Notre-Dame-des-Landes
Je suis allé à
Notre-Dame-des-Landes, et j'y
retournerai
Fabrice Nicolino
Jeudi 8 novembre
2012 En pensant à
Lilou
Pour ceux qui ne
sont pas au courant, car il y en a.
Ayrault, actuel Premier ministre et
ancien maire de Nantes, veut imposer un
deuxième aéroport à cette ville de 300
000 habitants. Il a ressorti pour cela
un projet des années 60, qui nécessite
de détruire un bocage de près de 2 000
hectares somptueusement préservés. Sur
place, la bataille fait rage entre 200 à
300 jeunes qui occupent les arbres et
les clairières, d’une part, et environ
1000 flics de l’autre.
Mardi passé,
avant-hier, j’étais à
Notre-Dame-des-Landes. Je ne peux pas
vous raconter pour le moment, car j’y
étais en mission commandée. Mais c’était
d’une rare beauté. Le bocage convoité
par les abrutis du projet d’aéroport est
somptueux, gorgé d’eau, décoré de houx
géants, d’aubépines, de chênes. On s’y
enfonce dans une boue noire qui paraît
pouvoir vous aspirer, on y rencontre un
peuple sautillant de Hobbits - des
jeunes squatters venus de France, de
Belgique, d’Angleterre, d’Allemagne,
d’Afrique du Sud, d’Australie - qui
refusent l’argent et toutes les
conneries du monde. Dans ce pays neuf
fait pour Peter Pan, le Lapin Blanc,
John le Lézard ou le chat du Cheshire,
traverser le miroir est un véritable jeu
d’enfants.
Vous suivez un
chemin, en pleine forêt, encerclé par
les bouleaux et les châtaigniers, et
vous tombez sur une clairière où les
Hobbits ont planté une maison sublime,
faite de matériaux récupérés dans les
déchetteries et poubelles de notre si
pauvre univers. Ou vous vous retrouvez
comme par magie au pied d’une cabane
poussée dans les arbres, tenue par des
cordes et des nœuds, sans l’ombre d’un
clou ou d’une vis. Je vous résume : ceux
qui refusent le grand massacre sont
d’une part un collectif d’habitants, que
j’ai rencontrés. Ils sont épatants, et
s’appuient avec bonheur sur les 200 à
300 Hobbits dispersés dans les forêts
alentour. Ajoutons quelques dizaines de
paysans, dont la propriété serait en
partie ou en totalité touchée par les
sagouins de l’aéroport. Ne pas oublier
les flics. Depuis le 9 octobre, ils sont
entre 500 et plus de 1 000 à tenter de
virer les Hobbits. Avec des dizaines
d’engins, parfois des hélicos. Ils ont
aidé à détruire quantité de cabanes,
mais aussi des maisons en dur, qui
étaient là depuis des lustres. Ces
pauvres barbares n’ont visiblement pas
conscience de la triste besogne qu’on
leur fait accomplir.
Bon, stop, car j’ai
à faire. J’ai à écrire. Encore un mot :
le samedi 17 novembre, une grande
manifestation nationale a lieu sur
place. Il s’agira de réoccuper le bocage
au nez et à la barbe des gardes mobiles.
Et de rebâtir, poutres et planchettes en
main, ce qui a été détruit. Si la
flicaille ne gâche pas cette fête, cela
sera sans doute grandiose. Parmi les
lecteurs de Planète sans visa,
quantité ont déjà demandé : mais
qu’est-ce qu’on peut faire ? Il y a des
jours où je ne sais pas quoi répondre,
mais en ce matin du 8 novembre 2012, je
vous le dis sans hésiter : il faut aller
à Notre-Dame-des-Landes. Il faut montrer
que nous sommes là, bien là, et que ce
lamentable aéroport ne doit pas être
construit. Merde ! L’heure n’est pas à
la dérobade. Il faut y être. Il faut en
être. Pas de mot d’excuse.
Le site des Hobbits
:
http://zad.nadir.org/
Le site de l’Acipa,
la grande association locale :
http://acipa.free.fr/
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