Opinion
Lettre au maire de
Paris sur le cas de Salah Hamouri
Danielle Bleitrach
Dimanche 15 août 2010
Monsieur le maire, je vous ai écrit au début du mois d’août pour
dénoncer le deux poids deux mesures que vous pratiquez en
matière des droits de l’homme . Il s’agissait alors du cas des 5
Cubains et en particulier de l’un d’entre eux Gerardo
injustement placé au « trou » dans la fosse d’une prison de
haute sécurité aux Etats-Unis pour avoir tenté de protéger leur
patrie du terrorisme étasunien. Cas sur lequel vous pratiquiez
un silence d’autant plus suspect qu’il tranche avec votre
bruyant appui aux « dames en blanc » stipendiées elles par les
dits Etats-Unis. Depuis, mais vous n’y êtes pour rien, Gerardo
est sorti de sa cellule de châtiment tant la pression
internationale a été forte.
Vous
n’avez même pas daigné encore me répondre et m’expliquer en quoi
la cause de stipendiés du gouvernement des Etats-Unis pour
attaquer de l’intérieur leur patrie cubaine subissant terrorisme
et blocus, vous paraissait plus digne d’attention que celle de 5
Cubains tentant de prévenir le terrorisme d’une mafia cubano-américaine
qui sévit dans toute l’amérique latine, provoquant mort, torture
en leur nom propre et celui de la CIA ? Est-ce que vous êtes de
ces socialistes dont le silence à l’époque a accompagné
l’assassinat d’Allende et le martyre du peuple chilien ?
Mais
aujourd’hui je voudrais vous parler d’un autre cas, celui d’un
jeune français qui croupit injustement dans les prisons
israéliennes Salah Hamouri. Il a de nombreux points communs avec
le précédent, ce qui m’incite à m’interroger sur les motifs
réels de vos choix d’engagement.
Vous avez
pris fait et cause pour le soldat Shalit qui est prisonnier du
hamas, un soldat avec double nationalité française et
israélienne. Vous avez affiché son portrait dans et sur la
mairie de Paris. Le défendez vous en tant que Français ou le
faites vous par sympathie pour Israël ? Si c’est en tant que
Français, la libération de Salah Hamouri mérite un combat
équivalent. La marie de Paris, son parvis et son premier
magistrat doivent consacrer une part égale à ces deux cas.
Peut-être est-ce parce que vous n’acceptez pas qu’il y ait des
otages, j’ai la même prévention contre ce moyen de pression sur
les individus, je ne suis pas d’accord avec le fait que des
personnes puissent être prises en otage, deviennent des
garanties contre les lois, je crois au contraire que les lois
sont faites pour être des garanties contre l’usage de la force
par de personnes qui la déteniennent et en abusent. Et c’est là
qu’on peut s’interroger sur l’incarcération injuste, sur l’abus
de droit, du cas de Salah Hamouri. Parce que Salah Hamouri est
lui aussi otage et de ce qu’on peut qualifier de terrorisme
d’Etat et de viol répété et continu de la légalité
internationale.
Et
c’est là que le cas de salah Hamouri et celui des 5 Cubains
emprisonnés aux Etats-unis se rapprochent étrangement. Cuba est
soumis à un terrorisme d’Etat, un blocus condamné tous les ans à
Genève y compris par notre propre pays la France- sauf par
les Etats-Unis et Israël. Ce blocus s’accompagne d’actions
terroristes, de meurtres et de nombreux blessés, un Cubain a le
droit et le devoir de tenter de protéger sa patrie de ce fléau,
de ce viol de la légalité internationale, de cet abus de droit.
Et si par injustice révoltante, l’Etat qui accomplit le crime
renforce l’arbitraire en emprisonnant le patriote, le viol des
droits de cet homme là ne peut être toléré. Il en est de même
pour les Palestiniens, Israël ne cesse d’ignorer les résolutions
de l’ONU, il agit dans un viol perpétuel de toute légalité
internationale et ne le fait que parce que la protection des
Etats-unis lui assure l’impunité.
Est-ce
que vous croyez réellement contribuer à aider Israël en
l’encourageant dans les crimes contre le peuple palestinien ou
les Etats-Unis quand ils s’acharnent contre Cuba ? La seule
manière que vous auriez d’aider ces pays et leurs peuples ce
serait de les inciter à choisir une attitude de justice en
conformité avec la légalité internationale, votre complaisance à
soutenir des bourreaux pratiquant le terrorisme d’Etat ne
témoigne en aucun cas d’une véritable amitié pour les peuples
israélien et nord-américain, mais simplement d’une partialité
qui fait de votre attitude « morale » de défense des droits de
l’homme une simple morale de l’attitude pour show médiatique.
