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Brenner : Islam et judaïsme
Don Curzio Nitoglia

Lundi 1er mars 2010

http://www.doncurzionitoglia.com/brenner_islam_giudaismo.htm

Michael Brenner, professeur d’Histoire et culture hébraïques à l’Université de Munich, écrit ce qui suit, dans son ouvrage « Breve storia degli Ebrei » [Brève histoire des juifs] (éditions Donzelli, Rome, 2009) :

« Ce fut le voyage d’un non-juif (Mahomet) qui donna lieu à la plus grande transformation de la société juive après la destruction du Deuxième Temple. Quand Mahomet, en 622, se transféré de La Mecque à Yathrib (qui devint par la suite Médine), commença la marche triomphale de l’Islam. Entre le VIIème siècle et le XIIIème siècle, presque les 90 % des juifs vivaient dans des territoires islamiques […]. Eux qui avaient été naguère dispersés dans divers Etats et règnes se retrouvaient désormais unis sous la domination musulmane […].

L’autorité quasi-universelle que le Talmud et les rabbins […] vinrent ainsi à assumer dépendit elle aussi de ces conditions politiques [nouvelles] qui rendirent possible une [certaine] « standardisation » du judaïsme. Certaines familles mecquoises qui accueillirent Mahomet appartenaient aux tribus juives installées dans la Péninsule arabique […]. Certains éléments de la tradition juive, à l’instar de celles des traditions [hérétiques et gnostiques] des chrétiens qui vivaient dans cette même région, faisaient désormais partie de la culture régionale. Il n’est donc aucunement étonnant que Mahomet […] connût non seulement les récits bibliques, mais aussi les interprétations [gnostiques] hébraïques et chrétiennes de la Bible » [1].

Brenner explique ensuite le motif de la rupture entre l’Islam et le judaïsme et/ou le gnosticisme chrétien orientale :

« Toutefois, [Mahomet] avait espéré que les juifs auraient adopté la nouvelle religion. Mais le refus [de se convertir] de la plus grande partie d’entre eux […] conduisit à un conflit armé » [2].

Les oppositions entre l’Islam et le judaïsme furent moins importantes que celles qui existaient entre le christianisme orthodoxe et le judaïsme : « le Coran n’avait pas supplanté l’Ancien Testament ; les musulmans ne se considéraient nullement les « nouveaux » Hébreux [ni le « Verus Israel »] et l’accusation cruciale de déicide (portée à l’encontre des juifs) était inexistante [dans l’Islam]. […] Il n’est donc nullement étonnant que beaucoup de juifs aient salué, dans les conquérants musulmans des territoires d’un Empire romain déjà christianisés, des libérateurs [3].

En bref, entre le christianisme et le judaïsme, il y a un conflit théologique radical, qui n’existe pas entre le judaïsme et l’Islam, entre lesquels le conflit existant est le fruit de l’orgueil typiquement arabe de Mahomet, qui fut blessé par le refus opposé par les juifs à sa doctrine extrêmement proche de la leur, mais principalement transformée afin de séduire des Arabes. De plus, dans le monde musulman, « il n’existait pas d’institutions analogues aux corporations chrétiennes, qui excluaient les juifs […], la situation d’ « étrangers », si typique des juifs du Moyen Age, n’existait absolument pas dans le monde musulman » [4].

C’est la raison pour laquelle le « conflit entre civilisation » voulu par les Etats-Unis et par Israël est une confrontation avec le « monde arabe » en tant que celui-ci n’a pas encore été libéré et illuminé par la modernité occidentale ; il ne s’agit en rien d’une distanciation d’avec l’Islam, qui est vu, en tant que tel, avec sympathie, en sa qualité de digue élevée contre le christianisme traditionnel et non-judaïsant.

[1] M. Brenner, Breve storia degli ebrei, Roma, Donzelli, 2009, p. 59.

[2] Id., cit.,p. 60.

[3] Id., cit., pp. 60-61.

[4] Id., cit., p. 65, voir aussi, sur le même thème, Esther Benbassa – A. Rodrigue, Die Geschicte der sepharadischen Juden, Bochum, 2005; G. Bossong, Die Sepharaden, München, 2008; M. R. Cohen, Unter Kreuz und Halbmond. Die Juden in Mittelalter, München, 2005; et du même auteur Brenner, Breve storia del sionismo, Roma-Bari, Laterza.

Traduit de l’italien par Marcel Charbonnier

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Source et traduction : Marcel Charbonnier


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