Opinion
Les sortilèges de
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer
sur la guerre en Syrie
Fida
Dakroub
Mardi 29 janvier
2013 Généralités Nous avons prédit
aux rebelles syriens ce qui les
attendait si leur« Sainte-Révolution
» triomphait : un pourboire et des
coups de pied. Nous nous sommes
trompés. Le conflit n’a pas encore
pris une tournure décisive que les
rebelles syriens reçoivent des coups
de pied de l’armée syrienne, sans en
recevoir de pourboire de leurs
patrons atlantiques et arabiques. En ce qui
concerne les coups de pied, la «
Grande bataille de Damas » s’est
finie en une grande défaite des
rebelles, alors que des milliers
parmi eux ont péri dans les derniers
affrontements, et l’armée syrienne
s’est avancée vers leurs bastions à
Daria et a détruit leurs
arrière-rangs, sécurisant ainsi la
capitale Damas. Quant au
pourboire, le président américain
Barack Obama a avoué, récemment, une
certaine hésitation quant à savoir
si les États-Unis doivent, ou non,
intervenir en Syrie. Il a expliqué
être "aux prises" avec cette
décision ; sans donner de réponse
[1] ! Différents
discours sur le conflit syrien Dès le premier
jour de la crise syrienne, la
propagande atlantique impérialiste
et celle arabique réactionnaire
présentaient le conflit en Syrie
comme conflit entre régime et
opposition, ou comme conflit de
pouvoir. Beaucoup d’écrivains,
d’intellectuels, d’artistes et de
journalistes se précipitèrent
délibérément pour réserver leur
place dans le train de la campagne
médiatique contre la Syrie. Parmi
eux, nous trouvions des noms
célèbres de l’intelligentsia arabe
et occidentale. Des poètes, des
romanciers, des artistes, des
chanteurs, des musiciens, des
académiques, des professeurs, des
hommes de droit, mais aussi des
médiums, des charlatans, des
clairvoyants, des faquirs, des
prophètes, des derviches et des
ensorceleurs, tout eut écrit des
milliers d’analyses et de critiques,
d’enquêtes et de reportages sur la
prétendue « révolution syrienne » ;
ceci entraîna d'abord la
métamorphose de la soi disant «
révolution »en la Sainte-Révolution
syrienne, puis son
élévation au rang des Archanges,
enfin son apothéose pour
ainsi dire en l’Âme éternelle de
toutes les révolutions sociales de
l’histoire humaine, depuis la
Révolte des Esclaves de Spartacus,
en 109 – 71 (av. È.C.), jusqu’à la
Révolution des Roses de monsieur
Saakachvili, en 2003 (É.C.) ! Quelle farce !
Quelle misère ! Parmi ce groupe
de faquirs et de derviches, nous
trouvions des noms célèbres tels que
Christophe Barbier, Alain Gresh et
Bernard-Henri Lévi, des figures
héroïques dans le Sefer [2] de
la campagne médiatique contre la
Syrie. Parallèlement à
ce groupe, se formait un autre dont
les membres, étant tombés victimes
de la propagande impérialiste contre
la Syrie, se furent mis à l'écart et
eurent observé le silence et la
neutralité. Parmi ceux-ci, nous
distinguions deux sous-groupes :
ceux qui préférèrent la neutralité
parce qu’ils étaient éblouis et
brouillés par la propagande
impérialiste, et ceux qui la
choisirent parce qu’ils attendaient
que la poussière des combats entre
l’armée syrienne et les groupes
armés s’écartât. Face à ces deux
groupes, se démarquaient ceux qui,
dès le début de la guerre
impérialiste, se précipitèrent pour
défendre la Syrie, pour décortiquer
et contrecarrer la propagande
atlantique et arabique
réactionnaire, pour redresser la
vision de l’opinion publique vers la
boussole qu’est toujours la
résistance face à l’impérialisme,
pour démasquer enfin ces loups qui
