|
Ha'aretz
Hebron : ce n'est pas un
immeuble, c'est une colonie
Editorial de la rédaction
[Evacuer
ces colons, vite. L'opinion publique est pour, et Amir Peretz doit
enfin commencer à faire ce qu'il a promis]
http://www.haaretz.com/hasen/spages/846424.html
Ha'aretz, 10 mars 2007
La nouvelle colonie à Hebron n'est pas un immeuble. Il s'agit de
tout un quartier. Dans cet énorme édifice de 3.500 m2, acquis
par les colons il y a quelques semaines pour 700.000 $, pas moins
de 30 familles et 14 individus (soit plus que n'importe quelle
colonie sauvage en Cisjordanie), se sont installés en grande
pompe.
Cet énorme bâtiment surplombe la route Kiryat Arba Hebron.
Cette occupation a constitué une manifestation, un show, pour célébrer
le 40ème anniversaire de l'occupation de la ville. Les Juifs de
Hebron, s'ils ne sont que quelques centaines dans une ville de
plus de 100.000 Palestiniens, savent très bien fixer par eux-mêmes
l'ordre du jour de l'occupation.
Difficile d'oublier que Baroukh Goldstein, qui a tué plusieurs
dizaines de fidèles [musulmans] dans le caveau des Patriarches, a
lancé la vague des attentats suicides en Israël.
Le ministre de la défense a déjà annoncé son intention d'évacuer
ces nouveaux colons, mais pour le moment, aucune date n'a été
fixée, malgré la déclaration du vice-ministre de la défense
selon laquelle ils seraient évacués dans les 15 jours (1). Plus
le temps passera, plus les colons se retrancheront, et il sera
d'autant plus difficile de les évacuer. Amir Peretz n'ayant pas réussi
à convaincre Olmert de soutenir l'évacuation d'autres colonies
sauvages, on peut douter qu'il réussisse dans ce cas précis. Et
personne ne sait mieux exploiter les hésitations au niveau
officiel que les colons.
"Cette fois, nous avons décidé d'agir de façon légale",
a dit Noam Arnon, porte-parole des colons juifs de Hebron, se référant
à l'acte de propriété de l'immeuble, mais ces colonies sont illégales
même si la transaction
immobilière s'est effectuée correctement. Hebron est une terre
palestinienne occupée, et toute colonie sur tout site occupé
doit être approuvé par l'Administration civile. Or, aucune
autorisation n'a été donnée, et
heureusement, aucune ne le sera tant que Peretz restera ministre
de la défense. Hebron n'est pas Jaffa, comme le prétendent les
colons, car elle ne fait pas partie de l'Etat d'Israël. D'autre
part, les colons juifs de Hebron sont citoyens israéliens, et en
tant que tels, la police peut les évacuer.
L'expérience a appris aux colons que les gouvernements israéliens
sont moins résilients que les habitants des colonies sauvages.
S'ils arrivent à se maintenir jusqu'à la fin du mandat de Peretz,
peut-être celui-ci sera
remplacé par un autre, plus compréhensif, qui signera les
autorisations nécessaires, aussi facilement que ses prédécesseurs
ont envoyé des soldats pour protéger la nouvelle colonie.
Toutefois, l'été 2005 a créé une grosse brèche dans la
confiance des colons, à cause de la facilité avec laquelle Ariel
Sharon a évacué tous les colons du Goush Katif (bande de Gaza).
Cette leçon, que les colons ont certainement retenue, doit aussi
renforcer la détermination du gouvernement. Amir Peretz, qui
pendant des années a soutenu l'évacuation des colonies, doit
maintenant prouver que ses paroles et ses promesses tiennent
toujours, et prendre au moins cette mesure minimale après n'avoir
pas réussi à évacuer d'autres
colonies sauvages. Tous les sondages, depuis des années, montrent
que l'opinion publique soutient largement la réduction de
l'entreprise de colonisation, qui est considérée comme
l'obstacle principal aux accords de paix. Et cela est d'autant
plus vrai quand il s'agit de colons extrémistes au cœur de
Hebron.
(1) Voir http://www.lapaixmaintenant.org/article1575
Traduction : Gérard
pour
|