etat militaire rampant en
Cisjordanie?
Éditorial de la rédaction
[Il
semble que Tshal n'ait pas tout à fait les mêmes priorités que
le gouvernement. En Cisjordanie notamment]
Ha'aretz, 21 mai 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/861882.html
Israël s'en tient-il encore au principe selon lequel son
gouvernement élu définit la politique que ses administrations
mettent en oeuvre? Si l'on en croit un article que nous publiions
hier, il semble que, pour ce qui concerne l'armée, la réponse
soit non. Alors que des ministres parlent d'une solution à deux
Etats, une sorte de coup d'Etat militaire est en train de se
produire en Cisjordanie, que Tsahal est en train de transformer en
Pays des Colons. La population palestinienne étouffe, mais les
colonies fleurissent.
Il est de peu d'importance que le poste de ministre de la défense
soit occupé par un civil [Amir Peretz], car l'armée à son
propre ordre du jour, et sa subordination au gouvernement est
souvent feinte. Depuis des années Israël s'enorgueillit du
miracle démocratique que constitue une armée obéissante qui n'a
pas accumulé trop de pouvoir et qui sert loyalement le
gouvernement, même si tout le pays est engagé dans une guerre
continue pour son existence. Mais, au cours de la dernière
guerre, cette croyance s'est fissurée, quand il s'est révélé
que le gouvernement avait été entraîné à appliquer des plans
militaires qui ne lui avaient jamais été soumis auparavant. Et
des choses pires encore ont lieu quotidiennement dans les
territoires occupés. Haggaï Alon, conseiller du ministre de la défense
et responsable du tissu social en Cisjordanie, dit que l'armée ne
tient aucun compte des priorités diplomatiques du gouvernement et
sert essentiellement d'armée des colons. Du moins pendant la période
où Dan Haloutz a été chef d'état-major.
L'un des exemples les plus choquants de cette crise de la démocratie
est le mépris de l'armée à l'égard des décisions de la Haute
cour de Justice concernant le tracé de la clôture de séparation.
Après des années
d'audiences sur chaque mètre de cette clôture, avec pour
objectif de trouver un équilibre entre les besoins d'Israël en
matière de sécurité et ceux des Palestiniens pour leur vie
quotidienne, il se révèle que le long de la route 317, qui relie
plusieurs colonies de la région du sud du Mont Hebron, l'armée
n'a tenu aucun compte de ces décisions et construit une mini-clôture
en plus de celle approuvée officiellement. Mini-clôture située,
elle, le long du tracé d'origine refusé par la Haute cour.
De surcroît, une section de la clôture près de l'autoroute
"trans-samarienne", censée être construite près de la
ligne Verte, n'a jamais été terminée à cause des objections émises
par les colons. De même, l'armée a stoppé tout contrôle de sécurité
sur les voitures à plaques d'immatriculation bleues [israéliennes]
après les protestations des colons qui ne souhaitaient pas se
voir bloqués aux check points, et cela même si, récemment, une
voiture chargée d'explosifs portant une plaque d'immatriculation
israélienne a pénétré en Israël. Tsahal n'informe pas le
gouvernement du nombre de check points mis en place en
Cisjordanie. Ainsi,
le gouvernement peut affirmer qu'il soulage la vie quotidienne des
Palestiniens, alors que l'armée n'en fait rien. De même encore,
grâce à l'aide d'officiers, des colons ont pu s'installer dans
une maison controversée à Hebron, le centre-ville de Hebron a été
fermé aux Palestiniens, et 3.000 manifestants ont pu se rendre
sur le site de la colonie évacuée de Homesh, contre la décision
du gouvernement. En différents endroits, les colonies s'étendent,
soit parce que l'armée ferme les yeux, soit avec son aide active.
A la lumière de tout cela, ce que dit Amir Peretz sur le démantèlement
prochain des colonies sauvages de Cisjordanie, ou les promesses d'Ehoud
Olmert et de Tzipi Livni de parvenir à un accord de partage de la
terre entre Israël et la Palestine, sonnent plus creux que
jamais. Et il est bien évident que la question de savoir quel
parti est au pouvoir n'a aucune importance, tant que l'armée
servira les colons plutôt que l'Etat.
Trad. : Gérard pour
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