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« Comme la Lumière parmi les Nations »
Gilad Atzmon


« Crac ! », fit le Merkava…

Samedi 21 novembre 2009

http://www.gilad.co.uk/writings/as-the-light-onto-the-nations-by-gilad-atzmon.html

« Israël est comme la lumière brillant parmi les nations », affirme la Torah. C’est vrai, et pas seulement parce que c’est la Torah qui le dit… : Israël est en avance sur tout le monde, sur bien des fronts. Tenez, par exemple : dans sa manière de terroriser des populations civiles et de pratiquer les tactiques les plus dévastatrices qui furent jamais inventées contre des vieillards, des femmes et des enfants.

Hier, on pouvait lire dans le Jerusalem Post que le président du Comité militaire de l’Otan, l’amiral Giampaolo Di Paola, s’est rendu en Israël cette semaine afin d’y étudier « les tactiques et les méthodes de « Tsahal », que l’alliance militaire est susceptible d’utiliser dans sa guerre en Afghanistan ». Un haut responsable israélien de la Défense a ajouté : « Ce qui préoccupe au plus haut point l’Otan, aujourd’hui, c’est de savoir de quelle manière gagner la guerre en Afghanistan… Di Paola a été très impressionné par les Forces Israéliennes de Défense, qui représentent une source de renseignements majeure, grâce à notre expérience opérationnelle ».  

Si j’ai un conseil à donner à la fois à l’officiel israélien et à l’amiral otanesque Di Paolo, c’est bien celui de mettre une légère sourdine à leur enthousiasme. L’armée israélienne n’a pas remporté une seule guerre, depuis 1967. Certes, elle a occis moult civils, elle a aplati au sol moult villes, elle a affamé des millions de personnes, elle ne cesse de perpétrer quotidiennement des crimes de guerre depuis des décennies et, néanmoins, elle n’a pas gagné une seule guerre. Par conséquent, elle n’est absolument pas en mesure d’enseigner à l’Otan la manière de vaincre en Afghanistan. Si les généraux de l’Otan sont aussi stupides que les généraux israéliens et s’ils adoptent les tactiques de l’armée israélienne, ils verront les accusations de crimes de guerre s’empiler à leur encontre. Avec un peu de chance, ils devront même sans doute partager leurs cellules avec des Israéliens, le moment venu, quand la justice aura passé.

L’Amiral Di Paola a passé deux journées avec l’infâme chef d’état major israélien, le général Gabi Ashkenazi, l’homme qui commandait l’armée israélienne lors de son incursion à Gaza en décembre de l’année dernière.

Dans l’Etat juif, les gens étaient enthousiasmés par la visite de l’Amiral Di Paola. Ils y voyaient simplement une énième réassurance de leur business as usual. La visite d’un officier supérieur de l’Otan les convainquait que personne ne se souciait du rapport Goldstone. « La visite de Di Paola est importante », affirme le Jerusalem Post, « car elle intervient en des temps où « Tsahal » est en butte à des critiques croissantes, au lendemain de la publication du rapport Goldstone sur l’opération Plomb Fondu, ainsi qu’après la décision qu’a prise la Turquie – pays membre de l’Otan, pourtant – d’exclure Israël d’exercices conjoints des armées de l’air ».

Toutefois, il est crucial de réfléchir aux intérêts mutuels en train d’émerger entre les deux parties, Israël et l’Otan. « Au cours de leur rencontre, mercredi, Ashkenazi et Di Paola ont discuté des manières de renforcer les liens militaires entre Israël et l’Otan, ainsi que d’un plan visant à inclure un vaisseau de la marine de guerre israélienne dans la mission Active Endeavor de l’Otan, mise sur pied après les attentats du 11 septembre 2001, sous le couvert de laquelle des navires de l’Otan patrouillent en Méditerranée afin d’empêcher des trafics illégaux profitant au terrorisme ».


Ehud Barak en pirate
 

Il s’agit bien là, en effet, pour les Israéliens, d’une initiative incontournable. Pour l’instant, la marine israélienne opère en Méditerranée  à la manière d’un groupe de Pirates Yiddish (Yidisshe Piraten) assaillant, détournant et pillant des vaisseaux dans les eaux internationales. Mais une fois sous la bannière de l’Otan, les Israéliens seront en mesure de terroriser tout vaisseau navigant en haute mer au nom de l’ « Occident ». Pour l’Etat juif, ce serait une avancée majeure. Jusqu’à présent, les Israéliens commettent des atrocités au nom du peuple juif ; une fois qu’ils opèreront sous la bannière de l’Otan, ils seront en mesure d’exercer leur piraterie au nom de l’ « Europe ». Une telle initiative est une preuve supplémentaire de la transition spirituelle et idéologique du sionisme, faisant passer celui-ci de la « terre promise » à la « planète promise ».

