« Nous ne pardonnons pas, nous
n’oublions pas », c’est le mot d’ordre scandé et écrit sur les
banderoles des participants à la marche commémorative, le 29
octobre 2009. Ils sont venus par milliers, de toute la Palestine occupée en 48 (ce qui est
nommé Israël) à Kfar Qassem, des Palestiniens qui ont décidé
d’affronter le pouvoir sioniste à chaque moment de leur
histoire.
Il y a 53 ans, le 29 octobre en
1956, les sionistes commettent un massacre dans la petite ville
tranquille de Kfar Qâssem, située dans le Triangle, région
proche de la
Cisjordanie. Plus de 50
personnes sont froidement assassinées, la plupart des ouvriers
qui rentraient chez eux après leur dure journée de travail. Cet
horrible massacre sera justifié par les sionistes de l’époque
(les dirigeants travaillistes) par la crainte de l’Egypte, au
moment où Israël se lançait avec
la France et
la Grande-Bretagne dans l’agression tripartite
contre ce pays arabe dont le dirigeant nationaliste Abdel Nasser
avait décidé de nationaliser le pétrole.
« Nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas », car l’Etat
sioniste est un Etat colonial construit sur la terreur et les
massacres. Bien avant 1956 et le massacre de Kfar Qâssem, il (en
tant qu’Etat ou bandes armées) avait commis des dizaines
d’autres massacres, aussi horribles, pour expulser le peuple
palestinien des zones dont il voulait s’emparer, en procédant à
un nettoyage ethnique. Le massacre de Kfar Qâssem, justifié par
les colons, moins de dix ans après la création de l’Etat
colonial, visait en fait à poursuivre le nettoyage ethnique, non
achevé en 1948-49. Profitant de la guerre contre l’Egypte et
sous prétexte de sécuriser le front interne (rappelons-nous les
guerres de 2006 au Liban et 2008-2009 à Gaza), l’armée sioniste
exécute son massacre dans la petite ville tranquille. Le but :
semer la panique dans tout le Triangle pour expulser la
population palestinienne qui y était restée majoritaire, Kfar
Qassem devant jouer le rôle de Deir Yassine en mai 1948, le
village martyr où le massacre a semé la panique dans la
population palestinienne de la zone d’al-Quds. En commettant le
massacre de Kfar Qassem, les sionistes espéraient que la
population du Triangle s’enfuierait. Mais elle ne broncha pas
d’un pouce, au contraire. Elle avait compris et appris la lecon :
« Plus jamais, plus jamais, nous n’abandonnerons notre terre,
même si nous devons être tous ensevelis. Nous le serons dans
notre propre pays. »
C’est ce qu’on déclaré récemment plusieurs personnalités
palestiniennes de Haïfa, lors d’une interview télévisée qui
abordait la question des dernières mesures israéliennes envers
les Palestiniens de 48, voulant les étouffer sinon les expulser
(télévision al-Quds). Face aux cris de guerre lancés par
l’establishment sioniste, civil et militaire, sécuritaire et
médiatique, universitaire et populaire, contre les Palestiniens
de 48 jugés « infidèles » au credo raciste et colonial, les
Palestiniens ont levé la tête et résisté : sûrs de leurs droits
sur leur patrie et leurs terres, ils refusent les menaces
sionistes et ont décidé de poursuivre leurs luttes.
Parmi les récentes manœuvres
militaires sionistes très fréquentes, l’une d’elle consistait
précisément à affronter le « front interne », c’est-à-dire les
Palestiniens de 48, en temps de guerre. Comment agir envers eux,
que faire ? C’est la région du Triangle qui avait été ciblée
pour ces manœuvres, et l’un des plans envisagés consistait à
bloquer les routes des villes et villages palestiniens et à
encercler toute la zone, en vue de faciliter des actions plus
importantes de la part de l’armée sioniste. Lors de ces
manœuvres, les analystes avaient vu le danger menaçant les
Palestiniens de 48 dans cette région, lors d’une prochaine
guerre entreprise par les dirigeants israéliens : expulsion
massive ? massacres ??? Ce qui signifie, en clair, reproduire en
beaucoup plus grand ce qui s’est passé à Kfar Qassem, en 1956.
Le mot d’ordre « nous ne pardonnons pas, nous n’oublions pas »
reste un mot d’ordre d’actualité. L’ennemi sioniste continue à
envisager des crimes de plus en plus monstrueux.
La marche commémorative à Kfar
Qassem, ce 29 octobre 2009, porte également une autre
signification : face aux tentatives sionistes de délégitimer
toute commémoration de l’histoire palestinienne, à commencer par la Nakba, en votant lois sur lois dans
leur parlement, et face aux cris de guerre racistes lancés par
l’establishment sioniste, les Palestiniens de 48 affirment que
non seulement al-Quds, Gaza,
la Cisjordanie, le
Golan, le Liban, les intéressent et qu’ils sont prêts à soutenir
leurs populations contre les massacres israéliens, mais qu’ils
continuent à défendre leur existence dans leur propre pays, même
colonisé, et qu’ils ne baisseront pas les bras, quelle que soit
la puissance de l’ennemi ou la puissance de ses alliés. Ils
savent qu’ils sont dans leur droit, le droit des peuples à
disposer de leurs terres, de leur air, de leur mer et de leur
vie, le droit de résister à toute occupation, par tous les
moyens et en tout temps.
Extraits de l’hymne aux martyrs de
Kfar Qassem (Samih al-Qassem)
« Le jour où ils ont annoncé que des morts et des blessés sont
tombés,
Je n’ai pas pleuré, mais je me suis dit « un autre contingent
suivra, de maison en maison »,
Le jour où ils ont annoncé que des morts et des blessés sont
tombés,
Je me suis réveillé, les yeux brillants de joie, de mille joies.
Moi, ô Kafr Qassem, je ne célèbre
pas la mort,
mais les bras qui n’ont cessé de résister,
… Je remplis le monde d’acclamations, non négociables :
Kafr Qassem, Kafr Qassem, Kafr
Qassem
Ton sang continue à couler et nous continuons à résister »