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Cirepal
La résistance palestinienne bouleverse la
région
Mardi 3 février 2009
Il y a ceux qui refusent
de reconnaître la victoire de la résistance palestinienne à Gaza
en janvier 2009, comme ils ont refusé de reconnaître celle de la
résistance islamique au Liban, en juillet 2006. Ils mettent en
avant les destructions, le nombre élevé de martyrs, les blessés,
pour continuer à « crâner » et défendre le point de vue
antique : contre Israël, il faut faire chapeau bas, contre la
puissance militaire, il faut s’écraser et mendier auprès des
amis d’Israël, non seulement l’argent pour la reconstruction,
mais aussi les maigres pressions sur l’Etat sioniste pour
récupérer des droits légitimes.
Pour ces défaitistes qui
vivent encore dans les années 70, années qui ont suivi la
défaite écrasante des armées arabes face à Israël, la résistance
armée contre Israël est vaine. Ils ont oublié les leçons de la
révolution palestinienne, en 1965, lorsque le mouvement Fateh a
décidé de battre l’esprit du défaitisme, en reprenant les
armes : c’est par la résistance que le monde arabe, les peuples
arabes et surtout le peuple palestinien, parviendront à modifier
les données stratégiques, qu’elles soient militaires,
politiques, médiatiques, etc… et battre Israël.
Les nouvelles victoires
contre l’ennemi sioniste, au Liban (2000, 2006) et en Palestine
(2009) mais aussi à Jénine (2002), comment les comprendre ?
Personne ne nie les massacres, ni les destructions, ni les
pertes humaines, ni les dégâts, mais personne ne doit nier la
résistance, la poignée des résistants qui a su faire face,
pendant 10 jours à Jénine, 22 jours à Gaza, 33 jours au Liban, à
l’armée la plus puissante dans la région.
Plus que les armes,
c’est la volonté de résister, la détermination des combattants,
la solidité et ténacité de la population palestinienne à Gaza,
prête à tous les sacrifices, qui est une victoire en soi, ce que
semblent oublier ou ne pas vouloir prendre en compte les
défaitistes. La victoire de janvier 2009, comme celle de juillet
2006, consiste aussi à avoir empêché les sionistes et leurs
alliés dans le monde, et leurs complices dans le monde arabe, de
réaliser leurs objectifs : détruire la résistance palestinienne
(et le Hamas en particulier), changer le pouvoir dans la bande
de Gaza pour porter un coup au camp de la résistance dans la
région. Ce fut un échec aussi cuisant qu’en 2006, même si les
conditions étaient beaucoup plus difficiles, pour les résistants
et la population civile. Les sionistes et leurs alliés et
complices mènent désormais la guerre contre quelque chose qu’ils
ne peuvent plus écraser : une volonté puisée dans l’espoir d’une
victoire inéluctable. Chaque défaite sioniste ne fait que
renforcer cet espoir et cette volonté. Lorsque sayyid Hassan
Nasrullah, dirigeant du Hezbollah, déclarait que le temps des
défaites était fini et que le temps des victoires a commencé,
beaucoup ont ri, souri ou ricané. Mais il faut faut les voir
rire jaune quand ils constaatent les difficultés israéliennes à
réaliser les objectifs qu’il s’est fixés, quand ils contastent
que les Etats-Unis sont impuissants à modifier la situation dans
la région mais qu’au contraire, ce sont les victoires
successives de la résistance qui sont en train de bouleverser
toutes les données, à leur dépens et à leur détriment.
Massacres au phosphore
et millions de manifestants
La résistance
palestinienne a vaincu Israël, en janvier 2009 parce qu’elle ne
s’est pas soumise et n’a pas levé le drapeau blanc. Israël,
acculé, qui voulait obtenir des acquis en quelques jours, a
commis des massacres, des monstruosités inouïes, par pure
vengeance. Israël s’est vengé sur la population civile, les
enfants surtout, parce qu’il n’a pu toucher les résistants ni
arrêté les lancements de fusées. Il a bombardé au phosphore des
écoles, même de l’UNRWA, agence de l’ONU pour les réfugiés
palestiniens, où la population civile s’était réfugiée, après la
destruction de nombreux quartiers. Qui peut considérer qu’Israël
est victorieux parce qu’il a tué des enfants de la Palestine ?
Seuls les défaitistes et les criminels le pensent. La résistance
est toujours là et c’est avec elle que la question d’une trêve
est en train d’être discutée, indirectement. Le Hamas est sorti
de cette guerre avec une popularité inégalée en Palestine, dans
le monde arabe et musulman, mais aussi dans le monde, même si
l’Autorité palestinienne empêche que cette popularité ne
s’exprime en Cisjordanie. Mais les Palestiniens ne vivent pas
seulement en Cisjordanie et Gaza, ils sont aussi en exil et en
Palestine occupée en 1948.
