Corse
Femu A Corsica
interpelle publiquement l'Etat :
« La crise actuelle appelle une réponse
politique »
Samedi 24 novembre
2012 La multiplication dramatique des
assassinats dessine un sombre tableau de
l’état actuel de la société corse. Ces
évènements dramatiques inquiètent
profondément tous les Corses, qui
s’interrogent sur les raisons de ces
dérives et sur ce qu’elles révèlent de
l’état actuel de notre pays. Et qui
s’inquiètent, également, du modèle de
société dans lequel les jeunes
grandissent et dans lequel ils auront,
demain, à vivre leur vie d’adulte.
Plus que jamais, il est donc de la
responsabilité des forces vives de ce
pays de dégager des lignes de force, de
tracer des perspectives, et de proposer
un chemin qui soit celui de la vie, de
l’espoir et de la construction d’une
société profondément démocratique.
FEMU A CORSICA s’inscrit
résolument dans cette perspective.
Nous avons choisi d’attendre avant de
prendre publiquement position au plan
politique par rapport aux derniers
évènements dramatiques, et aux réactions
de l’Etat que ces évènements ont
suscité.
D’abord pour respecter le temps du
deuil des familles meurtries.
Ensuite pour avoir le recul
nécessaire par rapport aux annonces
faites par l’Etat et aux orientations
politiques que celui-ci semble
envisager, ceci au delà des déclarations
faites par les uns ou les autres dans le
temps de la réaction médiatique.
La présente conférence de presse de
FEMU A CORSICA a donc pour objectif
principal d’interpeller solennellement
l’Etat sur les choix qu’il s’apprête à
faire en matière d’une part de police et
de justice, d’autre part de politique.
Nous le faisons aujourd’hui, et à la
veille du déplacement en Corse de Mr
VALLS et de Mme TAUBIRA.
En effet, les modalités
d’organisation de cette nouvelle visite,
et notamment le temps dérisoire imparti
aux échanges avec les élus de la CTC,
laissent craindre que ne puisse
s’instaure un véritable dialogue, autour
des véritables enjeux.
I – A propos de la réponse
policière et judiciaire aux assassinat
et aux dérives
La police et la justice sont à ce
jour des compétences régaliennes.
L’Etat doit les exercer de façon
normale, dans le respect de l’Etat de
droit et des libertés individuelles.
A – Les Corses ont de la
mémoire : on ne nous refera pas le coup
de la période BONNET
La politique mise en place par
Bernard BONNET n’était pas le fruit de
la dérive solitaire d’un haut
fonctionnaire.
Elle avait été voulue et organisée au
plus haut sommet de l’Etat : la
culpabilisation collective de toute une
communauté, les procédures d’exception
et leur cortège de violation des droits
fondamentaux : atteintes à la
présomption d’innocence, incarcérations
abusives, racisme et tracasseries
anti-corse au quotidien et, pour
couronner le tout, dérives barbouzardes
du GPS sous l’autorité d’un Préfet…
B – De plus, l’Etat, s’il
veut être crédible dans l’affirmation de
sa volonté de lutter contre les dérives,
doit assumer sa part de responsabilité,
majeure, dans la situation actuelle
Cette part de responsabilité est
majeure :
1°)Dans le temps long : L’Etat est le
premier comptable et le premier
responsable de la politique menée dans
ce pays pendant deux siècles et de ses
fruits amers : sous-développement
économique, destruction culturelle,
absence de démocratie politique réelle.
2°) Dans le temps court :
1) c’est un fait objectif, et une
vérité reconnue par tous les
observateurs : depuis trente ans, l’Etat
a concentré la totalité de sa politique
répressive contre le nationalisme, et a
laissé prospéré, lorsqu’il ne l’a pas
encouragée et soutenue, la grande
délinquance organisée.
2) L’Etat a également cautionné,
voire organisé, des pratiques et des
politiques contraires à l’Etat de droit
: hier les barbouzes de Francia,
aujourd’hui les manipulations douteuses
de certains services de police et
officines parallèles…
3) L’Etat a également choisi, pendant
toute la période contemporaine, de ne
jamais porter le fer contre les
mécanismes structurants qui sapent le
fonctionnement démocratique de la vie
économique et politique : spéculation
immobilière, fraudes et détournement
d’argent public (notamment les marchés
publics), fraude électorale…
Ce sont ces mécaniques sur lesquelles
le Ministre de l’intérieur et l’Etat et
les représentants de l’Etat devraient
s’exprimer publiquement, et non pas
prendre des positions si caricaturales
qu’elles en deviennent dérisoires comme
par exemple :
- « Les Corses savent mais ne parlent
pas » : A qui fera-t-on croire que si
les enquêtes ne sortent pas, c’est parce
que les témoins font défaut ? A qui
fera-t-on croire que le citoyen lambda
saurait des choses que les policiers,
les gendarmes, les juges ne savent pas,
ceci alors même que la Corse est le
territoire de France et d’Europe où il y
a le plus de services de police, de
Gendarmerie, et de renseignement en
activité ?
- « Les notaires corses sont muets »
: A qui fera-t-on croire que le corps
des notaires est, en Corse, un allié
objectif de la Mafia ? Et après les
notaires, à qui le tour : les avocats,
les patrons de PME, les chômeurs… ?
- « L’Etat agit pour défendre le
littoral en démolissant les
constructions sans permis » : pour une
destruction-alibi médiatisée, combien de
permis illégaux délivrés, de PLU
entérinés, d’espaces agricoles livrés à
la spéculation, de programmes
immobiliers spéculatifs validés ?
II – La réponse politique aux
attentes et aux espoirs du Peuple corse
La question corse est une question
fondamentalement politique : elle est
celle d’un peuple qui se bat pour la
reconnaissance de ses droits, et qui
veut construire une société moderne,
ouverte, solidaire et démocratique.
Dès mars 2012, soit avant l’élection
présidentielle, FEMU A CORSICA avait
interpellé tous les candidats à
l’élection pour leur demander de faire
connaître leur vision de la question
corse.
Aucun ou presque n’a répondu, en tous
les cas aucun des deux principaux
candidats.
Le même silence a prévalu au
lendemain de l’élection présidentielle
et des élections législatives.
Les seuls propos publics prononcés
par le Président de la République et le
Gouvernement concernant la Corse l’ont
été au lendemain de la série
d’assassinats qui a frappé l’île.
Ces propos tendent à laisser penser
que, pour l’Etat, le problème se limite
à une réponse policière et judiciaire à
la situation actuelle.
Cette approche, qui alterne mutisme
prolongé et effets d’annonce médiatique,
ne peut tenir lieu de politique.
De même, arguer d’une situation de
crise liée au grand banditisme pour
refuser de prendre en compte
l’aspiration largement partagée à une
évolution politique et institutionnelle
ne peut conduire qu’à l’impasse.
Sur le court, le moyen et le long
terme, la réponse la plus forte et la
plus efficace aux maux qui minent la
Corse est la construction d’une société
émancipée, forte de son identité et
porteuse d’un projet collectif.
Les résultats électoraux réalisés par
FEMU A CORSICA et au delà, par
l’ensemble des nationalistes, le fait
que les idées hier défendues par les
seuls nationalistes soient aujourd’hui
largement partagées par un grand nombre
de Corses démontrent que le statu quo
n’est pas tenable.
La question est donc claire : l’Etat
accepte-t-il de s’engager dans la
recherche d’une solution politique
globale, qui passe notamment par une
réforme constitutionnelle donnant à la
Corse et à son peuple les moyens de se
développer et de s’épanouir ?
FEMU A CORSICA
23/11/2012
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