Opinion
Israël : le loup
qui veut se faire passer pour un agneau
Emrah Kaynak
![](loup-agneau.jpg)
Mardi 10 septembre 2013
Le "Rebranding" est un mot qui a
actuellement la cote en Israël.
Conscient de son image plus que
discutable, Israël investit dans les
champs culturel, touristique et sportif
pour redorer son blason terni par des
années d’oppression et de colonisation
de la Palestine ainsi que par les
incessantes manœuvres de déstabilisation
contre ses voisins arabes. Une stratégie
promotionnelle de marketing a été mise
en place, à coup de millions de dollars,
pour développer un complexe d’évocations
positives autour de la marque Israël.
Le rebranding ou « changement
d’image », désigne le processus de
refonte d’une image de marque dans le
but de la rendre plus attractive. A
partir de 2006, le gouvernement
israélien a élaboré, de concert avec des
agences de relations publiques, un
nouveau plan visant à repositionner
l’image du pays à l’étranger pour
contrer la campagne BDS (Boycott,
Désinvestissement et Sanction) qui
venait de voir le jour. Le but affiché
étant de gagner la bataille de la
communication à travers un chapelet
d’initiatives à caractère
international : organisation
d’événements sportifs, scientifiques,
artistiques, etc...
Il s’agit de créer une perception
déconnectée du conflit israélo-arabe en
mettant en avant des valeurs positives
tels que le « life style Tel Aviv »,
l’« innovation technologique » ou la
« réussite économique » . Sous le
gouvernement Tzipi Livni, le projet
« Brand Israel » a bénéficié en
complément du budget de propagande
habituel, d’un financement de 4 millions
de dollars rien que pour les deux
premières années.
Le boycott culturel prôné par le camp
palestinien vise à mettre en échec
l’effort institutionnel de l’état juif
dont le but explicite est de détourner
l’attention des crimes de guerre commis
dans la région. De bon ou de mauvais
gré, tous les artistes qui se produisent
sur place se trouvent embrigadés dans la
campagne de remodelage de l’image du
pays. Durant l’apartheid, l’archevêque
Desmond Tutu jugeait inapproprié pour
les artistes internationaux de se
produire en Afrique du Sud dans une
société fondée sur les lois
discriminatoires et l’exclusivité
raciale. Pourquoi n’en irait-il-pas de
même pour Israël qui viole de façon
éhontée le droit international et impose
d’infâmes conditions de vie au peuple
palestinien ?
Israël organise de façon récurrente
une panoplie de conférences
internationales au nom de valeurs à
charge positive comme le développement,
la lutte contre la crise,
l’investissement pour l’éducation, la
promotion de la démocratie,… Facing
Tomorrow est un colloque organisé sous
l’auspice du président israélien auquel
participe des célébrités de tout
horizons (Sharon Stone, Shakira, Pep
Guardiola, …) qui se prêtent bien
volontiers au jeu. A l’occasion de son
90ème anniversaire, un concert de
louanges a été adressé par un aréopage
de personnalités à Shimon Peres, le prix
Nobel des va-t-en-guerre. La stratégie
sioniste ne varie pas d’un iota : elle
consiste à discréditer l’autre parti et
à blâmer inlassablement les Palestiniens
de l’échec du processus de paix.
Le développement du tourisme poursuit
les mêmes fins politiques. Les
intervenants du secteur veulent occulter
l’essence militariste d’Israël en
présentant un pays sûr, avec un peuple
tolérant et affable. Pour conquérir les
cœurs et les esprits, un message
parfaitement calibré est destiné aux
publics cibles. Des programmes
d’éducation à l’endroit des agents de
voyage ont été mis en place afin de
propager le mythème sioniste d’une
nation en quête de paix dans un milieu
hostile.
Israël qui a instauré depuis des
lustres une politique de ségrégation et
de colonisation unique au monde n’est
pas un pays comme les autres. Le pays,
construit sur un mandat de droit divin
et fondé par oukase impérialiste, est
une véritable aberration historique.
Par la force des choses, culture et
politique sont indissociables. En tout
cas il n’y a pas de doutes dans l’esprit
des dirigeants sionistes qui se sont
engagés dans une guerre de communication
tout azimut.
Israël devrait, en lieu et place de
ce « cache-misère » nommé rebranding,
faire un examen de conscience et changer
ce qui le discrédite aux yeux du monde.
Au contraire, sa campagne de relations
publiques institutionnelle prouve que ce
pays qui se veut à part n’a pas
l’intention de devenir normal.
Emrah Kaynak
© LE GRAND SOIR - Diffusion
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encouragée.
Merci de mentionner les sources.
Publié le 11 septembre 2013
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