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Ha'aretz
Des
habitants de Sdérot et de Gaza dialoguent sur un blog Un
peu de douceur dans un monde de brutes. NdT Ha¹aretz,
19 février 2008
http://www.haaretz.com/hasen/spages/955943.html
Ils se rencontraient à Sderot. Il y a des siècles. Un groupe de
Palestiniens de Gaza et d¹Israéliens, la plupart de Sderot. Une
sirène pouvait hurler à n¹importe quel moment, mais ils
persistaient à essayer d¹imaginer comment ramener un peu de bon
sens dans la région. Ils ont pensé à des colonies de vacances d¹été
pour les enfants de Gaza et de Sderot. Surtout, à créer un
dialogue sans idées préconçues. La dernière fois qu¹ils se
sont rencontrés à Sderot de visu, c¹était il y a six mois.
"Nous avons renoncé à persuader les autorités de les
laisser sortir de Gaza", dit Danny Gal, l¹un des
organisateurs de ce dialogue. "Ces gens ne constituent pas
une menace pour la sécurité, au contraire, ils sont positifs et
peuvent aider à rétablir une accalmie, mais le bouclage de Gaza
est total. Donc, nous avons décidé de nous rencontrer sur le
Net, pour que le monde entende une autre voix de Gaza et de
Sderot."
Résultat : un blog commun en anglais (1) lancé en janvier, qui
repose sur deux personnes en particulier : « Peace Man » de Gaza
et « Hope Man » de Sderot. Ni l¹un ni l¹autre ne veulent révéler
leur identité ou accorder des interviews, et Danny Gal parle en
leur nom.
"Révéler leur identité, ce serait vraiment mettre la vie
du gars de Gaza en danger. A cause de ce blog, il serait soupçonné
de collaboration. Quant à celui de Sderot, c¹est lui qui l¹a décidé.
Il pense qu¹en s¹exposant aux
médias, comme cela, si tôt, il deviendrait un stéréotype dans
sa ville. Il veut d¹abord voir si une dynamique peut s¹enclencher."
Le 6 février, le Palestinien écrit : "La semaine dernière
a été la pire de toutes. Depuis deux jours, la situation empire
encore à Gaza, comme à Sderot. Ca a commencé par des tirs entre
des Egyptiens et des Palestiniens
qui voulaient laisser la frontière ouverte, et maintenant, c¹est
un hélicoptère israélien et des F-16, et on dit aux infos qu¹Israël
va attaquer Gaza. Beaucoup de Palestiniens ont été tués et
blessés."
Dans d¹autres messages, il décrit de fréquentes visites à
Rafah [du côté égyptien, ndt] après la brèche dans la clôture
le long de la frontière égyptienne. Le 28 janvier, il écrit :
"C¹est la troisième fois que je vais en Egypte avec des
amis. Même si cela a été difficile, c¹était bien. Cela
faisait si longtemps que nous ne pouvions sortir de Gaza, alors,
on a eu l¹occasion de sentir qu¹on était libres d¹aller et
venir, même si ce n¹est pas ce dont nous rêvons, cela nous a
donné de l¹espoir dans l¹avenir."
Danny Gal parle du blogueur de Gaza : "Il a une trentaine d¹années,
il a une licence et a été enseignant jusqu¹à ce qu¹on
ait fermé son école. S¹il était israélien, on serait potes.
Il est drôle, il s¹intéresse aux femmes, à sa carrière, il
voudrait acheter une maison s¹il peut obtenir un prêt. Ce qui
lui fait le plus mal, c¹est de ne pas pouvoir sortir de Gaza. Il
avait entamé un master à l¹étranger, mais il a dû rentrer à
Gaza et depuis, il y est coincé. Du coup, il ne peut plus
poursuivre ses études."
Le blogueur de Sderot décrit la reprise des tirs de Qassam. Le 3
février, pendant une accalmie : "Ma femme et moi nous sommes
promenés hier après-midi dans les champs près de Sderot. Il
faisait très beau, et je pensais à cette vie qui pourrait être
si belle si l¹on pouvait avoir une semaine sans roquette. Il est
si facile de reprendre goût à une vie à peu près normale. Sur
le chemin du retour, cette saloperie de sirène d¹alarme s¹est
mise à retentir. Nous nous sommes aplatis sur le sol. Au bout de
quelques minutes, nous nous sommes relevés et avons couru vers
chez nous, car nous avions laissé les enfants seuls."
Gal : "Le blogueur de Sderot a la quarantaine, il travaille
dans le hi-tech. Il adore la région, il est très attaché à sa
ville. Et il y a son bureau."
Quelques jours après ce dernier message, deux enfants de Sderot
ont été blessés lors de l¹un des pires bombardements de ces
derniers mois. L¹un des enfants a perdu une jambe, et les
habitants de Sderot ont organisé une manifestation. Le blogueur
de Sderot écrit alors : "Ne vous laissez pas tromper par vos
dirigeants qui vous font croire que seule la violence vous rendra
la vie plus facile."
Le blogueur de Sderot est tout aussi éloigné des stéréotypes
que celui de Gaza. "Contrairement aux apparences, il y a à
Sderot des gens qui ne pensent pas pareil, qui comprennent que
davantage de violence ne stoppera pas les tirs de Qassam",
dit Gal. "Cela fait sept ans qu¹ils vivent sous les Qassam.
Dans les médias, on n¹entend parler que d¹un côté. Mais, sans
pouvoir garantir un nombre, le blog représente un camp important
à Sderot." (2)
Les deux blogueurs se sont rencontrés la première fois par l¹intermédiaire
de l¹association Center for Emerging Futures (CEF), dont Gal est
l¹un des dirigeants. Cette association a été fondée par Whit
Jones, psychologue et homme d¹affaires de l¹Idaho, qui a amené
deux partenaires : Ibrahim Issa, principal d¹un collège de Bethléem,
et Danny Gal, 38 ans, de Petakh Tikva, psychologue des
organisations et colonel de réserve. Gal a apporté son expérience
de modérateur de groupes au sein de sociétés privées au
service de la création d¹une rencontre entre Israéliens,
Palestiniens et étrangers.
Gal : "Nous n¹essayons pas de faire la paix. Mais les gens
ont peur les uns des autres à cause de tout un ensemble d¹idées
préconçues et de stéréotypes, et quand ils se rencontrent,
toutes ces idées préconçues se modifient. Nous organisons des
rencontres à Beit Jala (Cisjordanie, près de Jérusalem) entre
des Israéliens, des Palestiniens et des gens d¹autres pays, qui
ont une influence apaisante. Mais il y a aussi des rencontres à
plus petite échelle, de vraies réunions de travail, comme celles
qui se tenaient dans le salon du gars de Sderot, qui pourraient
reprendre à l¹avenir."
(1) http://gaza-sderot.blogspot.com
(2) Voir aussi « Une autre voix de Sderot » :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1320 Trad. : Gérard
pour

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