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Ha'aretz
Démanteler le front du refus
Edito de la rédaction
Des policiers israéliens évacuent un colon de
Hebron, le 3 janvier 2006
Photo Intéret Général
[Hier,
quelques colons ont été évacués du centre de Hebron (il a
fallu plusieurs centaines de policiers !). Comme toujours (vieille
tactique des colons), blessés et images traumatisantes pour
convaincre l¹opinion que cela ne doit plus jamais se reproduire.
Mais, plus grave, il s¹est produit un important mouvement de désobéissance
de soldats, inspiré par certains rabbins]
Ha¹aretz, 7 août 2007
http://www.haaretz.com/hasen/spages/890548.html
Plusieurs dizaines de soldats israéliens ont informé leurs supérieurs
qu¹après en avoir référé à leurs rabbins, ils refuseraient
de participer à l¹évacuation de familles juives qui s¹étaient
emparées de bâtiments au cœur de la ville de Hebron (1).
Ces soldats n¹étaient pas censés évacuer eux-mêmes les
colons-envahisseurs, mais remplacer les officiers de la police des
frontières qui devaient quitter leur poste en vue de cette évacuation.
Certains de ces soldats ont annoncé explicitement leur intention
de désobéir aux ordres, alors que d¹autres ont pris prétexte
de diverses douleurs ou maladies. Douze d¹entre eux ont été
renvoyés devant un tribunal militaire.
Mais cela ne suffit pas. Demain, il y aura d¹autres évacuations,
et d¹autres refus. Il s¹agit d¹un test pour Ehoud Barak,
ministre de la défense, et pour le chef d¹état-major Gabi
Ashkenazi. Ces derniers jours, Barak et Ashkenazi se sont prononcés
à plusieurs reprises contre les exemptions de service militaire
(2), mais le refus d¹obéir aux ordres n¹est pas moins
dangereux. Le refus pour motifs politiques (et le fait de le présenter
sous des atours religieux ne dissimule en rien son caractère
politique) est un cancer dans le corps de Tsahal. Les autorités
militaires doivent le combattre sans compromis. Un refus de droite
n¹est ni plus tolérable ni plus compréhensible qu¹un refus de
gauche (3). S¹il existe une chance de parvenir à un compromis
pacifique avec les Palestiniens, cela entraînera l¹évacuation
de colonies. Or, une armée qui émet un message de faiblesse
envers ceux qui refusent d¹obéir aux ordres ne pourra pas
constituer un outil efficace et fiable aux mains de ceux qui l¹enverront.
Cette organisation de refuzniks est une déclaration de sédition,
et en tant que telle, elle doit être traitée avec toute la
rigueur de la loi. L¹armée doit annuler tous les accords passés
avec les yeshivot dont les rabbins ne
reconnaissent pas l¹autorité de ses officiers. S¹il est exact
que des groupes extrémistes, dont certains depuis l¹étranger,
offrent des récompenses financières à ces refuzniks, ils
poussent les soldats à commettre un délit. Ceux qui corrompent
les refuzniks doivent être arrêtés et jugés.
Les fondateurs de l¹Etat d¹Israël avaient bien compris que l¹armée
devait avoir une chaîne de commandement unifiée, avec des
officiers qui n¹obéissent qu¹au chef d¹état-major, celui-ci n¹obéissant
qu¹au gouvernement (4). Des groupes armés indépendants mèneront
à la désintégration de Tsahal, et finiront par se combattre
entre eux, comme dans l¹Irak d¹après l¹invasion américaine.
Il y a deux ans, avant l¹évacuation des colonies de Gaza et du
nord de la Cisjordanie, le gouvernement et l¹état-major avaient
adopté une approche conciliante à l¹égard des refuzniks de
droite, des colons qui étaient
demeurés illégalement dans les colonies et des manifestants
anti-désengagement violents. Très récemment, des députés de
la droite religieuse ont une fois de plus demandé que les jeunes
qui s¹en étaient pris alors aux soldats et aux policiers soient
graciés et réintégrés dans l¹armée. Mais il ne peut y avoir
de place pour la compassion.
Israël fait face à plusieurs fronts militaires difficiles (Iran,
Syrie, Hezbollah, Hamas) sur lesquels il n¹a qu¹un contrôle
limité. Il ne peut pas se permettre l¹existence d¹un front intérieur,
au sein de sa seule armée. Ce front, le front du refus, doit être
démantelé sans délai. Si Ashkenazi, Barak et le gouvernement
Olmert sont trop faibles pour le faire, alors ils ne doivent pas
rester en poste, ne serait-ce qu¹un jour de plus.
Notes
(1) Voir l¹origine de cette affaire :
http://www.lapaixmaintenant.org/article1563
(2) Pour les étudiants des yeshivot (écoles talmudiques).
(3) Ce parallèle est discutable. Voir «"Refuzniks de droite
ou de gauche : il y a une différence" : http://www.lapaixmaintenant.org/article959
(4) Cette partie de l¹article se réfère au débat qui a eu lieu
après la guerre de 1948, quand les groupes armés juifs indépendants
(Irgoun, Lehi et Palmakh) ont été dissous par Ben Gourion d¹une
manière ou d¹une autre.
Trad. : Gérard
pour
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