se prenaient et que l’on prenait
pour des moutons ; pour montrer que
leurs bêlements ne faisaient que
répéter, dans un langage de «
démocratie » et de « droits de
l’homme », le discours idéologique
des puissances impérialistes ; pour
montrer aussi, dans un autre
domaine, que les fanfaronnades des
hâbleurs du prétendu « Printemps
arabe », réduits en une bande de «
vicaires » aux grands salons de la
Sainte-Alliance, ne faisaient que
refléter des actes dérisoires des
échecs continus de la guerre
impérialiste contre la Syrie. Il
était du devoir des membres de ce
groupe de montrer que le conflit fut
en effet « entre la patrie et ses
ennemis, entre le peuple et les
tueurs criminels, entre le citoyen,
son pain, son eau, son
réchauffement, et celui qui les en
privait, et entre la sécurité et la
peur [3]»,comme l’expliqua bien le président Assad. Sortilèges de
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer Dans un de ses
numéros, Le Devoir, un
journal prestigieux au Québec,
publia un article écrit par monsieur
Jean-Baptiste Jeangène Vilmer [4], dénonçant,
comme il nous fit croire au début,
les crimes contre l’humanité commis,
selon lui, par les deux parties du
conflit syrien, les« insurgés » et
le régime. Jusqu’à ce point, nous
demeurâmes affriolés par les bonnes
intentions de monsieur Vilmer ainsi
que par sa bienséance ; et il ne
nous resta qu’à réclamer, avec
monsieur Pangloss, que « tout allait
bien dans le meilleur des mondes
possibles [5]». Or, en dépit de
cet optimisme candide au départ, il
fallut, à la fin, ajouter le nom de
monsieur Vilmer au premier groupe
mentionné ci-devant, car monsieur
Vilmer eut fabriqué dans son article
intitulée « Lutter avec des
monstres sans en devenir un soi-même
» [6], grâce
à une formule alchimique, une
certaine justification sous-entendue
des actes de barbarie et de terreur,
des massacres et des carnages
systématiques menés par les
mousquetaires de la
Sainte-Révolution syrienne contre
leurs adversaires, civils ou
militaires ; et cela sous prétexte
qu’ « en Syrie, malgré leurs crimes,
les insurgés sont un moindre mal, et
il faut les aider [7]». Quel argument !
Quelle synthèse ! ô rage ! ô
désespoir ! ô vieillesse ennemie !
[8] Pourtant, cette
formule alchimique inventée par
monsieur Vilmer ne fut en effet
qu’un sortilège qui servit à ouvrir
une séance de sorcellerie tout au
long de son parchemin en alchimie
politique. Plus loin, il jeta un
sortilège et transforma en un clin
d’œil les jihadistes d’al-Qaïda en
des saints révolutionnaires « motivés
» par le « droit légitime » de «
l’autodétermination » ; et le
président Assad, qui profite du
support de la majorité du peuple
syrien, en un « dictateur » assoiffé
de sang. Voyons comment
monsieur Vilmer charlatana à ce
propos. D’abord, il ouvre
son grandissime article par une
citation de Nietzsche : « Quand
on lutte avec des monstres, on doit
veiller à ne pas devenir soi-même un
monstre. Quand tu fixes longtemps
ton regard dans l’abîme, l’abîme
fixe aussi son regard en toi ».
Cette citation sert, comme le souhaita
bien l’auteur de l’article, à donner une
légitimité et une valeur académique à ce
qu’il dirait
plus loin dans le texte. C’est la
Fatiha de son discours, l’abracadabra de
son parchemin, le sortilège de sa
nouvelle invention. Puis, il se
précipite à conclure a priori,
sans argumentation aucune, sans
documentation aucune ni référence de
sources, que l’autre partie de
l’équation du conflit syrien,
c'est-à-dire le gouvernement syrien,
est « un adversaire pire que soi ».