C’est votre droit de choisir un tel ridicule pas celui
d’impliquer la capitale française dans une vision aussi
étriquée, desséchée, inintelligente des droits de l’homme.
Les
gens que vous défendez ne le sont pas à partir de principes
universels mais à partir d’ une vision subjective, imprégnée
d’esprit partisan et de cécité volontaires sur les faits. Vous
défendez des on-dits, des préjugés non étayés en droit mais
construits de toute pièce par la rumeur médiatique, alors que
vous semblez ignorer les cas de viol de lois avérés quand ils
émanent des maître du monde.
Il me
semble qu’avoir à coeur la défense des droits de l’homme, c’est
d’abord se battre pour l’application du droit international,
bafoué systématiquement par Israël, comme celui de Cuba
est bafoué par les Etats-Unis, comment un représentant politique
français peut-il ignorer cette exigence ? Car si nous n’avons
pas la force d’imposer ce droit, sans y renoncer, au moins
combattons pour ce devoir absolu de ne pas changer en crime ce
qui n’est que la tentative de la victime, de celui qui est
spolié, de revendiquer la justice que l’iniquité d’Israël et des
Etats-Unis leur refuse.
C’est
ce droit de l’homme là qui fonde notre revendication à défendre
Salah Hamouri et il n’admet nulle exception.
Israël
veut se constituer en exception et prétend justifier par une
hypocrite référence à l’histoire des juifs ce viol perment du
droit qu’il pratique, en particulier ce droit fondamental des
palestiniens à avoir une patrie, un Etat indépendant . Il prend
pretexte de sa sécurité pour créer l’enfer aux Palestiniens,
pour les exproprier, les enclore dans des zones fermées,et
toutes ses infamies il les justifierait au nom de l’holocauste
en deshonorant tous ceux, et j’en fais partie, qui ont vécu eux
et leur famille les crimes du nazisme. Il pratique la prise en
otage de ce fait des juifs, de leurs martyre et cela nul n’a le
droit de le faire dans un sens ou dans un autre.
Jugeons de la politique israélienne comme celle d’un Etat comme
les autres c’est le minimum que l’on doive aux juifs, à tous les
juifs qui ne se reconnaissent pas dans le fanatisme d’une
minorité d’extrême-droite. Un nombre grandissant de
juifs tolère de plus en plus mal la manière dont la politique
du gouvernement israélien et celle des bruyantes organisations
juives qui prétendent parler en leur nom défendent
l’indéfendable . Les juifs s’ils ont deux sous de bon sens et
d’humanité souhaitent que les Etats ne fassent pas d’exception
au nom des races, des religions, et estiment que le respect de
la légalité, le droit des citoyens quelle que soit leur origine
, un des acquis de la Révolution française, est ici comme
ailleurs la meilleure défense contre le racisme , les préjugés
et l’arbitraire dont ils ont tant souffert. Ils sont inquiets de
voir ce qui se passe en Israël-Palestine venir envenimer les
haines communautaire en France, l’injustice attiser tous les
racismes.
Pourquoi, vous qui vous prétendez socialiste avoir choisi là
encore d’appuyer une faction juive contre ceux qui veulent la
paix ?
Mais
au-delà de toute appartenance il y a l’universel des droits de
l’homme sur lequel devrait être fondé toute action politique,
toute prise de position de représentant du peuple français. Et
il fonde le droit non sur une pseudo-sympathie pour les juifs
qui sur le fond leur nuit mais sur le droit.
Et cet
universel nous dit qu’on a réduit le peuple palestinien à une
lutte si inégale qu’il est obligé d’employer des moyens qui
reflètent cette assymétrie et que la guerre livrée aux pauvres,
aux démunis fait que leur réponse est stigmatisée sous le nom de
terrorisme. Nous avons connu cela jadis, souvenez vous de
l’Affiche-rouge. Donc sans justifier la prise d’otage,
considérons que l’enfermement contre Salah Hamouri est révoltant
pas seulement parce qu’il est français mais parce qu’il reflète
aussi une situation intolérable d’injustice d’un occupant .
Alors si nous voulons être juste, là encore il ne saurait y
avoir deux poids, deux mesures: demander bruyamment la
libération du soldat Shalit qui lui aussi est français mais a
choisi d’occuper et laisser glisser dans un injuste oubli le cas
de Salah Hamouri celui qui défend sa patrie occupée.
