Opinion
Le déshonneur
supervisé d'Obama
Fidel
Castro Ruz
Fidel
Castro - Photo: RIA Novosti
Vendredi 30
septembre 2011
Qu’une juge yankee du district Sud de
la Floride ait refusé à René González, héros
antiterroriste cubain, le droit de
rentrer dans sa famille à Cuba après
avoir purgé la peine injuste
qu’elle-même lui a infligée est une
mesure brutale et maladroite qui, bien
qu’attendue, n’en est pas moins
révoltante !
Ainsi donc, au terme de treize années
d’un emprisonnement cruel et immérité,
le gouvernement étasunien – lequel a
engendré des monstres comme Posada
Carriles et Orlando Bosch qui, en tant
qu’agents de la CIA,
ont fait exploser en plein vol un avion
cubain rempli de passagers – oblige René
à rester trois longues années dans ce
pays où il sera à la merci d’assassins
agissant en toute impunité sous un
régime qualifié de « liberté »
supervisée. Tandis que trois autres
héros cubains, et un quatrième condamné
à deux perpétuités, continueront de
purger de très longues peines
d’incarcération injustes et vindicatives
Voilà comment l’Empire répond à ceux,
toujours plus nombreux dans le monde,
qui réclament leur libération.
S’il en était autrement, l’Empire ne
serait plus l’Empire, et Obama ne serait
plus un sot.
Néanmoins, les héros cubains n’y
resteront pas éternellement. La
solidarité dans le monde et au sein même
du peuple étasunien ne cessera de
croître sur les fondations de leur
exemple insurpassable de dignité et de
fermeté et mettra fin un jour à cette
injustice aussi stupide qu’insoutenable.
Cette décision maladroite intervient
alors qu’un profond débat se déroule à
l’Assemblée générale des Nations Unies
sur la nécessité de refonder cette
organisation. On n’y avait jamais écouté
de critiques si solides et si
énergiques.
Le président bolivarien Hugo Chávez l’a
ouvert le 21 septembre au soir dans son
premier message à l’Assemblée. Son
second message, lu sur un ton énergique
et vibrant par son ministre des Affaires
étrangères Nicolás Maduro, a été massue.
Chávez y dénonce aussi, d’ailleurs, le
criminel blocus de l’impérialisme à
notre patrie et sa vengeance cruelle et
ignominieuse contre les cinq Héros
antiterroristes cubains.
Ce sont ces circonstances qui me
contraignent à écrire de nouvelles
Réflexions, les troisièmes d’affilée. Je
transmettrai les idées essentielles de
ce message dans les mots mêmes de son
auteur :
[…] Nous ne voulons pas la paix des
cimetières, comme disait Kant
ironiquement, mais une paix fondée sur
le respect le plus jaloux du droit
international. Or, l’ONU, tout au long
de son histoire, loin de consentir et de
multiplier des efforts pour assurer la
paix entre les nations, a fini, hélas,
par avaliser, tantôt par action, tantôt
par omission, les injustices les plus
impitoyables.
Depuis
1945, les guerres n’ont fait
qu’augmenter et se multiplier
inexorablement.
Je veux lancer un appel à la réflexion
aux gouvernements du monde : depuis le
11 septembre 2001, une nouvelle guerre
impérialiste sans précédents historiques
a commencé, une guerre permanente,
perpétuelle.
Nous devons regarder sans ciller la
réalité terrifiante du monde où nous
vivons […] Pourquoi les États-Unis
sont-ils le seul pays à semer des bases
militaires sur la planète ? De quoi
ont-ils peur pour se doter d’un budget
si faramineux qui ne vise qu’à accroître
toujours plus leur puissance militaire ?
Pourquoi ont-ils déclenché tant de
guerres, violant la souveraineté
d’autres nations qui ont les mêmes
droits qu’eux de régir leurs destinées ?
Comment le droit international peut-il
primer contre leur volonté insensée
d’asservir militairement le monde afin
de garantir les sources d’énergie qui
leur permettront de perpétuer leur
modèle prédateur de surconsommation ?
Pourquoi l’ONU ne fait-elle rien pour
freiner Washington ? […] l’Empire s’est
arrogé le rôle de juge du monde alors
que personne ne lui a octroyé cette
responsabilité […] la guerre
impérialiste nous menace donc tous.
Washington sait bien que le monde
multipolaire est une réalité d’ores et
déjà irréversible. Sa stratégie consiste
à freiner à tout prix la montée soutenue
d’un ensemble de pays émergents […] il
s’agit pour lui de recomposer le monde
en fonction de son hégémonie militaire.