Ensuite, il se jette dans
l’affirmation des crimes atroces
commis par les « insurgés » syriens,
il en narre quelques uns, référés à
l’Observatoire syrien des droits de
l’homme (OSDH) : C’est le défi
auquel font face les rebelles
syriens, pour l’instant avec
relativement peu de succès comme en
témoigne l’Observatoire syrien des
droits de l’homme (OSDH) en
diffusant à deux jours d’intervalle
des vidéos montrant des exactions
commises par les deux camps. La
première, tournée et mise en ligne
le 1er novembre, montre un groupe
d’une dizaine de soldats de l’armée
régulière, capturés, allongés sur le
sol, roués de coups de pieds puis
exécutés sommairement à la
mitrailleuse par les rebelles [9] Arrivant à ce que
l’on croyait être argumentation,
nous ne trouvâmes que la rhétorique,
voire la déception ; et la thèse de
monsieur Vilmer, qui commença par un
« tu quoque
[10]
» se finit ironiquement en une
synthèse de sorte de « bene
dicendi scientia
[11]
» avec le paragraphe suivant : Ce constat
récurrent, qu’une guerre est
toujours sale et que des crimes sont
commis des deux côtés, ne doit pas
pour autant nous faire sombrer dans
un relativisme cynique qui
égaliserait toujours les deux
parties. Car les crimes commis par
les insurgés libyens et syriens ne
sont pas comparables à ceux commis
par Kadhafi et Assad, ni dans leur
ampleur ni dans leur raison d’être,
puisqu’ils sont motivés par le droit
légitime d’un peuple à
s’autodéterminer, non par le désir
d’un dictateur de se maintenir au
pouvoir. Ces différences ne les
excusent pas pour autant : il faut
les condamner avec la même fermeté.
Mais elles expliquent que l’on doive
malgré tout soutenir les insurgés
[12].
Premièrement, en
jetant ses sortilèges à propos de
Kadhafi et du président Assad, comme
il le fit dans cette phrase « … non
par le désir d’un dictateur de se
maintenir au pouvoir », monsieur
Vilmer n’ajouta rien de nouveau,
n’inventa rien d’authentique, car
tout eut été déjà dit, tout eut été
déjà inventé à propos des dictateurs
et des despotes du monde arabe, de
leurs désirs bestiaux et de leurs
passions mondaines, de leur soif de
sang, de leur harem et de leurs
grands sérails, tout eut été imaginé
et fantasmé par le discours de
l’Église au Moyen-âge, le discours
orientaliste au XIXe siècle, et le
discours colonialiste et
impérialiste aux XXe et XXIe siècles
; rien de nouveau, rien d’originel,
depuis La Chanson de Roland
jusqu’au dernier parchemin de
monsieur Vilmer, ni même cette
attitude qu’il se donne, dans son
article, à condamner, à punir, à
pardonner, à psalmodier, à offrir sa
clémence lorsqu’il hurla du haut du
ciel :« … il faut les condamner avec
la même fermeté. Mais elles
expliquent que l’on doive malgré
tout soutenir les insurgés ».
O Éternel !
quand tu sortis de Séir, quand tu
t'avanças des champs d'Édom, la
terre trembla, et les cieux se
fondirent, et les nuées se fondirent
en eaux [13].
Cependant, il
nous reste à nous demander de quel «
droit légitime » parla-t-il, notre bourgeois
gentilhomme [14]?
À quelle époque vivait-il lorsqu’il
transcrit son parchemin, si ce
n’était pas à celle de José Arcadio
Buendia [15]?
Dans quel grenier inventa-t-il ses
formules jurisprido-politico-philolo-alchimico-nigologiques
[16], si
ce ne fut pas dans celui de Melquiades
[17]?
N’eut-il pas lu les reportages
publiés par les médias monopoles sur
l’omniprésence croissante des
combattants d’al-Qaïda en Syrie,
surtout le Front al-Nosra [18], avant
qu’il ne nous eût ensorcelés par son
sortilège ?
Examinons ce que
l’agence Reuters a publié apaisante
et pertinente : The rise of al Qaeda's affiliate in
Syria, al-Nusra Front, which the
United States designated a terrorist
organisation last week, could usher
in a long and deadly confrontation
with the West, and perhaps Israel [19].
La montée du
Front al-Nusra en Syrie, un groupe
affilié à al-Qaïda et libellé
terroriste la semaine dernière par
les États-Unis, pourrait ouvrir la
voie à une longue confrontation
meurtrière avec l'Occident, et
peut-être avec Israël (t.d.a).