Les manifestants, par
millions, ont secoué les capitales et les villes du monde
entier, en soutien à la résistance et aux droits palestiniens,
dénonçant les crimes sionistes et les dirigeants criminels de
l’Etat sioniste. Les multiples affaires de jugements des
criminels sionistes, qui sont en train d’être préparées, dans le
monde entier, témoignent de ce renouveau de la question
palestinienne et des droits palestiniens dans la conscience
collective des peuples du monde. Une fois de plus, Israël montre
son vrai visage, et subit une défaite morale et ethique..
Bien que les médias dans
le monde soient contrôlés par le lobby sioniste, surtout en
France et aux Etats-Unis, l’information juste à réussi à briser
ce mur pour exposer ce qu’a été l’enfer de Gaza, pendant 22
jours, grâce aux médias arabes (al-Jazeera, en premier lieu) et
musulmans. Plusieurs chaînes satellitaires ont consacré, pendant
un mois, leurs émissions à la guerre menée par Israël contre la
bande de Gaza, sous formes d’informations, de reportages, de
témoignages, de déclarations, mettant en avant le courage de
cette population qui ne s’est pas rendue, fière et résistante :
les secouristes, les journalistes, les médecins, les diverses
personnes qui se sont portées volontaires pour secourir, aider,
alors que leurs propres maisons étaient sous les décombres. La
décision du retour des enfants aux écoles, deux jours après la
fin de la guerre, montre la détermination à lutter et à se
relever. Quel peuple, sinon ce peuple héroïque et combattant,
habitué depuis un siècle, à résister et à se sacrifier, peut
vivre de tels moments ? Des actes de courage et d’abnégation
superbes ont permis à la population de résister : de simples
gens se privant de couvertures pour les donner aux combattants,
afin que ceux-ci puissent rester inaperçus, dans cet espace plat
à la merci des avions et des divers capteurs. Toutes ces images
et tous ces reportages ont influé sur les mouvements des rues
dans le monde et largement contribué à la dénonciation de l’Etat
criminel d’Israël et au soutien à la cause et la résistance
palestiniennes. Dans la bataille médiatique, Israël a perdu, une
fois encore, après son échec au cours de la guerre de 2006.
La Turquie, l’Iran,
l’Egypte et les autres
Mais le plus important
reste le bouleversement régional qui pointe, du fait de la
victoire de la résistance palestinienne à Gaza, en 2009, venue
renforcer la tendance déjà en cours après la victoire de la
résistance islamique au Liban, en 2006. La Turquie, d’abord. Il
faut rappeler que ce pays est encore lié par des accords
militaires, des accords diplomatiques et des accords économiques
avec l’entité sioniste. Bien que la population soit en majorité
favorable au peuple palestinien, il a fallu attendre le
changement de pouvoir dans ce pays musulman pour que s’exprime
finalement une attitude turque nettement antisioniste. Les
manifestations de la population ont montré l’ampleur de son
engagement aux côtés de la Palestine et de la ville d’al-Quds.
Le temps où la Turquie mendiait son entrée dans l’Union
européenne semble fini. Le nouveau pouvoir en Turquie va
probablement renouer avec son passé - le journaliste palestinien
Abdel Bari Atwân n’hésite pas à parler du retour à la politique
ottomane – et jouer un rôle plus important dans la région, et
s’il reste en symbiose avec son peuple, son rôle sera assurément
aux côtés de la Palestine et de sa résistance. L’entrée de la
Turquie dans l’échiquier régional, aux côtés de la résistance,
pendant la guerre criminelle contre Gaza, a suscité plus d’un
remous : la résistance, Hamas en premier lieu, a pu compter sur
une aide inespérée face au pouvoir égyptien, complice de
l’agression. Face à ceux qui accusent Hamas d’être le pion
iranien (shi’ite) dans la région (le croissant « shi’ite » selon
les termes des régimes arabes pro-américains), le pouvoir en
Turquie, sunnite, allié de la résistance, contrebalance les
gouverneurs arabes sunnites, complices de l’agression. Le coup
de colère du premier ministre turc, Erdogan, à Davos, salué par
la population en Turquie, va encore plus loin, puisqu’il dénonce
implicitement l’attitude de la Ligue arabe, dont le secrétaire
général était assis aux côtés du criminel sioniste Pérès, sans
broncher. A Davos, comme dans la région, c’est la Turquie qui
défend la Palestine et les martyrs de Gaza. Cette nouvelle
donnée risque de bouleverser les cartes régionales. Désormais,
le camp de la résistance ne sera plus accusé de jouer une carte
régionale, au bénéfice de l’Iran, puisque la Turquie est là,
aussi. Les relations israélo-turques risquent de s’envenimer, le
gouvernement turc prenant des positions de plus en plus
radicales, s’appuyant sur la volonté de son peuple. Dernier
exemple : les compagnies commerciales turques exigent de leurs
partenaires israéliens de se dédouaner de leur gouvernement qui
a commis des crimes de guerre à Gaza. Les Israéliens sont
époustouflés, semble-t-il ! et commencent à accuser les Turcs
d’antisémitisme !
