Opinion
PsyOps en Afrique
: le Pentagone et le Département d'Etat
aux commandes de sites web
Gilles Munier
Gilles
Munier
Lundi 3 décembre
2012 Comme au temps
de la guerre froide, les Etats-Unis
financent des médias et des journalistes
un peu partout dans le monde. L’ennemi
n’est plus le communisme, mais l’islam
sous couvert de guerre contre le
terrorisme d’al-Qaïda. A la différence
de
Radio Free Europe, créé en 1949 et
qui émet toujours, de
Radio Tamadoun en Afghanistan et des
chaînes de télévision comme
al-Hurra en Irak ou
TV Marty contre Cuba, l’ouverture
sur Internet de sites d’information
«
africains » - lire l’article qui suit
(1) - permet maintenant à la
communauté du renseignement américaine –
17 services secrets - de savoir
nommément qui les visite. La CIA –
ou une autre agence - peut ensuite
s’introduire dans la mémoire des
ordinateurs, dresser facilement un
profil de leur propriétaire, prendre
connaissance des données qui s’y
trouvent : correspondances, centres
d’intérêt, carnet d’adresses, photos...
etc… Aucun mot de passe ne résiste
aux décodeurs de dernière génération.
On n’arrête pas le progrès !
Le
Defense
Clandestine Service (DCS)
Les services
américains vont ainsi se constituer des
réseaux de soutien potentiels, dresser
des listes d’opposants à leur politique,
recruter plus facilement des espions. On
imagine l’intérêt qu’auront ces
informations lors d’une opération de
déstabilisation, d’un coup d’Etat ou
d’une invasion. Un article paru
récemment dans le
Washington Post (1/12/12) révèle que
la
DIA (Defense Intelligence Agency)
forme 1 600 agents liés au
Commandement américain des opérations
spéciales (U.S. Joint Special Operations
Command), qui rivaliseront dans le
monde avec ceux de la CIA. Une de leurs
priorités sera la surveillance et
l’infiltration des groupes islamistes en
Afrique. Dans cette perspective, le
Pentagone étudie la création d’un
nouveau service de renseignement, le
Defense Clandestine Service (DCS).
(1)
US Military Behind Africa News Websites,
par Jason Straziuso*
(revue de presse –
AP - 14/11/12) -
Traduction et
synthèse
: Xavière Jardez:
Un nouveau site,
sabahionline.com (2), centré sur la
situation en Somalie, et destiné à
contrer les messages du mouvement
islamiste,
al Shabab, a été lancé en février
dernier par le Pentagone et le
Département d’Etat. Neuf rédacteurs du
Kenya, Tanzanie, Djibouti, Somalie, y
contribuent. Il fait partie, avec un
autre site,
magharebia.com,
(Libye, Algérie, Maroc, Mauritanie)
de l’effort de propagande de l’Africom
basé à Stuttgart, pour rivaliser avec
les extrémistes des deux régions les
plus dangereuses en Afrique, la Somalie
et l’Afrique du nord.
3 millions de dollars
Grâce aux
publicités émises sur d’autres sites
web,
sabahionline.com attire de nombreux
visiteurs uniques. Les militaires US les
estiment à 4000. De plus, 10 000
articles sont lus par jour, sans qu’on
sache qui est derrière l’opération. Le
secrétaire général de l’Union
nationale des Journalistes somaliens
qualifie de professionnels les articles
qui sont chargés, mais craint que cela
ne mette en péril la vie de ceux qui y
contribuent.
Africom finance ces deux sites à
hauteur de 3 millions de dollars pour
les reportages, la traduction, la
publication, etc. et pense que les
dividendes sont à la clé.
Cependant, pour
Seth Jones, directeur associé de
International Security and Defense
Policy Center à la
Rand Corporation, à Washington, la
question est de savoir si
«
les Etats-Unis sont capables de jauger
si les locaux les considèrent comme des
sources d’informations légitimes et les
lisent. Si non, on peut se demander ce
que les Etats-Unis reçoivent pour leur
fric ? »
Titre et intertitre
: AFI-Flash
*
http://www.informationsclearinghouse.info/article33026.htm
(2)
http://www.democraticunderground.com/11791392
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 4 décembre avec l'aimable
autorisation de Gilles Munier
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