Fériel Berraies Guigny
Wangari
Maathai : Planter les graines de la paix
Wangari Maathai
Planter
des arbres, en ces temps d’Environnement malmené, enracine
profondément ces voies impénétrables qui nous mènent à la
paix. Et Wangari
Maathai assurément en fut la précurseur. Les éditons Héloise
D’hormesson ont publié ce mois de novembre, la traduction française
de son roman « Celle qui plante les arbres » ( édition
EHO, 2007, Paris).
Flash
back : Vendredi 8
octobre 2004, Wangari Maathai reçoit le Prix Nobel de la Paix.
Elle sera la première africaine à recevoir cette distinction qui
honore son double combat pour l’émancipation de la femme au
Kenya et ses projets pour lutter contre la désertification
qui menace son pays. Avec « Celle qui plante les arbres »
nous découvrons le parcours d’une femme remarquable :
biologiste formée dans les meilleures Universités étrangères,
elle est aussi une opposante farouche au régime Arap Moi. Libre
dans sa tête, rien ne l’arrête, à la tête du Mouvement de la
ceinture verte « Green Belt Movement » qu’elle fonde
en 1977 ; elle se bat toutes ces années pour promouvoir et
protéger la biodiversité. Parmi ses combats, protéger les sols,
redynamiser les zones rurales, valoriser l’image des femmes.
En près de trente ans, cette organisation a soutenu la
plantation de plus de 30 millions d’arbres fournissant du
combustible, de la nourriture, du bois de construction. Elle a
ainsi permis de faire revivre des milliers d’emplois dans la
campagne en assurant un revenu à au moins 80 000 Kenyans (dont 90
% de femmes), leur permettant d’assurer l’éducation des
enfants et leurs besoins domestiques. « ... Et l’arbre
devint un symbole de la lutte pour la démocratie au Kenya. »
En
2002, elle est Député du premier Parlement démocratique kenyan
et en 2003 sera nommée Secrétaire d’Etat à l’Environnement.
A l’échelle de son pays, le Kenya, puis l’Afrique, cette
femme plantera les graines de la paix. En 2006, elle est décorée
Chevalier de la Légion d’Honneur.
Pourquoi
parler d’elle trois après, outre le fait que son roman vient
d’être traduit en France ? peut être pour souligner
encore aujourd’hui l’actualité de son combat. Car la Terre ne
cesse d’agoniser par la main de l’homme et tous les Sommets
possibles et inimaginables de Kyoto à aujourd’hui, n’y feront
rien .
En
2004 pourtant, Wangari Maathai avait
réussi le pari fou, d’ouvrir la voie à une prise de
conscience et à son insu, à
Al Gore, récompensé par le prix Nobel de la paix cet hiver 2007,
le flambeau sera-t-il repris à échelle internationale ?
Le
développement durable deviendrait il le
cheval de Troie des
politiques pour promouvoir la paix ?
L’heure est
indubitablement aux leçons magistrales à donner tant au Nord
avec ces montagnes de déchets, son
industrie polluante, qu’au Sud qui ne doit pas pour autant
considérer que la protection des forêts, des animaux et des
cours d'eau est un luxe de pays nantis.
Le
Green Belt Movement n'est ni Greenpeace ni le World Wildlife Fund
(WWF), il n’a pas la puissance financière et médiatique de la
fondation Al Gore, mais il offre une vision afro-africaine du
problème. Cette association africaine se bat pour l'Afrique, intégrant
protection de l'environnement et développement communautaire.
L'Afrique doit désormais réagir en adulte capable d'agir par
elle-même.
Les communautés africaines n’avaient jamais
commercialisé leur relation à la nature (...) Aujourd’hui
elles sont menacées par la mondialisation, la privatisation et le
biopiratage.
Bien
que Wangari Maathai n'ait pas reçu le prix Nobel pour son seul
engagement écologiste, elle a aussi été récompensée pour son
patriotisme en faveur de la démocratie et du droit des femmes.
Entre 1978 et 2002, le Kenya a vécu sous la férule de Daniel
arap Moi, qui n'a accepté d'ouverture au multipartisme qu'en
1991. S'il n'est pas de comparaison possible avec l'Ouganda d'Idi
Amin ou l'Éthiopie de Mengistu Haïlé Mariam, le régime arap
Moi reposait néanmoins sur la violence, la corruption et le népotisme
: les droits de l'homme étaient bafoués chaque jour ; nombre
d'intellectuels, furent contraints de s'exiler ; et, en 1997, lors
de l'élection présidentielle, plusieurs centaines de
manifestants succombèrent sous les balles de la police.
Les
Nobel de Wangari Maathai ou de Al Gore récompensent donc toute une génération de
militants qui, à défaut de pouvoir s'exprimer sur la seule scène
politique, ont travaillé au corps les sociétés, pour combattre
le problème de l'intérieur.
Crédits : Courtesy of F.B. G Communication
www.fbgcom.net/
fbgcommunication@yahoo.fr
Publié le 16 décembre 2007 avec
l'aimable autorisation de Fériel Berraies Guigny
|