Qu’y a-t-il au fond derrière cette
nouvelle Apocalypse ? Le pouvoir
tout-puissant de la clique
militaro-financière qui est en train de
détruire le monde pour accumuler
toujours plus de profits, qui est en
train de soumettre de fait un ensemble
d’États toujours plus grand. Ayez à
l’esprit que le mode d’être du capital
financier est la guerre : la guerre, qui
ruine les grandes majorités, enrichit
une infime minorité jusqu’à
l’impensable.
Une gravissime menace pèse dans
l’immédiat sur la paix mondiale : le
déclenchement d’un nouveau cycle de
guerres coloniales qui a démarré par
la Libye
dans le but sinistre de donner un second
souffle au système capitaliste mondial,
aujourd’hui en pleine crise
structurelle, mais à la surconsommation
vorace et destructive duquel nulle
limite n’est jamais imposée.
L’humanité est au bord d’une catastrophe
inimaginable : la planète s’achemine
inexorablement vers l’écocide le plus
dévastateur ; le réchauffement global
l’annonce à travers ses conséquences
épouvantables, mais l’idéologie de
Cortès et de Pizarro au sujet de
l’écosystème, comme le dit bien le
notable penseur français Edgar Morin,
les pousse à continuer de saccager et de
détruire […] La crise énergétique et la
crise alimentaire s’aggravent, mais le
capitalisme continue de passer
impunément toutes les bornes.
[…] le grand scientifique étasunien
Linus Pauling, récompensé à deux
reprises par le Prix Nobel, continue de
nous éclairer la route : je crois qu’il
existe dans le monde un pouvoir plus
fort que le pouvoir négatif de la force
militaire et des bombes atomiques : le
pouvoir du bien, de la moralité, de
l’humanisme. Je crois dans le pouvoir de
l’esprit humain. Mobilisons donc tout le
pouvoir de l’esprit humain : il est plus
que temps. Il faut déclencher une grande
contre-offensive politique afin
d’empêcher les pouvoirs des ténèbres de
trouver des justifications pour se
lancer dans la guerre, pour déclencher
la guerre mondiale généralisée par
laquelle ils prétendent sauver le
capitalisme occidental.
Il faut vaincre politiquement non
seulement les bellicistes, mais surtout
la clique militaro-financière qui les
alimente et les dirige.
Bâtissons l’équilibre de l’univers
qu’avait perçu le
Libertador
Simón Bolívar : l’équilibre qui, selon
lui, ne peut découler de la guerre,
l’équilibre qui naît de la paix.
Le Venezuela, aux côtés des pays membres
de l’Alliance bolivarienne des peuples
de Notre Amérique (ALBA), a prôné
activement un règlement pacifique et
négocié du conflit libyen. Tout comme
l’a fait l’Union africaine. Mais c’est
la logique belliciste décrétée depuis le
Conseil de sécurité de l’ONU et mise en
pratique par l’OTAN, ce bras armé de
l’Empire yankee, qui a fini par
s’imposer. […] le « cas libyen » a été
soumis au Conseil de sécurité à partir
de la propagande intense orchestrée par
les médias qui n’ont pas craint de
mentir en nous présentant une aviation
libyenne en train de bombarder des
civils innocents, sans parler de la
grotesque mise en scène médiatisée sur
la Place
verte de Tripoli. C’est cette campagne
de mensonges préméditée qui a justifié
les mesures hâtives et irresponsables
adoptées par le Conseil de sécurité de
l’ONU et au nom desquelles l’OTAN a pu
concrétiser par la voie des armes sa
politique de « changement de régime »
dans ce pays.
…en quoi s’est donc converti le fameux
régime d’exclusion aérienne établi par
la résolution 1973 du Conseil de
sécurité ? Les plus de vingt mille
mission aériennes de l’OTAN sur
la Libye,
dont beaucoup visaient à bombarder le
peuple libyen, ne sont-elles donc pas le
déni même de ce régime d’exclusion ? Une
fois les forces de l’air libyennes
totalement annihilées, la poursuite des
bombardements « humanitaires » prouve
que l’Occident impose, par OTAN
interposée, ses intérêts dans le Nord de
l’Afrique, transformant
la Libye
en un protectorat colonial.
Quel est le motif réel de cette
intervention militaire ? Recoloniser
la Libye
pour s’approprier ses richesses. Tout le
reste est subordonné à cet objectif-là.
…la résidence de notre ambassadeur à
Tripoli a été envahie et saccagée, mais
l’ONU a disparu dans les coulisses,
gardant un silence ignominieux.
