Al-Ahram Hebdo
Viva Palestina contre l'oubli
Chérif Albert
Photo: Al-Ahram
Mercredi 30 décembre 2009
Gaza.
Un an après l’offensive
israélienne, les initiatives de solidarité se multiplient. Deux
convois internationaux d’aide humanitaire tentent d’accéder par
les frontières égyptiennes à ce territoire sous blocus total
depuis deux années. Les activistes
venus de tous bords et voulant manifester leur solidarité avec
les Palestiniens de Gaza tentaient d’obtenir le feu vert pour
traverser la frontière et pénétrer dans ce bout de territoire
coupé du monde. Ils se heurtent aux autorités égyptiennes qui
mettant en avant les engagements politiques de l’Egypte et ses
considérations sécuritaires. Il s’agit de deux convois d’aide
humanitaire. Le premier, organisé par le célèbre député
britannique George Galloway, est bloqué au port jordanien
d’Aqaba.
Opérant sous le slogan Viva Palestina, ce
convoi compte près de 500 activistes de diverses nationalités.
Galloway essaye sans grand succès de transiter par le port
égyptien de Noueiba. Son convoi compte environ 250 camions
chargés d’aides européennes, turques et arabes — de la
nourriture et du matériel médical. Le ministère des Affaires
étrangères est toutefois catégorique : « Pas d’entrée par
Noueiba. L’entrée peut seulement se faire par Al-Arich », sur la
côte méditerranéenne, a affirmé son porte-parole Hossam Zaki.
Pour entrer par Al-Arich, le convoi devra contourner la
péninsule du Sinaï et passer par le Canal de Suez avant
d’atteindre la côte méditerranéenne, un détour que les
organisateurs estiment onéreux.
L’autre convoi d’aide humanitaire compte lui
aussi plusieurs centaines d’activistes. Il tente d’accéder à
Gaza de l’intérieur même de l’Egypte. Tout au long de la semaine
dernière, des centaines d’activistes ont commencé à converger au
Caire où ils attendent l’autorisation de prendre l’autobus pour
Gaza, via le poste frontalier de Rafah. Il s’agit de 1 360
délégués originaires de 43 pays, dont des diplomates, des
artistes, des religieux et des professionnels de tous bords. Ils
souhaitent être à Gaza le 31 décembre pour y organiser une «
marche pour la liberté » commémorant le premier anniversaire de
l’offensive militaire israélienne contre ce territoire.
Le convoi est formé de plusieurs autobus et
d’un seul camion chargé d’assistances d’une valeur de 100 000
dollars collectés par les efforts personnels des activistes. Il
s’agit notamment de nourriture, de médicaments, de vêtements et
d’ordinateurs pour les écoles, destinés à ce territoire soumis à
un blocus israélien quasi-total depuis deux ans. L’interdiction
n’en fut pas moins catégorique : « Compte tenu de la situation
sensible dans ce territoire, l’Egypte ne peut coopérer » à un
tel projet, avait indiqué dans un communiqué le ministère
égyptien des Affaires étrangères. Le ministère avait averti que
« toute tentative de violation de la loi et de l’ordre public
par des organisations locales ou internationales sera
sanctionnée conformément à la loi ».
L’ancienne vice-présidente du Parlement
européen, Louisa Morgantini, a fait le déplacement au Caire pour
participer à cette manifestation. « C’est extrêmement important
de montrer au monde entier et aux Israéliens que le blocus
imposé à Gaza représente une punition collective et cause
beaucoup de souffrance aux habitants de ce territoire », affirme
Mme Morgantini. Elle insiste qu’il ne s’agit pas de soutenir le
gouvernement en place à Gaza ni une partie contre une autre. «
La question humanitaire est primordiale, la communauté
internationale doit faire pression sur Israël », ajoute la
diplomate qui souhaite que les autorités égyptiennes
reconsidèrent leur position et « réalisent que cette
manifestation est en faveur de la paix et de la réconciliation
».
« Nous ne sommes pas venus en Egypte pour
créer des problèmes ni provoquer des conflits », écrivent les
organisateurs de cette marche dans une lettre ouverte au
président Hosni Moubarak et à son épouse en sa qualité de
présidente du Croissant-Rouge égyptien. Ils affirment être en
contact permanent avec le ministère égyptien des Affaires
étrangères, dans l’espoir d’obtenir une autorisation de
traverser la frontière vers Gaza.
« Nous sommes traités avec respect par les
officiels du ministère avec lesquels nous discutons longuement.
Ils ont été honnêtes en reconnaissant les conditions difficiles
qui sévissent à Gaza », affirme pour sa part Ann Wright,
coordinatrice de cette manifestation de solidarité, connue
notamment pour être l’une de trois officiels du Département
d’Etat américain à avoir démissionné suite à l’invasion de
l’Iraq.
Ces activistes qui ont essuyé un refus à la
dernière minute après six mois de préparation ne cachent pas
leur déception. « Ce que disent les officiels c’est que la
décision égyptienne fait partie d’un arrangement international
et ce que nous disons c’est que tous les pays qui font partie de
cet arrangement doivent le changer », souligne Mme Wright qui
insiste à son tour sur le caractère purement humanitaire de
l’initiative « de citoyens à des citoyens ». « Il faut qu’on se
rende là-bas pour voir de nos yeux la destruction qu’a causée
l’horrible offensive israélienne et témoigner qu’un an après, la
reconstruction n’a pas eu lieu », assure-t-elle.
Déterminés à rappeler au monde entier un
drame oublié et ce, indépendamment de la décision finale des
autorités, les membres de Gaza Freedom March se sont réunis
dimanche au bord du Nil où ils ont allumé des bougies en mémoire
des 1 400 victimes palestiniennes tombées il y a un an, jour
pour jour, sous les bombes israéliennes.
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AL-AHRAM Hebdo
Publié
le 30 décembre 2009 avec l'aimable autorisation de AL-AHRAM Hebdo
Dossier marche internationale pour Gaza
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