Opinion
Des vétérinaires
pour remplacer des médecins ?
Gilles Devers
Jeudi 15 décembre
2011
Si votre médecin n’est pas disponible,
appelez le vétérinaire ! Celle-là, elle
est bien bonne, et il faut saluer son
auteur, une haute personnalité,
Françoise Tenenbaum, adjointe au maire
de Dijon en charge de la santé,
vice-présidente du Conseil régional et
présidente de la
Conférence Régionale de la Sante et de
l’Autonomie (CRSA) auprès de l’Agence
Régionale de Santé de Bourgogne. On
marche sur la tête…
Admirons cette belle théorie : « J'ai
réfléchi à la problématique dans
laquelle nous sommes, notamment en
Bourgogne où il y a des déserts
médicaux, et je me suis rendue compte
qu'il y avait des vrais médecins dans
les territoires, ce sont les
vétérinaires, qui peuvent intervenir en
urgence. Je pense qu'il y a un champ de
travail, mais il faudrait définir une
passerelle de formation et cadrer la
mission de ces vétérinaires. Surtout, ce
ne serait pas à la place du médecin mais
en l'attendant ».
Beaucoup de titres, notre amie, quelle
bourde !
Le premier obstacle est légal, et il est
décisif. L’acte de soigner, et ce pour
tout acte de soin, est une intrusion sur
le corps humain, et pour que cet acte
soit licite, il doit être autorisé par
la loi. La loi lie son autorisation à la
titularité d’un diplôme, celui de
médecin, qui répond à un programme
européen de formation. Donc on peut
pratiquer un acte médical que si on est
titulaire d’un diplôme sanctionnant la
maîtrise de ce programme. L’obstacle,
décisif, est ainsi celui de l’exercice
illégal de la médecine, qui est une
infraction pénale (Code de la Santé
Publique, art. L. 4161-1).
Ensuite, l’acte médical n’est pas défini
par la loi, car la seule référence est
la mission générale du médecin : poser
un diagnostic et choisir une thérapie.
La loi a toujours choisi cette approche
globale, car c’est la seule réponse
scientifique possible. Il n’existe pas
de petit diagnostic. Un mal de tête peut
être un signe inquiétant. Une blessure
légère peut être le siège d’une
infection redoutable. Discutez un peu
avec un médecin régulateur du 15, et il
vous expliquera le haut de degré de
prudence qui interdit toute banalisation
sur un diagnostic d’emblée. Alors, le
petit diagnostic en attendant le toubib…
Consternant.
Une élue pète les plombs… bof ! Mais, je
vois quand même que notre amie des bêtes
est présidente de la
Conférence Régionale de la Sante et de
l’Autonomie (CRSA) auprès de l’Agence
Régionale de Santé de Bourgogne, qui
sont des structures de l’Etat. Comment
peut-elle rester en fonction après avoir
théorisé de telles âneries ? Et là, je
ne suis pas gentil pour les ânes.
Et nous,
on peut appeler un médecin ?
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