Pourtant,
monsieur Vilmer décida, tout en
référant encore à Nietzsche, de
choisir « entre le préférable et le
détestable », et il avoua qu’ « une
guerre était toujours sale », et
cela dans le but de justifier,
volontairement ou naïvement – peu
importe –, le financement et
l’armement des « insurgés » syriens
par les pays atlantiques et
arabiques ; ces mêmes « insurgés »
qui commettent des carnages et des
actes de terreur, qui tuent des
enfants, égorgent des femmes,
enlèvent des hommes et les
liquident, sous prétexte qu’ils «
collaborent » avec le régime ! Peu
importe que l’on tue, que l’on
égorge, que l’on enlève et que l’on
torture, tout cela peu importe, car
« une guerre est toujours sale », il
faut toujours choisir le «
préférable » et non pas le «
détestable » ! Écoutons, monsieur Vilmer psalmodier :
La structure de
l’évaluation humaine, expliquait
aussi Nietzsche, est toujours
différentielle : choisir A est
toujours choisir A plutôt que B,
dans un certain contexte. « Ce n’est
jamais la lutte entre le bien et le
mal, disait également Aron, c’est le
préférable contre le détestable. Il
en est toujours ainsi, en
particulier en politique étrangère.
» Cette éthique réaliste est celle
du moindre mal. Aujourd’hui en
Syrie, et en dépit de leurs crimes,
les insurgés sont ce moindre mal [20].
Ainsi, les
groupes affiliés à al-Qaida en Syrie
deviennent pratiquement, et dans la
réalité objective, les « préférables
», et le régime syrien qui les
confronte devient le « détestable »
!
Aie pitié de
moi, Seigneur, car je suis abattu;
Guéris-moi,
Eternel, car mes membres sont en
désarroi,
Mon âme est
bien troublée [21]
Quant à nous, si
le choix est ainsi limité entre le «
préférable » et le « détestable »,
selon les calculs et les équations
de monsieur Vilmer, nous
choisissons, sans hésitation aucune,
le « détestable » contre le «
préférable » !
Ce que
monsieur Vilmer ignore naïvement ou
volontairement
Je me demandais
si monsieur Vilmer eut pris la peine
de feuilleter les journaux, non ceux
libellés alternatifs et résistants,
mais bien plutôt ceux libellés
monopoles, voire les porte-parole de
la guerre impérialiste contre la
Syrie, avant qu’il nous eût
ensorcelés avec ses sortilèges sur
la Syrie.
primo,
le journal américain The New York
Times a indiqué la croissance
des jihadistes en Syrie, qui est
devenue un aimant attirant tous les
islamistes d’al-Qaïda :
“The evidence is mounting that Syria
has become a magnet for Sunni
extremists, including those
operating under the banner of Al
Qaeda. An important border crossing
with Turkey that fell into Syrian
rebels’hands last week, Bab al-Hawa,
has quickly become a jihadist
congregating point [22]”.
Les preuves que
la Syrie est devenue un aimant pour
les extrémistes sunnites
s’accumulent, y compris ceux qui
opèrent sous la bannière d’al-Qaïda.
Un important passage de frontière
avec la Turquie, Bab al-Hawa, qui
fut tombé dans les mains des
rebelles syriens, la semaine
dernière, devint rapidement un point
de rassemblement pour les jihadistes
(t.d.a.).
secundo,
dans un reportage du journal
britannique The Guardian la
réalité sur le terrain devient plus
obscure, lorsque le lecteur se rend
compte que les soi disant «
manifestations pacifiques »,
n’étaient, en effet, qu’une
fabrication médiatique, et que la
Syrie est gravement infestée par des
milliers de combattants d’al-Qaïda :
“… But these were not average
members of the Free Syrian Army. Abu
Khuder and his men fight for
al-Qaida. They call themselves the
ghuraba’a, or “strangers”, after a
famous jihadi poem celebrating Osama
bin Laden’s time with his followers
in the Afghan mountains, and they
are one of a number of jihadi
organisations establishing a
foothold in the east of the country
now that the conflict in Syria has
stretched well into its second
bloody year” ;
“Almost every rebel brigade has
adopted a Sunni religious name with
rhetoric exalting jihad and
martyrdom”;
“Religion is a major rallying force
in this revolution [23];
“Abu Omar gave an order in Arabic,
which was translated into a babble
of different languages – Chechen,
Tajik, Turkish, French, Saudi
dialect, Urdu [24]”.
