Opinion
Le sursaut du
peuple égyptien : la dignité retrouvée
Fadwa Nassar
Dimanche 10 septembre
2011 Des milliers de
jeunes égyptiens prennent d’assaut
l’ambassade sioniste au Caire :
l’ambassadeur s’enfuit sous escorte,
les martyrs tombent, les blessés
sont par centaines, les
chancelleries mondiales
s’inquiètent, la crise couve en
Egypte, et le monde arabo-musulman
bénit l’action courageuse du peuple
égyptien et y voit le signe de sa
dignité retrouvée, notamment après
l’assassinat par l’armée sioniste de
plusieurs soldats égyptiens suite à
l’opération courageuse d’Um Rashrash
(Eilat) en Palestine occupée, il y a
quelques semaines. Les événements ont
repris leur cours normal, en Egypte,
après la révolution qui a renversé
au mois de février dernier le
« pharaon », celui qui avait plongé
l’Egypte dans une soumission
intenable aux puissances
occidentales et surtout à l’entité
sioniste. Le pouvoir du déchu
Moubarak avait livré l’Egypte aux
sionistes, comme le pouvoir du Shah
avait livré l’Iran aux Etats-Unis.
Domination politique, économique et
même militaire, l’Egypte fut
asphyxiée et pillée, elle fut
d’abord et avant tout humiliée. Les
accords de Camp David bénis par les
Etats-Unis et la prétendue
communauté internationale ont placé
l’Egypte sous le diktat sioniste,
cette Egypte qui avait été la fierté
du monde arabo-musulman au temps de
Nasser, et avant, au temps des
révolutions populaires contre la
présence britannique. C’est cette Egypte,
populaire et généreuse, qui a pris
d’assaut l’ambassade sioniste,
exprimant le vœu de toute la nation
arabo-musulmane d’en finir avec les
accords humiliants passés avec
l’ennemi sioniste. C’est cette
Egypte, populaire et nationale, qui
s’est soulevé dans un sursaut
général, pour dire que la révolution
égyptienne ne peut être confisquée
ni par les militaires, ni par les
puissances occidentales qui
cherchent à dévier son parcours, ni
par des puissances régionales arabes
et musulmanes qui cherchent à la
réduire à une pseudo-démocratie
parlementaire, placée sous
domination impériale. Le peuple égyptien,
fier et courageux, a dit non à la
présence des sionistes sur le sol
égyptien, car c’est de là que
doivent partir les révolutions, n’en
déplaise à tous ceux qui jacassent
sur d’autres agendas et qui
renversent les priorités. Partir de
la cause palestinienne et renverser
les régimes soumis aux sionistes,
doivent demeurer la priorité des
révolutionnaires arabes. Le comité
de lutte contre le sionisme, en
Jordanie, l’a compris et a salué le
courage du peuple égyptien, appelant
à faire de même à Amman, où se
trouve l’ambassade sioniste, et
appelant surtout à réclamer le
démantèlement de l’accord de Wadi
Araba, cet accord qui a entièrement
soumis la Jordanie à l’Etat
sioniste. Comme en Iran, le
peuple égyptien ne s’est pas
contenté de renverser la tête, il
est allé au cœur : les
révolutionnaires iraniens, il y a
trente ans, avaient pris d’assaut
l’ambassade américaine, source du
mal, et dépouillé tous les documents
de ce nœud de vipères qui complotait
contre le peuple iranien et les
peuples de la région. Aujourd’hui,
les jeunes révolutionnaires
égyptiens ont pris d’assaut
l’ambassade sioniste et semble-t-il,
se sont emparés de la pièce qui
renferme les documents de
l’ambassade. Ce n’est sûrement pas
ce qu’avaient prévu les
chancelleries occidentales, ni
orientales d’ailleurs, lorsqu’elles
avaient accepté, à contre-cœur, la
chute de Moubarak. Ce n’est pas ce
que voulaient les monarchies
pétrolières du Golfe ni leurs amis
égyptiens qui ont essayé, par tous
les moyens, de briser l’élan
révolutionnaire des jeunes en
suscitant des querelles internes au
sein de la société égyptienne. Malgré de nombreuses
différences entre la révolution
iranienne il y a trente ans, dirigée
par l’imam Khomeiny, et la
révolution égyptienne actuelle, nous
pouvons relever quelques
similitudes : trente ans, jour pour
jour, le peuple égyptien renverse,
par des manifestations populaires
par millions, le pouvoir soutenu par
les impérialo-sionistes. Dans les
deux cas, les martyrs tombent par
centaines, ce qui ne fait que
renforcer la combativité du peuple.
Dans les deux cas, la chute des
dictateurs soulève d’enthousiasme
les peuples de la région, qui y
voient une nouvelle phase vers la
libération de la région, et
notamment de la Palestine. Puis
c’est l’acte II : en Iran, dès le
premier jour, l’ambassade sioniste
est remplacée par l’ambassade de la
Palestine et, plusieurs mois après,
les révolutionnaires poursuivent la
marche et attaquent, en Iran, le
principal bastion de la
contre-révolution et de la
soumission (l’ambassade américaine),
et en Egypte, un des principaux
bastions (l’autre étant l’ambassade
américaine) de la soumission. L’acte II de la
révolution égyptienne n’a été
fomenté ni par al-Jazeera, ni par
al-Arabiya, ni par Qatar, ni par
l’Arabie saoudite, ni même par les
réseaux Facebook et les associations
droits de l’hommistes créées par les
ambassades étrangères. C’est le
peuple égyptien qui a décidé que
l’Egypte doit retrouver sa dignité
et laver son honneur.
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