Salah
Hamouri est en prison depuis 5 ans dans les geoles israéliennes
où croupissent non des terroristes mais des Palestiniens
revendiquant le droit légitime, reconnu par la légalité
internationale, à une patrie.
Voici
les mots par lesquels il nous invite, il vous invite vous
monsieur le maire de Paris à prendre son cas en compte:
« Nous savons tous que la démocratie fonde le respect de la
diversité des êtres humains. Elle définit les bases légales qui
accordent à chacun des droits et des devoirs. Elle prône
l’égalité des droits humains et refuse absolument d’établir des
différences négatives et ségrégatives selon la couleur de la
peau, l’origine, la religion, etc.
Comme citoyen franco-palestinien, je pensais que les autorités
françaises se devaient de me protéger (comme elles le font pour
tous nos compatriotes français injustement en difficulté dans le
monde) alors que je vis dans un pays sous occupation militaire
décidée par un gouvernement qui refuse obstinément de
reconnaître et d’appliquer le droit international.
Il
semblerait que ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous
ait convaincu que le seul moyen pour moi de retrouver la liberté
n’était pas que, lui, fasse, ce qu’il devrait faire pour cela
mais qu’en plus de l’injustice que je subis que, moi, je fasse
un acte d’humiliation supplémentaire : que je présente des «
regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.
Je
voudrais vous poser une seule question : aurait-il été
acceptable pour vous que les résistants français, pendant la
seconde guerre mondiale, « regrettent » leurs actes devant des
tribunaux d’occupation ou de collaboration ?
Si
on ne peut comparer terme à terme les deux situations, il n’en
reste pas moins que la Palestine vit aussi sous occupation
étrangère depuis maintenant 62 ans. Une occupation brutale qui
multiplie les meurtres, qui construit des murs, qui assiège et
colonise, qui expulse le plus possible de Palestiniens de leur
terre ou de leurs maisons, surtout à Jérusalem-Est où je vis
avec ma famille.
Devant cette occupation que vit mon peuple, je ne peux rester ni
indifférent ni me taire. Je suis né et j’ai grandi dans un pays
occupé et, parce que je ne peux pas me taire, je suis depuis
plus de 5 ans en prison. Comment pourrais-je accepter cette
occupation que vous-même avez condamnée ? C’est mon droit que de
la refuser.
Dans ces conditions il n’est pas pensable une seule minute,
qu’en plus de tout cela que je subis, j’en vienne à « regretter
» ou à « m’excuser » de quoi que ce soit devant un tribunal
militaire d’occupation.
Je
soutiens la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de
la solidarité des gens libres à travers le monde.
Bien à vous,
Salah Hamouri
Prison de Guilboa Section 4
Le 14 juillet 2010»
Monsieur le maire de Paris, vous penserez sans doute pouvoir
ignorer cette lettre comme vous ignorez la précédente sur le cas
des 5 Cubains, Vous renouvellez, et ce n’est pas un hasard la
même injustice face au peuple palestinien, à travers le cas de
Salah Hamouri,que celle que vous exercez contre le peuple
cubain, avec le même mépris partial de la légalité
internationale, et ce par esprit partisan, mais dites vous bien
que non seulement vous faites la démonstration que votre
pseudo-défense des droits de l’homme n’est que despotisme, abus
d’autorité mais qu’alors vous vous déshonorez vous même et
surtout notre capitale française.
J’attends votre réponse, ma précédente lettre est diffusée
massivement dans tout internet, celle-ci le sera également et je
l’espère contribuera sinon à changer votre position partisane à
tout le moins à alerter sur le cas de Salah hammouri. Parce que
monsieur le maire si je m’adresse à vous c’est parce que dans
une certaine mesure vous me représentez comme citoyenne
française, mais aussi parce que malheureusement vous représentez
dans votre incroyable partialité la manière dont on prétend
trafiquer la générosité et les peurs du peuple français en
tentant de les persuader que dans l’humanité, il y a les vrais
hommes et femmes, ceux qui méritent d’être défendus parce qu’ils
appartiennent au camp occidental et les autres les barbares face
auxquels toutes les exactions sont permises. Des coupables a
priori qui ne méritent pas d’être défendus, des « déshumanisés »
dans votre vision du droit.
Et
cela doit être combattu au nom de la France, celle de la grande
Révolution, celle de la Commune de Paris se réunissant sur le
parvis de l’hôtel de ville, celle de toutes les résistances à
l’oppression.
Veuillez accepter monsieur le maire mes salutations qui ne
demanderaient qu’à être respectueuses si vous m’en offriez
l’occasion par une nouvelle prise de position.
danielle bleitrach
Le
dossier Salah Hamouri
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