Opinion
Une volonté de fer
(1ère partie)
Fidel
Castro Ruz
Fidel
Castro - Photo: RIA Novosti
Dimanche 16 octobre 2011
Granma et
Juventud Rebelde,
organes de presse du Parti et de l’Union
des jeunes communistes, ont publié voilà
deux jours, le vendredi 14 octobre, un
message courageux et énergique envoyé au
peuple cubain par le Héros de la République
René González, qui vient de purger la
sanction odieuse et injuste de treize
ans de prison, séparé des quatre autres
héros qui endurent des peines encore
plus prolongées dans des prisons
distantes entre elles de centaines de
kilomètres. À aucun moment leur fermeté
inébranlable n’a fléchi, bien qu’ils
aient été envoyés plus d’une fois dans
des cellules punitives, de vraies
sépultures où l’on n’a même pas la place
de bouger, parce que la « justice
yankee » en a décidé ainsi sans avoir la
moindre preuve des crimes qu’elle leur
imputait. En tout cas, s’il est un point
sur lequel cette « justice »-là ne s’est
pas trompée, c’est bien dans son choix
du genre d’hommes auxquels elle a
infligé une peine si injuste.
De plus, on a interdit à René de rentrer
dans sa patrie, auprès de sa famille et
de son peuple, si bien qu’il devra
rester trois ans dans le pays qui lui a
appliqué une punition si injuste.
En nous tous, particulièrement chez ceux
d’entre nous qui ont vécu des années
critiques dans l’histoire de notre
patrie, le message de René
a retenti
profondément.
« Que je sois maintenant hors de la
prison signifie uniquement que la série
d’abus auxquels j’y ai été soumis a pris
fin […] nous avons encore quatre frères
que nous devons sauver et qui ont besoin
d’être à nos côtés, aux côtés de leurs
proches, d’être parmi vous et que vous
leur donniez le meilleur de vous…
« Il s’agit pour moi, ici, d’une
tranchée, d’un nouvel endroit où je vais
continuer de me battre pour que la
justice soit faite et que nous puissions
rentrer tous les Cinq auprès de vous.
« Vous tous qui, dans le monde entier,
nous avez accompagnés durant ces années,
qui êtes des milliers, grâce auxquels
nous avons pu briser peu à peu ce blocus
informatif, briser ce silence que les
grandes corporations médiatiques ont
étendu sur ce cas, je vous adresse au
nom des Cinq mes plus profonds
remerciements, je vous réitère mon
engagement de continuer de vous
représenter comme vous le méritez, car
c’est ce que nous faisons en fin de
compte, nous les Cinq, parce que nous ne
sommes pas que Cinq, nous sommes un
peuple entier qui a résisté pendant
cinquante ans, et c’est grâce à ça que
nous résistons encore […] et nous
n’allons jamais vous décevoir et nous
serons toujours à la hauteur que vous
méritez. »
Les mots sincères, fermes et énergiques
de René, le ton de voix caractéristique
d’un militant qui a supporté sans
broncher une seconde treize années
interminables de punition brutale et
injuste, sont vraiment impressionnants.
La tyrannie impériale ne pourra pas
soutenir ses mensonges grossiers au
sujet de l’injustice commise contre les
Cinq Héros antiterroristes cubains. Peu
importe l’application perfide avec
laquelle les médias sous son contrôle
s’emploient à les présenter comme des
agents et des espions qui mettaient la
sécurité des États-Unis en danger : le
président de notre Assemblée nationale
et le prestigieux avocat José
Pertierra se
sont chargés de faire voler en éclats
les grossières calomnies yankees sur ces
héroïque antiterroristes cubains.
Je me rappelle la bataille victorieuse
que notre peuple a livrée pour faire
rentrer le petit
Elián González dans sa famille et
dans sa patrie. Face à la conduite
monstrueuse de la mafia
contre-révolutionnaire cubaine de Miami
et à sa manière de se rire des autorités
du pays, le président des États-Unis en
personne, qui était alors Bill Clinton,
a été obligé de recourir à des forces de
sécurité spéciales pour imposer la loi
aux groupes fascistes qui la défiaient,
au point de mettre le feu à des symboles
et à des drapeaux étasuniens, à
commencer, entre autres, par celle que
notre peuple a baptisée la « louve
féroce » et qui n’est rien moins,
aujourd’hui, que la présidente de la
commission des Relations extérieures de
la Chambre
des représentants des États-Unis,
imposant des lignes à la
politique étrangère de ce pays !
