Opinion
Décès de « Khansâ’
Filistin » :
hommage à la femme palestinienne
Fadwa
Nassar
Photo: CPI
Dimanche 17 mars 2013 Um Nidal, Maryam
Farhat, « kansâ’ Filistin”, résume à
elle seule tout le sacrifice
consenti par la femme palestinienne
pour la libération de son pays. Um
Nidal Farhat nous a quittés ce
dimanche 17 mars, suite à une longue
maladie. Mère de dix enfants, elle
n’a jamais cessé, tout au long de sa
vie, de lutter pour que vivent la
Palestine et les Palestiniens,
libres et dignes. Trois de ses fils,
Nidal, Mohammad et Rawad sont tombés
martyrs. Ils appartenaient aux
Brigades al-Qassam, la branche armée
du mouvement Hamas. Um Nidal fut
célèbre lorsqu’elle parut, pour la
première fois, dans une vidéo,
encourageant son fils Mohmmad, âgé
de 17 ans, d’aller exécuter une
opération martyre, contre les
soldats sionistes, en mars 2002,
opération qui s’est soldée par la
mort de 9 soldats. Les Palestiniens
et arabes furent stupéfaits ce
jour-là, bien qu’ils connaissent le
courage des femmes palestiniennes,
de voir et d’entendre une mère
encourager son fils à aller se
battre en martyr dans la voie de
Dieu, contre l’occupant, et dire : «
si j’avais cent fils, je ne
refuserai aucun d’eux dans la voie
de Dieu ». Née en 1949, Maryam
Farhat avait acquis le respect de
tous les Palestiniens, toutes
tendances confondues. Tous ses fils
appartiennent aux Brigades d’al-Qassam,
mais elle fut la mère de tous les
combattants pour la liberté. Son
fils Nidal fut assassiné en 2003,
alors un des dirigeants des
Brigades. Son troisième fils, Rawad,
fut également assassiné par les
sionistes en 2005 lorsque sa voiture
fut visée par des roquettes. Son
fils Wissam fut libéré en 2005 après
avoir été incarcéré dans les prisons
de l’occupation pendant onze ans. Mais Um Nidal, «
Khansâ’ Filistin », a participé
elle-même à la résistance, en
abritant dans sa maison le
combattant martyr ‘Imad Akl,
dirigeant des Brigades al-Qassam et
l’homme le plus recherché par les
services de renseignements
sionistes. Le dirigeant Imad Akl fut
assassiné en novembre 1993, alors
qu’il se trouvait dans la maison de
Um Nidal, dans le quartier
Shaja’iyya à Gaza. Maryam Farhat fut
élue au conseil législatif
palestinien, en 2006, sur la liste
du mouvement Hamas, à Gaza. Bien que
la maladie l’ait empêchée depuis
quelques années de participer
activement à la vie politique
palestinienne, elle fut une des
figures les plus actives dans la
défense des combattants
palestiniens, en juin 2006, lors de
l’invasion de Beit Hanoun, quelques
semaines avant la guerre sioniste
contre le Liban. Le mouvement des
femmes avait, ces jours-ci, empêché
les soldats de l’occupation
d’encercler et de viser les
combattants. Il y a trente-cinq
ans et plus précisément le 11 mars
1078, une autre femme palestinienne,
une réfugiée, Dalal Moghrabi,
dirigeait un groupe de combattants,
palestiniens et libanais, et menait
une des opérations les plus
spectaculaires en Palestine occupée,
à partir du Liban. Le groupe de
combattants avait pour but de
libérer les prisonniers détenus dans
les prisons de l’occupation.
L’opération « Kamal Adouane »
(dirigeant palestinien assassiné par
les sionistes, au Liban) s’était
soldée par le martyre de Dalal
Moghrabi, dont la dépouille mortelle
n’a toujours pas été remise par
l’occupant à sa famille. Jamal Skaf,
jeune libanais du nord et membre du
groupe fut blessé et arrêté. Les
dirigeants de l’occupation
l’enferment probablement dans une de
leurs prisons secrètes, puisque son
corps n’a jamais été remis à sa
famille. De Dalal Moghrabi à
Um Nidal Farhat, la lutte des femmes
palestiniennes pour libérer la
Palestine n’a jamais cessé. Elles se
sont sacrifiées sans compter,
sachant que leur participation à la
lutte signifie la participation de
toute la société, et non seulement
d’une poignée de combattants. C’est
par sa présence sur le terrain, dans
les opérations armées, les prisons,
les manifestations et les mouvements
politiques, que la lutte de
libération palestinienne s’est
enracinée et généralisée dans toute
la société. C’est par la présence
des femmes combattantes,
prisonnières ou tout simplement
militantes, ou bien en tant que
mères, filles, épouses ou sœurs des
combattants et prisonniers, que la
lutte de libération de la Palestine
est, depuis sa naissance, une lutte
menée par la société palestinienne.
Elles sont les paysannes qui
s’accrochent aux arbres que les
colons veulent arracher, elles sont
les « mères de tout le peuple »
lorsqu’elles déballent aux barrages
installés par les sionistes toute la
saveur et l’histoire de la Palestine
(voir le poème de Tamim Barghouty),
elles sont Maryam Farhat, Dalal
Moghraby, Hanadi Jaradat, Hana’
Shalabi, Shirine Issawi, Lina
Jarbouni, Fatima Jaradat (sœur du
martyr Arafat Jaradat), pour ne
citer que quelques-unes de ces
héroïnes modernes. C’est à ce
prototype de la femme palestinienne
que nous appartenons, celui que
refusent les cercles occidentaux
dominants de regarder et de
soutenir. Des milliers de femmes,
ignorées ou tout simplement
oubliées, ont joué un rôle
primordial dans la lutte
palestinienne. Elles sont la mémoire
de la Palestine, son présent et son
avenir. Lors d’une interview
sur la chaîne palestinienne Ma’an,
dr. Ramadan Shallah, secrétaire
général du mouvement du Jihad
islamique, a répondu à la question
concernant la femme palestinienne,
disant qu’elle exerce un rôle
beaucoup plus important que celui
dans lequel veulent l’enfermer les
associations de défense des « droits
de l’homme », ou « de la femme ». Il
a ajouté que les femmes
palestiniennes, quelles que soient
leur appartenance politique ou
idéologique, doivent bénéficier de
tous les droits humains, légaux,
nationaux et moraux, et qu’il est
honteux qu’en Palestine ou dans la
société palestinienne, on parle du
mensonge des « droits de la femme »,
comme cela se fait dans les salons
intellectuels ailleurs. Sur tous les
terrains et dans tous les champs,
appartenant aux mouvements
islamiques ou aux formations
laïques, la femme palestinienne a
montré au monde entier que les
thèses occidentales agitées au nom
des « droits de la femme » ne
servent qu’à l’embrigader en
l’arrachant à sa société. Tout au
long de l’histoire de la Palestine,
elle a affirmé qu’elle est non
seulement partie prenante de sa
société mais qu’elle en est le
pivot. La propagande occidentale
tous azimut ne saurait l’en
arracher. Hommage à toutes les
femmes palestiniennes, martyres,
combattantes, prisonnières et
résistantes, qui ont élevé le rang
de la femme arabe en lutte pour la
dignité.
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