… Mais ceux-ci
n’étaient pas de combattants moyens
de l’Armée syrienne libre. Abu
Khuder et ses hommes guerroient pour
al-Qaïda. Ils se font appeler les
ghuraba’a, ou les « étrangers »,
d’après un poème jihadiste célèbre,
qui fait l’éloge des jours qu’avait
passés Oussama Bin Laden avec ses
partisans dans les montagnes
afghanes ; ils font aussi partie de
nombreuses organisations jihadistes
qui ont déjà établi un point d’appui
à l’Est du pays, maintenant que le
conflit en Syrie entre sa deuxième
année sanglante.
Presque chaque
brigade rebelle sunnite a adopté un
nom religieux de la rhétorique
exaltant le djihad et le martyre;
La religion est
une force importante de ralliement
dans cette révolution.
Abou Omar a donné
un ordre en arabe qui fut traduit en
un babillage de différentes langues
– en tchétchène, en tadjike, en
turc, en français, en dialecte
saoudite et en ourdou (t.d.a.).
tertio,
le journal étatsunien The
Independent a publié un reportage
sur le rôle du califat turc et des
émirats et sultanats arabiques dans
la transportation massive d’armes
vers le territoire syrien.
Évidemment, ceux qui bénéficient de
cet arsenal sont des combattants d’al-Qaïda
et non pas des moines aux robes
blanches :
“Syrian rebels are being armed by
Saudi Arabia and Qatar, The
Independent has learnt, in a
development that threatens to
inflame a regional power struggle
provoked by the 15-month-old
uprising against the Assad regime.
Rebel fighters from the Free Syrian
Army (FSA) have received weapons
from the two Gulf countries, which
were transported into Syria via
Turkey with the implicit support of
the country’s intelligence agency,
MIT, according to a Western diplomat
in Ankara [25]”.
The Independent a
appris que les rebelles syriens sont
armés par l’Arabie saoudite et le
Qatar, ce qui entraine en effet un
développement menaçant d’incendier
un conflit de pouvoir régional,
provoqué depuis 15 mois par le
soulèvement contre le régime Assad.
Les rebelles de
l’Armée syrienne libre (ASL) ont
reçu, de deux pays arabes du Golfe,
des armes qui ont été transportées
vers la Syrie à travers la Turquie
dont les services de renseignement,
MIT, appuient implicitement de
telles opérations, selon un
diplomate occidental à Ankara (t.d.a.).
Un reportage
publié dans le journal allemand Der
Spiegel a indiqué que des milliers
de Syriens s’étaient enfuis vers le
Liban, pas nécessairement par peur
de l’armée syrienne, mais bien
plutôt dû aux attaques menées par
les troupes rebelles de la soi
disant « révolution » syrienne. Le
reportage a aussi souligné comment
la minorité chrétienne de la Syrie
souffre des attaques des groupes
armés rebelles :
“… the women described what happened
to their husbands, brothers and
nephews back in their hometown of
Qusayr in Syria. They were killed by
Syrian rebel fighters, the women
said — murdered because they were
Christians, people who in the eyes
of radical Islamist freedom fighters
have no place in the new Syria [26]”.
… les femmes ont
décrit ce qui est arrivé à leurs
maris, frères et neveux dans leur
ville natale de Qusayr en Syrie. Ils
ont été tués par des combattants
rebelles syriens, disent-elles, ils
ont été assassinés parce qu’ils
étaient chrétiens, et parce que,
selon les combattants islamistes
radicaux de la liberté, ils n’ont
pas de place dans la nouvelle Syrie
(T. d. A.).
Tout ce que nous
indiquons ci-devant, monsieur Vilmer
ne le nie pas ; au contraire, il
l’affirme, comme il écrit :
« Ce n’est ni la
première ni la seule occurrence de
crimes commis par les rebelles. Cela
fait des mois que les organisations
de défense des droits de la personne
mettent en évidence que des crimes
de guerre sont commis des deux
côtés. Comme c’était déjà le cas en
Libye [27]
».
