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Ha'aretz
Pas de négociations, des colonies
qui grandissent
édito de la rédaction

Colonie Migron
[Suite
au rapport de Shalom Arshav : incompréhension honteuse des conséquences
de la colonisation, ou politique délibérée? En tout cas, sur le
terrain et pour l'instant, rien ne se passe qui aille dans le sens
des effets d'annonce du gouvernement Olmert]
Ha'aretz, 8 juillet 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/879244.html
Il y a 15 jours, au sommet de Sharm el-Sheikh, Ehoud Olmert avait
annoncé qu'il "n'avait aucune intention de repousser les négociations
sur la création d'un Etat palestinien." Quelques jours plus
tard, "des sources politiques à Jérusalem"
promettaient qu'Olmert "entend dans les prochains mois évacuer
les colonies illégales en Cisjordanie." Ces dernières années,
pareilles déclarations ont été complaisamment diffusées par
des
représentants du gouvernement. Mais une courte visite sur les
routes de Cisjordanie montre que les paroles sont une chose et que
les actes en sont une autre : alors que le gouvernement parle d'un
"horizon politique" sous la forme de deux Etats, les
actes du gouvernement sur le terrain repoussent toujours plus loin
ce même horizon.
Un nouveau rapport réalisé par Shalom Arshav (La Paix
Maintenant), dont Ha'aretz a publié les détails vendredi dernier
(1), révèle que les limites juridictionnelles de 92 colonies,
avant-postes et zones industrielles de Cisjordanie sur 164 ont été
étendues ou redessinées après les accords d'Oslo. Ce rapport,
qui se fonde sur des chiffres fournis par l'Administration civile,
révèle en outre que 9% seulement de la superficie totale dépendant
des colonies a été bâtie, et 12% de plus ont un usage
quelconque. De plus, malgré les immenses superficies dont elles
disposent, 90% des colonies ont débordé de leur juridiction pour
environ 1/3 de leur
superficie, pour la plus grande part sur des terres palestiniennes
privées.
Des délibérations de la Haute Cour de Justice ces dernières années,
il ressort que la clôture de séparation, qui était conçue pour
servir un objectif de sécurité, est aussi exploitée pour
permettre le développement de
colonies aux dépens des Palestiniens. Amir Peretz, ancien
ministre de la défense, n'a pas tenu sa promesse de réexaminer
le tracé de la clôture et de la modifier sur tout site où il se
révélerait qu'elle empiète sur une terre palestinienne. Le
rapport Sasson de mars 2005 sur les colonies illégales, qui
recommandait des mesures contre la construction à tout-va dans
les territoires, dort dans un placard.
Au mieux, c'est par négligence que le gouvernement n'empêche pas
le vol de terres en Cisjordanie, par incompréhension de ce
scandale et de ses répercussions sur les chances de mettre en
oeuvre une solution à deux Etats. Au pire, il applique une
politique délibérée, dont le but est de réduire l'espace vital
de la population palestinienne dans la zone C (sous contrôle israélien),
de transférer les réserves de terres à des citoyens israéliens
et d'empêcher la création d'un Etat palestinien indépendant et
viable. Quoi qu'il en soit, ce grave phénomène constitue une
violation flagrante des engagements pris par Israël dans le cadre
des accords d'Oslo : ne prendre aucune mesure unilatérale
susceptible de modifier la situation jusqu'à la fin des négociations
sur un statut définitif des territoires.
La formation d'un nouveau gouvernement palestinien, engagé à
respecter tous les accords précédents, y compris la Feuille de
route, exige du gouvernement Olmert qu'il réexamine sa politique,
et pas seulement concernant le paiement des produits fiscaux dus
à l'Autorité palestinienne et le démantèlement de certains
check points. Pour donner une crédibilité à son exigence de
voir le côté palestinien honorer ses engagements, même au prix
d'une exacerbation de son conflit avec ses opposants de l'intérieur,
Israël doit de son côté
démontrer que les "concessions douloureuses" ne sont
pas une formule vide de sens. Quiconque a peur de démanteler des
colonies illégales et développe les colonies ne doit pas être
étonné si ses effets d'annonce ne produisent pas les changements
escomptés.
(1) Voir "Une annexion rampante, discrète mais méthodique"
:
http://www.lapaixmaintenant.org/article1653
Trad. : Gérard
pour

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