Le Grand Soir
Irak: septième année d'occupation
COMAGUER
Contrôle routier de routine en Irak
Jeudi 26 mars 2009 L’occupation de l’Irak par
l’armée étasunienne et ses supplétifs vient d’entrer dans sa
septième année.
A cette occasion le TRIBUNAL BRUSSELS, constitué
à l’image du TRIBUNAL RUSSELL qui avait organisé un procès
contre les Etats-Unis pour tous les crimes commis pendant la
guerre du Vietnam, s’est fixé comme mission de recenser, de
décrire et de faire connaitre tous les crimes commis par l’armée
d’occupation en Irak.
Il a tenu à Bruxelles les 18 et 19 Mars une
nouvelle session destinée à faire le point de la situation et à
tracer des perspectives d’avenir.
Pour tenir cette réunion il a été accueilli
successivement par le parlement européen à l’invitation de LUISA
MORGANTINI, Vice-présidente et par le Parlement belge à
l’invitation du Vice-président DIRK VAN DER MAELEN.
Ont porté témoignage sur la situation
irakienne :
- M. ABDUL ILAN ALBAYATI, géopoliticien et
spécialiste du mouvement national arabe
- L E DOCTEUR OMAR AL- KUBAISY cardiologue
irakien renommé et excellent connaisseur de l’état de la santé
publique en Irak occupé
- LE DOCTEUR FALAH AL- KHAYAT directeur général
du Ministère irakien du Pétrole jusqu’à l’invasion étasunienne
- LE DOCTEUR HASSIN AYDINLI représentant des
populations turkmènes auprès de l’Union européenne, expert sur
la question des minorités ethniques en IRAK et sur leur
répression par le gouvernement d’occupation
- M. SHANNON MEEHAN expert en matière de
réfugiés
Un bilan rapide de ces deux jours de travaux en
séance publique et en présence d’élus européens et belges a été
établi par le TRIBUNAL BRUSSELS. En voici la traduction
française établie par COMAGUER
1. En raison de sa position géopolitique et de ses
importantes ressources (pétrole et gaz) la stabilité de
l’Irak n’est pas simplement l’intérêt du peuple irakien mais
celui de la région et du monde entier
2. Le projet US de division de l’Irak a
échoué. En nombre, à la fois par intérêt et par culture, le
peuple irakien rejette massivement l’occupation US. Par la
terreur, l’occupation a engendré la plus vaste crise de
réfugiés du monde actuel en provoquant le déplacement d’un
cinquième de la population .
3. Le processus politique de l’occupation a
créé le chaos et un Etat en faillite caractérisé par
l’effondrement complet des services publics et les
violations systématiques de tous les droits de l’homme, y
compris le droit de vivre. Cet Etat ne peut être réformé.
4. La tragédie humanitaire concerne au
premier chef les femmes et les enfants, exposés à toutes les
formes de violence et d’exploitation.
5. L’occupation a visé consciemment à faire
fuir la population formée et professionnellement qualifiée,
rendant ainsi concrètement impossible le fonctionnement de
l’Etat et favorisant la déstabilisation régionale.
6. Les irakiens déplacés ont le droit de
retour mais les conditions concrètes de ce retour sont
inexistantes tant que la stabilité et la sécurité ne sont
pas rétablies.
7. L’occupation et son appareil perpétuent
la violence. La sécurité ne peut être assurée que par le
retrait inconditionnel d’Irak de toutes les forces
d’occupation.
8. Seul un Etat garantissant l’égalité de
tous ses citoyens après le départ des forces d’occupation
peut garantir la paix, la stabilité et la démocratie pour
l’Irak et son peuple
9. Un Irak souverain non seulement
refuserait d’aliéner ses richesses naturelles à des
compagnies étrangères mais serait en droit d’exiger des
réparations pour toutes les pertes et destructions qu’il a
subies .
10. La résistance irakienne, sous toutes ses
formes est la seule force capable, à la fois par sa réalité
et sa légitimité, d’ouvrir la voie vers la paix, la
stabilité, le bien-être et la démocratie en Irak.