…pourquoi concède-t-on le siège de
la Libye
au soi-disant « Conseil national de
transition », tout en bloquant l’entrée
de
la Palestine
et en méconnaissant non seulement son
aspiration légitime, mais encore la
volonté d’ores et déjà majoritaire de
l’Assemblée générale ? Le Venezuela
ratifie ici de toutes ses forces,
parlant au nom de l’autorité morale que
lui concède la volonté majoritaire des
peuples du monde, sa solidarité
inconditionnelle avec le peuple
palestinien et son soutien total à la
cause nationale palestinienne, dont,
bien entendu, l’admission immédiate d’un
État palestinien de plein droit dans
l’Organisation des Nations Unies.
Et l’on applique ce même format
impérialiste en Syrie. […]
Il est intolérable que les puissants de
ce monde prétendent s’arroger le droit
d’ordonner la démission immédiate de
gouvernants légitimes et souverains. Ça
s’est passé en Libye, et l’on veut faire
pareil en Syrie. Telles sont les
asymétries en place dans l’arène
internationale, tels sont les outrages
infligés à des nations indépendantes.
[…]
Tournons maintenant nos regards vers
la Corne
de l’Afrique et nous aurons un exemple
déchirant de l’échec historique de
l’ONU : la plupart des agences de presse
sérieuses soutiennent que de 20 000 à
29 000 enfants de moins de cinq ans sont
morts ces trois derniers mois.
[…] Il faut à peine 1,4 milliard de
dollars, non pour régler le problème,
mais juste pour parer à la situation
urgente où se trouvent
la Somalie,
le Kenya, Djibouti et l’Éthiopie. Selon
toutes les informations disponibles, les
deux prochains mois seront décisifs pour
éviter la mort de plus de douze millions
de personnes, la situation la plus grave
étant celle de
la Somalie.
La situation est d’autant plus atroce
que l’on sait combien on est en train de
dépenser pour détruire
la Libye. Le
législateur étasunien Dennis Kucinich
nous en donne une idée : cette nouvelle
guerre nous coûtera 500 millions de
dollars rien que durant la première
semaine ; bien entendu, comme nous
n’avons pas les ressources financières
pour ça, nous finirons par réduire les
fonds alloués à d’autres importants
programmes nationaux. Toujours selon
Kucinich, rien qu’avec ce qui a été
dépensé durant les trois premières
semaines dans le nord du continent
africain pour massacrer le peuple
libyen, on aurait largement pu aider
toute
la Corne
de l’Afrique et sauver des dizaines de
milliers de vies.
[…] il est franchement lamentable que le
message d’ouverture de la
soixante-sixième session de l’Assemblée
générale de l’ONU n’ait pas contenu un
appel à une action immédiate pour régler
la crise humanitaire que souffre
la Corne
de l’Afrique, mais qu’on nous est assuré
en revanche que « le moment d’agir en
Syrie était venu ».
Nous exigeons de même la levée du blocus
honteux et criminel imposé à
la République
sœur de Cuba, du blocus que l’Empire
applique depuis plus de cinquante ans,
d’une manière cruelle et brutale, au
peuple
héroïque de José Martí.
Jusqu’en 2010, dix-neuf scrutins à
l’Assemblée générale de l’ONU ont prouvé
que la communauté internationale
exigeait que les États-Unis lèvent leur
blocus économique et commercial contre
Cuba. Tous les arguments issus du bon
sens international ayant échoué, il faut
dès lors croire que cet acharnement
contre
la Révolution
cubaine n’est que la conséquence de
l’arrogance impériale se brisant sur la
dignité et le courage dont fait preuve
le peuple cubain rebelle, fermement
décidé à régir ses destinées en toute
souveraineté et à lutter pour son
bonheur
Au Venezuela, nous croyons qu’il est
temps d’exiger des États-Unis non
seulement la levée immédiate et
inconditionnelle du blocus criminel
qu’ils imposent au peuple cubain, mais
encore la libération des cinq militants
antiterroristes cubains séquestrés dans
les prisons de l’Empire au seul motif
qu’ils cherchaient à empêcher les
actions illégales que des groupes
terroristes préparent contre Cuba sous
la protection des administrations
étasuniennes.
[…]
[…] Pour nous, il est clair que les
Nations Unies ne s’améliorent pas et ne
s’amélioreront pas du dedans. Quand on
voit leur secrétaire général participer,
aux côtés du procureur de
la Cour
pénale internationale à un acte de
guerre, comme c’est le cas de
la Libye,
on ne peut rien attendre de la structure
actuelle de cette organisation. […]
Il est intolérable que le Conseil de
sécurité puisse tourner le dos, chaque
fois qu’il lui chante, aux demandes
majoritaires des nations et ignorer
délibérément la volonté de l’Assemblée
générale. À partir du moment où le
Conseil de sécurité est une espèce de
club de membres privilégiés, que peut
bien faire l’Assemblée générale ? Quelle
est donc sa marge de manœuvre quand ce
Conseil viole le droit international ?