La victoire de la
résistance à Gaza renforce également la position de l’Iran dans
la région, c’est-à-dire le camp de la résistance. Les complices
arabes de l’agression criminelle (notamment les ministres des
affaires étrangères égyptien et saoudien) ont essayé de jouer la
carte confessionnelle (shi’ites contre sunnites) mais
malheureusement pour eux, le Hamas, et le peuple palestinien en
général, sont sunnites et le soutien à la résistance n’est pas
une question confessionnelle. S’ils ont pu jouer cette carte,
pour un moment, au Liban, au moment de l’agression sioniste, en
2006, cette fois-ci, ils ont perdu, notamment après
l’intervention massive de la diplomatie turque, aux côtés de la
résistance palestinienne. De plus, ni l’Iran ni le Hezbollah, ni
la Syrie, n’ont craint les diverses accusations qui leur furent
portées : ils ont clairement affirmé leur soutien à la
résistance en Palestine, parce qu’elle est légitime. La visite
de Khaled Mech’al en Iran témoigne de cette alliance
anti-impérialiste et anti-sioniste qui se consolide, de la
Palestine, à l’Iran, en passant par le Liban, la Syrie, le
Qatar, la Turquie, sans compter les peuples arabes dont les
régimes ont été complices de l’agression criminelle. La mise sur
orbite du nouveau satellite iranien, fabriqué localement, permet
à la résistance de compter sur des photos aussi sophistiquées et
détaillées que celles fournies aux Israéliens par les satellites
espions étrangers, américains et européens. En voie de
disparition, la suprématie occidentale pro-sioniste dans le ciel
du Moyen-Orient !!!
L’Egypte est, par contre,
en pleine déconfiture. Le régime égyptien doit d’abord affronter
son peuple, qui bouillonne de colère, depuis des mois, depuis
que le passage de Rafah a été fermé, tuant à petits feux la
population de Gaza. Pendant les manifestations, des centaines de
militants ont été arrêtés. Mais ce que le ministre des affaires
étrangères égyptien, Abul Ghayth, n’a pu supporter, c’est
l’appel de Sayyid Hassan Nasrullah au peuple égyptien, lui
demandant de faire pression sur son gouvernement pour ouvrir le
passage de Rafah, accusant ouvertement le pouvoir égyptien de
complicité criminelle avec l’Etat sioniste. Car c’est bien le
pouvoir égyptien qui participe au siège de Gaza, en fermant le
passage de Rafah. Pris entre deux feux, les puissances
impérialistes et les sionistes, d’une part, et son peuple et le
camp de la résistance, de l’autre, le pouvoir égyptien lance ses
« fusées » contre…. les médecins arabes, les journalistes d’al-Jazeera,
les personnalités solidaires de la résistance à Gaza et contre
sayyid Nasrullah et le Hezbollah, et l’Iran…. Jusqu’à quand
pourra-t-il tenir face à la pression populaire et régionale,
renforcée par la victoire de la résistance ? Jusqu’à quand
va-t-il jouer le rôle de complice de l’entité sioniste,
ouvertement ou en cachette ? Nul n’ignore l’importance de
l’Egypte dans le conflit contre l’Etat sioniste.
C’est pour toutes ces
raisons, et d’autres encore certainement, que nous pouvons dire
qu’une nouvelle période va s’ouvrir, grâce à la victoire de la
résistance palestinienne à Gaza. Ce qui ne signifie absolument
pas que la bataille est terminée, au contraire. L’ennemi est
puissant et n’abandonnera pas le terrain. Ses prochaines guerres
risquent d’être encore plus meurtrières et plus monstrueuses,
mais elles ne feront que le précipiter vers sa disparition. Le
temps de l’illusion d’une paix avec l’occupant ou d’une
soumission à ses volontés, est fini. C’est dans cette optique
que le combat est dorénavant mené contre l’Etat sioniste et ses
alliés. C’est pourquoi l’illégitimité de l’existence de l’Etat
sioniste doit être sérieusement posée dans les tribunes
internationales, et en face, la légitimité de la résistance et
de son armement.
Même si le monde entier se
ligue contre l’entrée des armes en Palestine, il ne pourra
l’arrêter. D’abord, depuis quand l’armement de la résistance
a-t-il été tributaire de la volonté des puissances impériales ?
Centre d'Information
sur la
Résistance en Palestine
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