Si les Israéliens ont désespérément besoin de la légitimation de l’Otan, l’Otan est quant à elle beaucoup plus modeste. Tout ce dont elle a besoin, c’est de connaissance et de tactique. Elle tient à apprendre des Israéliens la  manière d’infliger des souffrances à une population civile ; il doit bien y avoir une raison. Je veux dire : l’Otan veut apprendre des Israéliens à infliger davantage de souffrances qu’elle ne le fait déjà. « Les responsables de la défense des pays membres de l’Otan ont dit que Di Paola a mis à profit ses rencontres avec l’armée israélienne pour se mettre au courant de nouvelles technologies susceptibles d’être utilisées dans la guerre en Afghanistan ». Le Jerusalem Post écrit qu’Israël est « un leader mondial reconnu en matière de mise au point de blindages de protection contre les engins explosifs artisanaux (IED – improvised explosive devices), également connus sous le nom de « roadside bombs » [bombes des bas-côtés]. C’est exact. Les généraux israéliens ont pris conscience il y a bien longtemps du fait que leurs précieuses jeunes recrues préfèrent se cacher dans leurs tanks plutôt que de rechercher l’engagement avec l’« ennemi », comprendre avec la population civile, les enfants, les vieillards et les femmes. Mais ce n’est pas tout : Di Paola était intéressé, également, par « les capacités israéliennes de recueil de renseignement et par les méthodes utilisées par « Tsahal » lorsqu’elle opère dans des concentrations de population civile ». Di Paola a fait observer que « l’Otan et Tsahal sont confrontées à des menaces analogues – l’Otan en Afghanistan et Israël, dans ses guerres contre le Hamas et contre le Hizbollah ».

Je voudrais suggérer à l’Amiral Di Paolo de lire immédiatement le rapport Goldstone en totalité, afin qu’il comprenne bien quelles seront ses propres responsabilités légales au cas où il entreprendrait de mettre en œuvre les « tactiques israéliennes ». Si l’Amiral Di Paola tient à servir son armée, il devrait certes se rendre en Israël, mais il devrait aussi y rencontrer tous les criminels de guerre tant dans l’armée que dans le monde politique, afin de savoir précisément ce qu’il NE DOIT PAS faire.

Les chances qu’a l’Otan de gagner la guerre en Afghanistan ne sont pas seulement limitées : de fait, elles sont épuisées. L’Otan ne peut que perdre cette guerre. Certains analystes militaires et certains généraux vétérans affirment qu’elle l’a d’ores et déjà perdue. L’Otan a d’ores et déjà apporté trop de carnages au peuple afghan sans avoir atteint l’un quelconque de ses objectifs militaires ou politiques. Ayant été sévèrement humilié au Liban, en 2006, par un minuscule Hezbollah paramilitaire, et ayant échoué à atteindre ses buts militaires dans l’opération Plomb Fondu durant sa guerre génocidaire contre le Hamas, les Israéliens n’ont rien à apprendre à l’Otan. Dût l’Otan prendre l’initiative de mettre en œuvre des tactiques additionnelles des Forces Israéliennes de Défense, elle ne ferait rien d’autre qu’amener une diminution dramatique de la sécurité dans l’ensemble de l’Europe, ainsi qu’aux Etats-Unis.

Si nous sommes vraiment soucieux de paix et si nous voulons que celle-ci prévale, alors nous devons nous éloigner aussi loin que possible de toute accointance spirituelle, idéologique, politique et militaire avec le sionisme, Israël et leurs lobbies. Si « Israël » est véritablement « une lumière parmi les nations », alors que quelqu’un nous explique pour quelle raison ses perspectives de paix ne cessent de s’amenuiser et de s’assombrir.

Ma réponse est, de fait, très simple : Israël peut, en effet, aisément être perçu comme « la lumière parmi les nations », pour peu que vous appreniez de lui CE QUE VOUS NE DEVEZ PAS faire. De fait, c’est là le message que nous ont transmis les grands prophètes humanistes Jésus de Nazareth et Karl Marx. Aime ton prochain, vis parmi les autres, transcende-toi toi-même, au-delà du tribal, pour atteindre au règne de l’universel. De fait, c’est exactement ce que les Israéliens sont incapables de comprendre. Pour une raison restant à analyser, ils s’aiment eux-mêmes presque autant qu’ils haïssent leurs voisins.

Si l’Amiral Di Paola veut conquérir les cœurs et les esprits des Afghans (plutôt que « gagner une guerre »), il doit avant tout apprendre à aimer.

Ce n’est pas là quelque chose qu’il apprendra à Jérusalem ou à Tel Aviv.

Pour cela, il vaut mieux qu’il aille à Gaza, à Ramallah ou à Naplouse.

Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier



Source et traduction : Marcel Charbonnier


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