Pour le TRIBUNAL BRUSSELS le rejet de
l’occupation US et de tous les maux qu’elle engendre doit
devenir la position officielle des institutions à commencer par
celles qui l’ont accueilli les 18 et 19 Mars : le Parlement
européen et le Parlement belge. La réussite de cette initiative
est une étape importante dans la poursuite de cet objectif.
Plus généralement cette initiative est venue
utilement rappeler
1. que l’occupation US continue dans une relative
indifférence médiatique
2. que l’agression US commencée en 1991
(Guerre du Golfe) poursuivie par un embargo très sévère
(1991-2003) et par l’invasion du pays (2003…..) a détruit en
profondeur une société qui avait entrepris une marche
résolue vers le développement économique et social
3. que le gouvernement mis en place par
l’occupant n’a aucune légitimité et qu’il devra disparaitre
4. que ce gouvernement est incapable
d’assurer le fonctionnement normal de l’Etat et des services
publics
5. que des forces politiques et sociales
organisées en Irak même et parmi les réfugiés et exilés
irakiens continuent d’agir pour la libération de leur pays.
6. que si, 64 ans après la fin de la seconde
guerre mondiale les troupes des Etats-Unis sont toujours
massivement présentes sur le territoire des pays vaincus :
Japon, Allemagne (mais pas sur la partie du territoire
libérée par l’armée soviétique), Italie, à l’inverse l’Irak
n’a jamais été en guerre contre les Etats-Unis.
Quelques chiffres pour conclure
- la destruction/ occupation de l’Irak dure depuis 72 mois
- cette activité brutale et meurtrière a
coûté 607 milliards de dollars
- le gouvernement irakien fantoche a, sans
être inquiété détourné 13 milliards de dollars, prix de sa
soumission
- 2 millions d’irakiens ont été déplacés à
l’intérieur du pays
- 3 millions d’irakiens ont fui le pays
- Au moins 1,3 millions d’irakiens sont
morts du fait de l’occupation depuis 2003
- 2615 professeurs, scientifiques et
médecins ont été tués de sang froid
- 338 journalistes sont morts
- L’électricité est fournie en moyenne 3
heures par jour
- 7 mafias opèrent dans le pays
- 10 000 cas de choléra sont déclarés chaque
année
- 4260 soldats US sont morts en Irak
- Le coût de la reconstruction des
principales infrastructures du pays (routes, distribution
d’eau et d’électricité, bâtiments publics..) est estimé à
400 milliards de dollars
Mais tout ceci est presque voué à l’oubli,
puisque le Pentagone vient d’annoncer que la « guerre globale
contre la terreur » était terminée !
Le Pentagone vient en effet, de mettre en
circulation la nouvelle appellation de la guerre impériale. La
formule « guerre globale contre la terreur » (global war on
terror) utilisée à satiété par GW BUSH et son administration
pour regrouper sous une seule expression l’ensemble de son
activité guerrière impérialiste est remplacée par la formule
« OPERATION EVENTUELLE OUTRE-MER » (OVERSEAS CONTINGENT
OPERATION)
(note du traducteur : le
qualificatif anglais CONTINGENT que nous avons rendu par
EVENTUELLE est difficile à traduire car il est ambigu, il laisse
simplement entendre que tout est possible en fonction des
nécessités du moment , que l’armée US est « toujours prête » ,
on le savait !)
Comme on le voit, le changement sémantique est
important. On passe de la version « hard » genre grand spectacle
hollywoodien chère aux Républicains, à la version « soft » plus
technicienne préférée des Démocrates, on passe du matraquage
médiatique brutal au vocabulaire plein de bruit et de fureur à
l’engourdissement cérébral de masse assisté, des rodomontades
Bushiennes à la technocratie glacée.
La consigne écrite qui s’adresse à toute
l’administration Obama va évidemment être suivie bien au-delà du
cercle des porte-paroles et experts gouvernementaux puisque les
poids lourds des médias et de la classe politique vont reprendre
l’expression nouvelle et la mettre sans répit en circulation au
nom du « sémantiquement correct ».
Elle a en outre le très grand avantage de
permettre de nouvelles interventions militaires, n’ importe où
et n’importe quand, sans avoir à utiliser le prétexte éculé du
terrorisme.
DE BUSH A OBAMA LES MOTS
CHANGENT, PAS LA POLITIQUE !
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