Les
actualités du droit
Les lois
antiterroristes pour violer nos libertés
Gilles Devers
Mardi 20 août 2013
Quand les lois antiterroristes de
surveillance des réseaux sont adoptées,
on est souvent amenés à contester des
textes qui, sans garantie, peuvent
permettre d’infiltrer tous les réseaux
d’opposition, politiques, sociaux ou
médiatiques. Ces connards de terroristes
décérébrés sont le prétexte à la
surveillance policière de la population,
pour lutter contre les libertés.
L’affaire PRISM nous démontre que les
dirigeants ont fait plus qu’on ne
l’imaginait. Hier, c’est le compagnon du
journaliste du Guardian Glenn
Greenwald, celui qui a interviewé Edward
Snowden, qui s’est fait arrêter par la
police comme « soupçonné de préparer des
actes terroristes en Grande-Bretagne »,
alors qu’il était en transit à Heathrow.
Neuf heures d’interrogatoire au secret,
pas de poursuites, mais tout son matos
informatique confisqué ! Ce dans le pays
qui avait le premier consacré
l’habeas corpus…
Scène 1. En 2000, la Grande-Bretagne se dote
d’une législation anti-terroriste. Elle
a bien raison, car le terrorisme est une
belle saloperie, et les services
britanniques qui ont commis tant de
coups tordus dans le monde savent de
quoi ils parlent. Donc, allons-y pour la loi.
Scène 2. Ça se gâte, car on trouve dans la loi
tout ce qu’il faut pour faire n’importe
quoi. On définit à peine ce qu’est le
« terrorisme », alors que le point est
complexe, l’histoire montrant que tout
pouvoir liberticide en difficulté accuse
ses opposants de terrorisme, pour les
criminaliser. Pour Vichy, Jean Moulin
était un terroriste. Ensuite, on veut
tellement aller chercher l’info à la
source, qu’on s’intéresse à des contacts
très éloignés, et comme ça, on contrôle
tout le monde, sous les applaudissements
sécuritaires des sondages. Ainsi, grâce
à l'article VII de la loi antiterroriste
2000, la police peut interroger
préventivement toute personne soupçonnée
de préparer des actes terroristes en
Grande-Bretagne pour déterminer si elle
représente une menace.
Scène 3. L’un
des flics les plus allumés du monde, le
Prix Nobel de la Paix Obama Barack,
dispose du même genre de loi, et avec
ses amis British, ils mettent en place,
dans le secret et sans contrôle, un
système général de surveillance des
personnes qui les intéressent à travers
le monde. C’est PRISM et quelques
produits associés, qui organisent une
violation généralisée de notre vie
privée.
Scène 4. Edward Snowden, un informaticien recruté
par le Prix Nobel de la Paix pour
travailler dans les puissantes équipes
qui violent nos droits, craque devant
les abus qu’il est amené à commettre, et
contacte Glenn Greenwald, un excellent
journaliste de l’excellent Guardian,
pour raconter et donner les preuves.
Scène 5. Le monde entier exprime sa
reconnaissance à Edward Snowden, qui
n’hésite pas à se mettre à dos la meute
des services secrets US et UK, et les
magnats de l’informatique. C’est le
triomphe de la théorie dite des
baïonnettes intelligentes : le refus
d’appliquer les ordres ouvertement
illégaux. Fâché avec le droit, le Prix
Nobel de la Paix lance un mandat d’arrêt
contre Edward Snowden et lui promet la
prison à vie (Mais pas la piquouze
fatale, Monsieur le Prix Nobel de la
Paix est trop bon…).
Scène 6. L’espionnage, c’est pas d’hier, mais la
mise sous contrôle de tous les groupes
de population estimés sensibles dans le
monde entier est d’une illégalité telle
que le G29, qui groupe les instances
européennes chargées de l'informatique
et des libertés, a hier saisi la
Commission européenne pour obtenir une
évaluation indépendante de l’impact de
PRISM en Europe. On va en apprendre de
belles... La veille, le Washington
Post avait publié de nouveaux
documents démontrant qu’Obama avait
menti dans ses explications.
Scène 7. David Miranda, un Brésilien qui est le
compagnon du journaliste Glenn Greenwald,
était hier en correspondance à Londres,
en provenance de Berlin – où il a
rencontré Laura Poitras, une
réalisatrice américaine qui a travaillé
avec Glenn Greenwald et le Guardian sur
l’affaire PRISM – en direction de Rio de
Janeiro. Il s’est fait arrêter par la
police britannique, en vertu de
l'article VII de la loi antiterroriste
2000. Je rappelle que ce texte permet
d'interroger préventivement « toute
personne soupçonnée de préparer des
actes terroristes en Grande-Bretagne »
pour déterminer si elle représente une
menace. Pour un type en transit, qui
n’est que le compagnon du journaliste…
Où est le terrorisme ? Où est la
menace ? David Miranda est resté 9
heures au secret, entendu sans relâche
par une équipe de six policiers. Pas de
poursuites, car il n'y a aucun grief,
mais la police britannique lui a
confisqué son ordinateur portable, son
téléphone et une clé USB.
Suivez bien le feuilleton PRISM. C’est
un volet essentiel de nos libertés qui
se joue, et nous devons gagner.
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