Ainsi, monsieur
Vilmer « avouait qu'il avait
toujours horriblement souffert; mais
ayant soutenu une fois que tout
allait à merveille, il le soutenait
toujours, et n'en croyait rien
[28]».
Discours de M. Vilmer ou
Misère de la misère
Dans une série
d’articles, libellée « Discours de
la misère » et publiée par le
Centre de recherche sur la mondialisation [29], nous
avons décortiqué le discours
philanthrope de Christophe Barbier
[30] et
d’Alain Gresh [31]
sur le prétendu « Printemps arabe »
et le conflit syrien. Cette série a
été suivie d’une autre, libellée «
Misère du discours », où nous avons
contrecarré les fantaisies
militaires de BHL [32] à
propos de la guerre en Syrie, ainsi
que la parodie du Conseil national
syrien (CNS) [33]. Or,
il nous semble ici qu’une nécessité
se présente à initier, avec
l’article de monsieur Vilmer, une
nouvelle série libellée cette
fois-ci « Misère de la misère », car
la misère discursive atteint, ici,
son summum avec l’appel qu’avait
lancé monsieur Vilmer à armer les «
insurgés », ce qui entraîne à armer
effectivement le Front al-Nusra,
affilié à al-Qaïda, dont les
combattants constituent seuls, et
seulement seuls, la majorité des
groupes armés en Syrie. Voici ce que
monsieur Vilmer réclame avec un ton
héroïque, plus héroïque que celui de
Hector devant les murailles de Troie
:
« Il faut donc
les soutenir, et même le faire de
manière plus décisive, en leur
livrant des armes lourdes pour hâter
l’issue de ce qui est en train de
devenir une guerre d’usure (…)
Reconnaître que la nouvelle
coalition de l’opposition syrienne
est « la seule représentante du
peuple syrien » et lui livrer
rapidement des armes -
clandestinement s’il le faut - est
la seule manière de précipiter la
fin de cette guerre qui, en vingt
mois, a déjà fait près de 40 000
victimes [34]».
Bravo Vilmer !
Félicitations al-Qaïda !
Sois
transportée d’allégresse, fille de
Sion ! Pousse des cris de joie,
fille de Jérusalem ! Voici, ton roi
vient à toi ; Il est juste et
victorieux, Il est humble et monté
sur un âne, sur un âne, le petit
d’une ânesse [35].
En guise de
conclusion, nous rappelons monsieur Vilmer que la nouvelle coalition de
l’opposition ne contrôle rien sur le
terrain, et que le Front al-Nusra
constitue le fer de lance de
l’opposition armée ; cela se
confirme jour après jour ; ce
développement dramatique de la
situation en Syrie a poussé le
président américain Barack Obama à
avouer, comme nous l’avons indiqué
au début, une certaine hésitation
quant à savoir si les États-Unis
doivent, ou pas, intervenir en
Syrie. M. Obama a expliqué être "aux
prises" avec cette décision ; sans
donner de réponse [36], car
parfois, il vaut mieux se taire que
de dire n’importe quoi !
Fida Dakroub,
Ph.D
Notes
[1] Le Point. (28 janvier 2013).
« Syrie: l'opposition
réclame de l'aide et des
armes ». Récupéré le 29
janvier 2013 de
http://www.lepoint.fr/monde/syrie-l-opposition-reclame-de-l-aide-et-des-armes-28-01-2013-1620999_24.php
[2 ]Livre, en hébreu dans le texte.
[3]
Agence SANA. (6
janvier 2013). « Le
président al-Assad lance une
solution politique de la
crise à trois étapes et
affirme que la Syrie
redeviendra plus forte et
jamais concédant ni
principes ni droits ».Récupéré
le 25 janvier 2013 de
http://www.sana-syria.com/fra/51/2013/01/06/460573.htm
[4] Jean-Baptiste Jeangène
Vilmer, enseignant à
l’Université McGill en droit
et membre associé de la
Chaire Raoul-Dandurand à
l’UQAM.
