Ecologie
Le GIEC ouvre la
porte à la géoingénierie
Geneviève Azam
Vendredi 4 octobre 2013
Le GIEC a publié le 27
septembre 2013 la première partie de son
nouveau rapport, avec un résumé adressé
aux gouvernements. Ce premier document,
adopté à Stockholm, est consacré à la
publication des connaissances
scientifiques concernant le changement
climatique, les rapports suivants et
notamment le troisième étant consacré
aux préconisations en vue de l’action
des gouvernements. Ce récent rapport
ouvre la porte à la géoingénierie,
fausse "bonne solution" au changement
climatique.
Ce premier document, sur le
plan des connaissances scientifiques,
s’inscrit dans la continuité de celui de
2007, qu’il confirme et aggrave, les
scenarii les plus pessimistes alors
envisagés, ayant une plus grande
problabilité d’advenir. Le lien entre
ces changements et les variations
climatiques extrêmes (sécheresses,
inondations, ouragans) est mieux établi
et la hausse du niveau des océans
devrait être plus importante que celle
enviségée en 2007. Enfin, il confirme,
avec une probabilité de 95% l’origine
anthropique du changement climatique,
c’est-à-dire l’impact des activités
humaines sur ce changement, en
particulier l’usage des énergies
fossiles. Il confirme la hausse de la
concentration de dioxyde de carbone dans
l’atmosphère, la barre des 400 parts par
millions ayant été franchie en 2012 pour
la première fois depuis 3 millions
d’années.
En revanche, ce document
introduit une rupture concernant la
geoingénierie, c’est-à-dire l’action à
une grande échelle dans le système
climatique pour stopper ou ralentir le
réchauffement. Il ne s’agit en rien de
science fiction, il existe au moins deux
ou trois technologies qui pourraient
être rapidement utilisées : la capture
du carbone accumulé dans l’atmosphère (Carbon
Dioxide Removal (CDR) et l’enveloppement
de la terre par des particules de
sulfate (Solar radiation management,
SRM) qui permettraient le
refroidissement de la planète. Alors que
ce document n’a pas pour fonction de
formuler des prescriptions, le dernier
paragraphe(1),
est consacré à ces deux techniques.
D’après le Guardian du
19 septembre(2),
la Russie, représentée au GIEC par le
scientifique Yuri Izrael qui a participé
au groupe du GIEC sur la géoingénierie
(et par ailleurs longtemps
climato-négationniste), a fait pression
pour inclure ce paragraphe. Il est bien
écrit qu’on ne maîtrise pas les
conséquences globales de ces techniques,
c’est la moindre des choses, mais la
seule évocation de la géoingénierie,
comme plan B en quelque sorte, confirme
ce que nous craignions et voyons se
concrétiser : en dépit du moratoire des
Nations unies sur ces technologies,
établi lors de la Convention sur la
biodiversité en 2010, elles acquièrent
progressivement une légitimité, pour le
plus grand bonheur des grandes
puissances qui peuvent les produire et
ensuite les utiliser, et alors qu’aucun
accord global sur le climat n’existe à
ce jour. Par exemple, le seul envoi de
particules pour refroidir telle ou telle
partie du monde, aurait des conséquences
non maîtrisées sur la radiation solaire,
sur la photosynthèse, sur la météo,
au-delà des frontières du pays,
inaugurant ainsi une possible «guerre du
climat», une guerre chaude.
Il est temps que les citoyens
s’emparent de la lutte contre le
changement climatique. Des solutions qui
répondent au défi de la crise climatique
existent. Elles s’exprimeront pour la
France à Bayonne les 5 et 6 octobre
2013, dans le village des alternatives,
Alternatiba.
Il est temps aussi que soient
dévoilées les illusions et dangers d’un
plan B de sauvetage du climat par la
manipulation à grande échelle de la
planète et des humains. Nous vous
invitons à la conférence-débat "Manipuler
le climat, manipuler la vie" le
lundi 14 octobre à la Cité des sciences
à Paris avec la présence,
exceptionnelle en France, de Clive
Hamilton, philosophe australien,
spécialiste des questions
environnementales, et de Pat Mooney,
co-fondateur de l'ONG canadienne ETC
Group, spécialiste des enjeux de
géoingénierie.
1“Methods that aim to
deliberately alter the climate system to
counter climate change, termed
geoengineering, have been proposed.
Limited evidence precludes a
comprehensive quantitative assessment of
both Solar Radiation Management (SRM)
and Carbon Dioxide Removal (CDR) and
their impact on the climate system. CDR
methods have biogeochemical and
technological limitations to their
potential on a global scale. There is
insufficient knowledge to quantify how
much CO2 emissions could be partially
offset by CDR on a century timescale.
Modelling indicates that SRM methods, if
realizable, have the potential to
substantially offset a global
temperature rise, but they would also
modify the global water cycle, and would
not reduce ocean acidification. If SRM
were terminated for any reason, there is
high confidence that global surface
temperatures would rise very rapidly to
values consistent with the greenhouse
gas forcing. CDR and SRM methods carry
side effects and long-term consequences
on a global scale. {6.5, 7.7}”
2
http://www.theguardian.com/environment/2013/sep/19/russia-un-climate-report-geoengineering
Geneviève Azam,
porte-parole d'Attac
Publié le 1er octobre sur les
blogs de Mediapart
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