Environnement
Monsanto a falsifié des données scientifiques,
affirme l'ancien directeur de la filiale indienne
Dinesh C. Sharma
Mercredi 24 février 2010
Tiruvadi Jagadisan, ancien directeur de la filiale indienne de
Monsanto affirme que l’entreprise « avait l’habitude de
falsifier les données scientifiques » transmises aux organismes
gouvernementaux afin d’obtenir les autorisations de
commercialisation pour ses produits. M. Jagadisan indique avoir
démissionné de ses fonctions car il avait « le sentiment que la
direction de Monsanto aux Etats-Unis exploitait notre pays ».
Le débat sur les variétés d’aubergines (brinjal)
génétiquement modifiées continue de déchainer les passions.
L’ancien directeur général de Monsanto Inde, Tiruvadi Jagadisan,
est le dernier à avoir rejoint le camp des détracteurs de la
variété brinjal Bt, et c’est sans doute la première personnalité
de cette industrie à agir ainsi.
M. Jagadisan, qui a travaillé chez Monsanto
pendant près de deux décennies, dont huit ans comme directeur
général des opérations en Inde, s’est prononcé contre cette
nouvelle variété lors d’une consultation publique qui s’est
tenue à Bangalore ce samedi.
Lundi, il a précisé ses dires en affirmant que
la société « avait l’habitude de falsifier les données
scientifiques » transmises aux organismes gouvernementaux de
réglementation afin d’obtenir les autorisations de
commercialisation pour ses produits en Inde.
L’ancien patron de Monsanto indique que les
agences de réglementation gouvernementales, avec lesquelles la
société avait l’habitude de traiter dans les années 1980,
s’appuyaient uniquement sur les données fournies par
l’entreprise pour décider des homologations des herbicides.
« Le Bureau Central des Insecticides était censé
donner son accord à partir de données spécifiques provenant de
plantations et de variétés indiennes. Mais il acceptait tout
simplement des données en provenance de l’étranger fournies par
Monsanto. Ils n’avaient même pas un tube à essai pour valider
les données et, parfois, les données proprement dites étaient
truquées, » a déclaré M. Jagadisan.
« J’ai quitté la compagnie car j’avais le
sentiment que la direction de Monsanto aux Etats-Unis exploitait
notre pays », a précisé M. Jagadisan, aujourd’hui âgé de 84 ans.
« À cette époque, Monsanto entrait dans la
filière des semences et j’avais l’information selon laquelle un
gène « Terminator » devait être incorporé dans les semences
fournies par la firme. Cela signifiait que l’agriculteur devait
acheter au prix fort de nouvelles graines à Monsanto chaque fois
qu’il mettait en culture », se souvient-il.
M. Jagadisan déclare que la société mère est par
ailleurs revenue sur l’assurance donnée à Vasant Sathe, à
l’époque ministre en charge des produits chimiques et des
engrais, sur la création d’une unité de fabrication du
butachlore en collaboration avec Hindustan Insecticides.
« Les négociations ont duré un an et pendant ce
temps, Monsanto a importé et vendu des quantités importantes de
ce produit et réalisé des bénéfices énormes, » note-t-il.
Prié de s’exprimer sur les affirmations de M. Jagadisan,
un porte-parole de Monsanto a déclaré : « nous avons pleine
confiance dans le système de réglementation indienne, qui est
doté des contrôles et mesures pour s’assurer de l’exactitude et
l’authenticité des données qui lui sont fournies. » Concernant
l’approbation des cultures OGM, le porte-parole a déclaré que le
processus réglementaire était rigoureux et qu’ « aucune plante
« biotech » n’est autorisée sur le marché avant d’avoir subi
d’importants et stricts contrôles de sécurité, suivant des
protocoles scientifiques rigoureux »
Par Dinesh C. Sharma, India Today, 9 février
2010
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