[5] « Que tout va bien dans le
meilleur des mondes possible
», une phrase célèbre de
monsieur Pangloss dans «
Candide ou l’Optimisme »
de Voltaire.
[6] Jeangène Vilmer,
Jean-Baptiste. (19 novembre
2012). «
Lutter avec des
monstres sans en devenir un
soi-même
». Publié dans
Le Devoir. Récupéré
le 26 janvier 2013 de
http://www.ledevoir.com/international/actualites-internationales/364283/lutter-avec-des-monstres-sans-en-devenir-un-soi-meme
[7]
loc. cit.
[8]
Monologue de Don Diègue
après l'insulte du Comte,
dans Le Cid de Pierre
Corneille, acte I, scène 4,
v. 237 – 260, éd. Larousse,
2007, p. 20.
[9] Jeangène Vilmer,
Jean-Baptiste,
loc. cit.
[10]
« Toi aussi », en latin dans
le texte de J.-B. Jeangène
Vilmer.
[11] La rhétorique est à la fois
la science et l'art qui se
rapporte à l'action du
discours sur les esprits, «
bene dicendi scientia
» selon les mots de
l'orateur romain Quintilien.
[12]
loc. cit.
[13] Juges I (5 :4).
[14]
Allusion au personnage de
Monsieur Jourdain dans «
Le Bourgeois gentilhomme
» de Molière.
[15] Dans «
Cent ans de
solitude » de Gabriel
Garcia Marquez, José Arcadio
Buendia est le patriarche de
la famille et fondateur de
Macondo. C'est une personne
à la volonté forte,
inamovible (tant
physiquement que moralement)
et avec un grand intérêt
pour les mystères
philosophiques, idéaliste et
aventureux. Il finit ses
jours attaché à un arbre.
[16] Allusion à la métaphysico-théologo-cosmolonigologie
dans «
Candide ou
l’Optimisme » de
Voltaire, ch. 1
[17] Dans «
Cent ans de
solitude » de Gabriel
Garcia Marquez, Melquiades
est un prophète gitan qui se
lie d'amitié avec le premier
Buendia. Ensemble ils
cherchent la pierre
philosophale. Melquiades est
déclaré mort mais revient
chez les Buendia où il écrit
des parchemins. Melquiades
hante toujours la maison, et
ses écrits racontent toute
la malédiction des Buendia.
[18] Front al-Nosra est un groupe
de rebelles armés en Syrie.
Le groupe a été formé à la
fin de l'année 2011 lors de
la guerre impérialiste
contre la Syrie. Il a été
désigné par les États-Unis
comme une organisation
terroriste à la fin 2012.
[19] Oweis Yacoub, Khaled. (20
décembre 2012). “Al Qaeda
grows powerful in Syria as
endgame nears”.
Publié
par Reuters. Récupéré le 29
janvier 2013 de
http://www.reuters.com/article/2012/12/20/us-syria-crisis-qaeda-idUSBRE8BJ06B20121220
[20]
Vilmer,
loc. cit.
[21]
Psaume (6 : 3 – 4).
[22]
Nordland, Rod. (24 juillet
2012). “Al Qaeda Taking
Deadly New Role in Syria’s
Conflict”.
Publié
dans
The New York Times.
Récupéré le 29 janvier 2013
de
http://www.nytimes.com/2012/07/25/world/middleeast/al-qaeda-insinuating-its-way-into-syrias-conflict.html?pagewanted=all&_moc.semityn
[23]
The Guardian.
(30 juillet 2012). “Al-Qaida
turns tide for rebels in
battle for eastern Syria”.Récupéré
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[27]Vilmer,
loc. cit.
[28]
Dans «
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[34]
Vilmer,
loc. cit.
[35]
Zacharie (9 :9).
[36]
Le Point. (28 janvier 2013).
loc. cit.
Docteur en Études françaises (UWO,
2010),
Fida Dakroub est écrivain
et chercheur, membre du « Groupe de
recherche et d’études sur les
littératures et cultures de l’espace
francophone » (GRELCEF) à l’Université
Western Ontario. Elle est militante pour
la paix et les droits civiques.
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