Pour paraphraser Bolívar – qui se
référait concrètement au jeune
impérialisme yankee, en 1818 – c’en est
assez que le faible pratique la loi et
le fort l’abus. Il ne se peut que nous,
peuples du Sud, nous respections le
droit international, tandis que le Nord
nous détruit et nous pille en le
violant.
Si nous n’entreprenons pas une bonne
fois pour toutes de refonder les Nations
Unies, cette organisation perdre
définitivement le peu de crédibilité
qu’il lui reste, et sa crise de
légitimité s’accélérera jusqu'à
l’implosion finale. C’est d’ailleurs
exactement ce qu’il s’est passé avec son
prédécesseur immédiat :
la Société
des nations.
[…]
L’avenir d’un monde multipolaire et en
paix nous incombe. Les peuples
majoritaires de la planète doivent
s’articuler pour se défendre du nouveau
colonialisme et garantir un équilibre de
l’univers à même de neutraliser
l’impérialisme et son arrogance.
Cet appel large, généreux, respectueux,
sans exclusions, s’adresse à tous les
peuples du monde, mais tout
particulièrement aux puissances
émergentes du Sud qui doivent assumer
avec courage le rôle qu’elles sont
appelées à jouer dans l’immédiat.
Des alliances régionales puissantes et
dynamiques se sont nouées en Amérique
latine et dans les Caraïbes, qui
cherchent à structurer un espace
régional démocratique, respectueux des
particularités et soucieux de mettre
l’accent sur la solidarité et sur la
complémentarité, de renforcer ce qui
nous unit et de régler politiquement ce
qui nous divise. Et ce nouveau
régionalisme admet la diversité et
respecte le rythme de chacun. Ainsi,
l’Alliance bolivarienne des peuples de
Notre Amérique (ALBA) progresse comme
une expérimentation d’avant-garde de
gouvernements progressistes et
anti-impérialistes, en quête de formules
qui permettent de rompre avec l’ordre
international en vigueur et de renforcer
la capacité des peuples à faire face,
collectivement, aux pouvoirs de fait.
Mais cela n’empêche pas ses membres de
soutenir d’une manière décidée et
enthousiaste la consolidation de l’Union
des nations sud-américaines (UNASUR)
afin de les grouper dans ce que le
Libertador
Simón Bolívar avait appelé « une nation
de républiques ». Qui plus est, les
trente-trois pays d’Amérique latine et
des Caraïbes se préparent à faire un pas
historique : fonder une grande
organisation régionale qui nous regroupe
tous, sans exclusions, et où nous
pourrons concevoir ensemble les
politiques qui devront garantir notre
bien-être, notre indépendance et notre
souveraineté, basés sur l’égalité, la
solidarité et la complémentarité.
Caracas, la capitale de
la République
bolivarienne du Venezuela,
s’enorgueillit d’ores et déjà
d’accueillir, les 2 et 3 décembre
prochains, le Sommet des chefs d’État et
de gouvernement qui fondera
définitivement notre Communauté des
États latino-américains et caribéens
(CELAC).
C’est sur ces profondes idées que le
président bolivarien Hugo Chávez conclut
son second message à l’Assemblée
générale des Nations Unies.
Selon une dépêche de l’AFP datée
d’aujourd’hui à Washington, « le
président étasunien Barack Obama a
déclaré ce mercredi être disposé à
changer la politique envers Cuba à
condition qu’il s’y produise des virages
politiques et sociaux significatifs ».
Qu’il est sympa ? Qu’il est
intelligent ! Qu’il est bon! Et pourtant
tout ceci ne lui a toujours pas permis
de comprendre que cinquante ans de
blocus et de crimes contre notre patrie
n’ont pas pu faire fléchir notre peuple.
Bien de choses changeront à Cuba, mais
elles changeront par nos propres efforts
et malgré les États-Unis. Cet Empire
s’effondrera peut-être avant.
La résistance inébranlable des patriotes
cubains, ce sont nos cinq héros qui la
symbolisent. Ils ne fléchiront jamais !
Ils ne se rendront jamais ! Comme l’a
dit Martí, et comme je l’ai redit
plusieurs fois : « Avant que nous
renoncions à notre volonté de rendre la
patrie libre et prospère, la mer du Nord
s’unira à la mer du Sud et un serpent
naîtra d’un œuf d’aigle ! »
De toute évidence, la juge du District
Sud de
la Floride
a mis à nu « le déshonneur supervisé »
d’Obama…
Fidel Castro Ruz
Le 28 septembre 2011
Le sommaire de Fidel Castro
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