Le message que René González a adressé
au peuple cubain de sa propre initiative
et en faisant fi avec courage de
n’importe quel risque, me conforte dans
ma profonde conviction que la position
de l’administration étasunienne au sujet
des Cinq Héros cubains est d’ores et
déjà insoutenable, tout comme le sont sa
justification du blocus économique
criminel qu’elle continue d’appliquer à
notre pays et les mesures de rétorsion
qu’elle impose aux sociétés étrangères
qui font des affaires avec notre pays.
Le puissant Empire a transformé cette
politique brutale et insolite en une
norme de nature internationale, au
mépris de l’opinion pratiquement unanime
des États membres des Nations Unies,
exception faire de lui-même et d’Israël.
Les faits prouvent irréfutablement que,
dans notre monde globalisé sous la
férule de l’Empire yankee, plus aucun
pays n’est sûr : la communauté
internationale aurait-elle beau réitérer
à satiété son refus unanime du blocus
économique appliqué à Cuba ou son
approbation de toute autre mesure, tel
le droit du peuple palestinien à se
doter d’un État à lui, ce droit-ci ou
n’importe quel autre n’a absolument
aucune validité s’il ne s’ajuste pas aux
intérêts de l’Empire.
Sans que
la Révolution
l’ait cherché délibérément, notre pays
est devenu un exemple de ce que peut
faire un petit État s’il soutient
fermement une politique de principes,
même si les avancées scientifiques et
technologiques, les brevets et la
distribution des richesses de la planète
sont aux mains des nations les plus
développées et les plus riches, jadis
puissances coloniales, qui pillent nos
pays et y sèment la pauvreté.
Dans leur longue lutte contre l’Empire,
les combattants de notre pays ont failli
être la cible des armes nucléaires à son
service : d’abord en octobre 1962 ;
ensuite à la mi-1988. En aucun cas,
notre patrie ne s’est pliée au chantage
yankee : en 1962, elle a refusé la
moindre inspection de son territoire ;
en 1988, au terme de la bataille de
Cuito
Cuanavale,
cinquante mille soldats cubains et
angolais avançant sur les forces
sud-africaines que l’Occident avait
équipées et dotées d’armes nucléaires
les contraignirent à négocier
l’indépendance de
la Namibie
et la fin de l’apartheid.
Les peuples du Tiers-monde reconnaissent
la solidarité désintéressée de Cuba dans
des domaines aussi importants que la
santé et l’éducation et lui en savent
gré.
Qui donc pourrait croire à ce mensonge
insolite que Cuba appuie le terrorisme ?
Et celui qui ment d’une manière si
malveillante et si stupide est le
puissant pays qui, situé à cent
cinquante kilomètres de nos côtes, a non
seulement appliqué contre nous un blocus
criminel, mais a précisément recouru au
terrorisme le plus misérable ! Incendies
d’établissements éducationnels,
récréatifs et commerciaux ; largage de
phosphore blanc dans les plantations de
canne à sucre ; pose d’explosifs dans
les usines ; attaques pirates
d’installations portuaires, de bateaux
de pêche et de cargos ; organisation de
bandes contre-révolutionnaires ;
infiltrations d’agents et livraisons
d’armes aux bandes mercenaires, tout
ceci a commencé dès 1959, aussitôt après
la première Loi de réforme agraire du 17
mai, laissant des morts et des
destructions dans notre pays.
Les bombardements de nos bases aériennes
et le débarquement de troupes
mercenaires à Playa
Girón, sous
la protection de porte-avions et de
bâtiments de guerre étasuniens, ont
coûté de très nombreuses victimes alors
que notre Révolution venait à peine de
commencer. Les administrations
étasuniennes peuvent-elle le nier ?
Les services secrets étasuniens ont
organisé d’innombrables attentats contre
les dirigeants de
la Révolution. Mais
ils ne s’en sont pas tenus là en matière
de crimes : ils ont introduit dans notre
pays des virus et des bactéries pour
frapper la production agricole et
animale ; pis encore, ils sont allés
jusqu’à introduire des maladies qui
n’existaient même pas sur notre
continent contre notre population :
ainsi, la dengue hémorragique a, en
1981, frappé des centaines de milliers
de Cubains, dont environ cent cinquante,
des enfants pour la plupart, ont perdu
la vie. Et cette maladie continue de nos
jours de faire des ravages sur notre
continent…
Recenser tous les méfaits commis par les
États-Unis contre notre peuple serait
interminable.
À suivre demain.
Fidel Castro Ruz
Le 16 octobre 2011
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