Vendredi 19 novembre 2010
http://www.haaretz.com/news/...
Les responsables israéliens qualifient le rapport du réalisateur
de cinéma hollandais George Sluizer de « diffamation sanglante
contemporaine », après que celui-ci eut affirmé avoir vu le
ministre de la Défense de l’époque (Ariel Sharon) tirer sur des
enfants quasiment à bout-portant à proximité du camp de réfugiés
(palestiniens) de Sabra et Chatila, en 1982.
Ce mois-ci,
des médias néerlandais ont publié des articles accusant Ariel
Sharon de l’assassinat d’enfants palestiniens au Liban.
D’anciens responsables officiels ayant travaillé avec Sharon ont
affirmé que ces publications seraient fallacieuses. Le ministère
israélien des Affaires étrangères les a qualifiées
de « diffamation sanglante des temps modernes ».
L’assertion
(de M. Sluizer) a paru pour la première fois dans le troisième
quotidien par ordre de tirage décroissant en Hollande,
Volkskrant, dans une interview du célèbre réalisateur de cinéma
hollandais d’origine juive George Sluizer. Selon celui-ci, qui
est âgé de soixante-dix-huit ans, il aurait vu Sharon assassiner
deux bambins palestiniens à coups de pistolet, en 1982, près du
camp de réfugiés palestiniens de Sabra-Chatila, tandis qu’il y
tournait un documentaire.
« Je suis
tombé par hasard sur Sharon, et je l’ai vu descendre deux
enfants sous mes yeux », a déclaré M. Sluizer, qui réside à
Amsterdam. M. Sluizer a réalisé plusieurs documentaires sur le
conflit israélo-palestinien, mais il est surtout connu pour
avoir réalisé le film The Vanishing, avec Jeff Bridges et Kiefer
Sutherland, en 1992.
M. Sluizer
a réitéré cette accusation au cours d’une interview pour le
magazine intellectuel Vrij Nederland, publié le 13 novembre,
publié avant une présentation de son film au prestigieux
Festival International du Film Documentaire d’Amsterdam.
« Sharon a abattu deux enfants comme on abat des lapins, sous
mes yeux », a-t-il déclaré.
Ces
enfants, a indiqué Sluizer, « étaient deux bambins, des bébés de
deux ou trois ans ; il les a abattu d’une distance d’une dizaine
de mètres avec un pistolet qu’il avait sur lui. Je me trouvais
tout près de lui ». M. Sluizer a ajouté qu’il pense que cela
s’est produit en novembre (1982), à une époque où Sharon était
(encore) ministre de la Défense, mais qu’il n’était pas sûr du
mois.
Son récit a
été publié dans un supplément spécial du Volkskrant, édité à
l’occasion du festival du film documentaire, qui s’est ouvert
mercredi dernier. Ce festival programmait le dernier
documentaire en date (le quatrième) réalisé par M. Sluizer à
propos d’Israël, dans lequel on le voit lui-même s’adressant à
une photo de Sharon en disant qu’il aurait aimé que Sharon eût
disparu à Auschwitz.
Le
successeur de Sharon au poste de ministre de la Défense, Moshe
Arens, a qualifié le récit de M. Sluizer de « mensonge ».
D’après lui, « Sharon n’aurait jamais tiré sur un enfant ; de
plus, il ne se trouvait pas au Liban, en novembre 1982. Par
ailleurs, le protocole interdit aux ministres de porter une
arme. Etant des civils, ils ne sont pas autorisés à porter une
arme à feu » (comme si l’entité sioniste observait en permanence
les lois et règlements de la guerre lorsqu’il est question
d’Arabes, combien de prisonniers de guerre égyptiens non armés
ont-ils été tués par les forces sionistes d’occupation dans la
Péninsule du Sinaï ? Et voilà que ce raciste de Moshé Arens
vient nous dire que « le protocole interdit aux ministres de
porter une arme ; en tant que civils, ils ne sont pas autorisés
à porter une arme à feu sur eux ??)
Amram
Mitzna, ancien président du parti travailliste israélien, qui a
été sous Sharon le général en chef du front syrien durant la
première guerre du Liban, a qualifié les propos de M. Sluizer de
« totalement délirants ». M. Mitzna a ajouté : « J’ai attaqué
Sharon politiquement, car je n’approuvais pas ses décisions,
mais Sharon n’aurait pour rien au monde fait quelque chose de
semblable ; c’est totalement ridicule ! (Durant la même
invasion, les forces armées israéliennes avaient tué près de
20 000 personnes, pour la plupart des civils libanais,
palestiniens et syriens).
Yossef
Levy, porte-parole en chef du ministère israélien des Affaires
étrangères, a qualifié le récit de M. Sluizer « de mensonge
éhonté et regrettable. Il est difficile de croire que quiconque
un tant soit peu raisonnable pourrait prendre au sérieux ce
genre de diffamation sanglante des temps modernes, que nul début
de commencement d’une preuve ne vient étayer » (« Un mensonge
éhonté et regrettable » : combien de déclarations véridiques les
autorités sionistes ont-elles jamais énoncées ? Jamais !
Dans une
interview accordée à Haaretz, M. Sluizer a indiqué que son
cameraman, Fred van Kuyk, qui est mort voici de cela quelques
années, avait été lui aussi témoin de ces tirs. M. Sluizer a
également précisé qu’il avait déposé deux plaintes contre Sharon
en 1983, devant la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La
Haye et devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme de
Strasbourg.
M. Andrey
Poskakukhin, chef du service d’information de la CIJ, a indiqué
que ce tribunal ne disposait d’aucun enregistrement d’un
quelconque dépôt de plainte de m. Sluizer. Un administrateur de
la cour de Strasbourg a déclaré que son institution n’avait elle
non plus aucun enregistrement d’une telle plainte.
« Tout
journal un tant soit peu sérieux devrait être extrêmement
prudent avant d’accuser un homme dans l’incapacité de se
défendre d’avoir commis un assassinat de sang froid », a déclaré
Ronny Naftaniel, directeur du Centre d’Information et de
Documentation sur Israël. Il a écrit au rédacteur-en-chef du
Volkskrant afin de lui demander si ce journal avait pris la
peine de vérifier les dires de M. Sluizer avant de les publier.
« Les deux
quotidiens semblent avoir publié le témoignage de M. Sluizer
sans avoir cherché à vérifier les faits », a également déclaré
M. Naftaniel. « Il semble que les médias aient une certaine
tendance à apporter foi à tous les propos négatifs concernant
Israël, et qu’ils ne se donnent même plus la peine de vérifier
les faits auprès de leurs correspondants. Ce faisant, ils se
livrent à une (véritable) chasse aux sorcières
anti-israélienne ».
« Au moment
où mes plaintes étaient arrivées à destination et auraient dû
être examinées, le ministre de la Défense Sharon était devenu
Premier ministre, échappant de ce fait à toute poursuite
judiciaire », a indiqué M. Sluizer. Sharon avait été nommé
Premier ministre en 2001, dix-huit ans après la date où, selon
ses dires, M. Sluizer aurait porté plainte. M. Sluizer dit ne
jamais avoir reçu de réponse ni de l’une, ni de l’autre de ces
deux institutions.
« J’étais très occupé par ailleurs. A l’époque, je finissais un
film et je visitais l’Union soviétique et d’autres pays ». M.
Sluizer a répondu, la question de savoir pourquoi il n’avait pas
donné suite à cette affaire lui ayant été posée. Il a ajouté
qu’il avait commencé à penser plus sérieusement à cette tuerie
après avoir réchappé d’une rupture d’anévrisme qui faillit lui
être fatal, en 2007.