Chronique
Aboiements de
toutes parts
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mardi 31 juillet
2012
Apparemment, on arrive aux dernières
phases du combat anti-syrien. Après les
cuisants échecs essuyés par les ennemis
de la Syrie, et la liste serait assez
exhaustive pour pouvoir l’énumérer, les
aboiements se font de plus en plus forts
pour ameuter l’opinion international sur
un « massacre » perpétré par le
gouvernement syrien contre ses
populations. Le mythe de la protection
des civils étant constamment brandi, que
pourrait-on envisager en matière de
réaction de la part d’une meute de
chiens enragés ?
Côté arabe, la délégation de la Ligue (
le mot « Guilde » rimerait également en
la circonstance) auprès des Nations Unies a mis au point
un illustrissime projet de résolution
sur l'établissement de zones de sécurité
en Syrie. Le secrétaire adjoint de la
Guilde arabe, Bom Heli a fait savoir que la délégation
arabe conduite par l'Arabie saoudite
procéderait à des consultations avec
différents groupes politiques et
géographiques de l'ONU, notamment les
membres du Conseil de sécurité, à la
recherche du soutien à ce projet de
résolution.
Le projet de résolution se base sur la
dernière décision prise récemment par la
Ligue arabe à Doha et qui demande la
mise en place de zones de sécurité pour
protéger les civils, assurer
l'acheminement de l'aide humanitaire et
exécuter les sanctions économiques et
politiques adoptées par la Ligue arabe
contre le régime de Damas.
Cela étant, l’Arabie Saoudite qui
conduit cette délégation, omet d’étaler
sur la tribune le fait que ses forces de
police anti-émeute ont ouvert le feu sur
des manifestants chiites qui réclamaient
la libération de leurs militants arrêtés
par les autorités. Des témoins indiquent
que plusieurs manifestants ont été
blessés. Un fait, que les perroquets de
la Guilde arabe n’ont jamais signalé
lors de leurs banquets au Caire.
Sur l’autre rive, le nouveau président
français, François Hollande, veut
également s’imposer comme un nouveau
partenaire avec lequel il faudrait
désormais compter. Soucieux des vies des
civils à l’image de son prédécesseurs
qui s’est démener comme un diable pour
épargner la vie des 60.000 civils
libyens, Hollande a appelé sur un thon
pathétique à une intervention rapide du
Conseil de sécurité de l’ONU pour éviter
de nouveaux massacres en Syrie.
Même refrain quant à son homologue turc
qui n’a cessé, depuis le début de la
crise, de souffler sur le brasier
syrien. Ce dernier a également sommé la
« communauté » internationale, d’agir
expressément face à l’arrivée
des renforts de l’armée syrienne près
d’Alep. Le nouveau tube
israélo-américain ayant fait de l’effet
le premier ministre turc a déclaré à
Londres sous le regard bienveillant de
son acolyte britannique David Cameron :
«Il y a un renfort de l'armée syrienne à
Alep, et les récentes déclarations sur
l’utilisation d’armes de destruction
massive sont des éléments devant
lesquels nous ne pouvons pas rester
observateurs ou spectateurs».
Aucune originalité dans le discours du
Premier ministre turc, puisque la
chanson a été déjà composée et
interprétée par la diplomatie américaine
qui à son tour a volé les droits
d’auteurs russes.
Dans ce contexte, la Russie avait
reconnu qu’une « tragédie » menaçait à
Alep, soulignant en passant qu’il
n’était pas « réaliste » d’escompter que
le gouvernement syrien reste sans
réaction face à des insurgés armés
jusqu’aux dents et occupant les grandes
villes.
Côté américain, on redoute un massacre à
Alep, tout en rassurant qu'il n'y aurait
pas d'intervention militaire américaine
sur le terrain.
« L'inquiétude, c'est qu'il y ait un
massacre à Alep et c'est ce que semble
préparer le régime », a déclaré lors
d'un point de presse la porte-parole du
département d'Etat, Victoria Nuland.
« En réalité, nous ne soutenons aucun
groupe impliqué dans le conflit syrien.
Nous ne sommes pas hostiles aux Syriens
qui soutiennent Al-Assad. Ce n'est pas
notre combat. Nous plaidons pour les
négociations », a déclaré l'ambassadeur
américain à Moscou, Michael McFaul, dans
une interview au quotidien en ligne
Gazeta.ru.
Réveillé sans doute d’une longue
hibernation, ce diplomate a tourné sept
fois la langue dans la bouche avant de
pérorer son discours cartésien, à savoir
que les Etats-Unis sont partisans d'une
« évolution pacifique susceptible de
faire apparaître de nouvelles
institutions politiques répondant aux
aspirations des gens ».
« En Egypte, en Tunisie et en Syrie,
nous soutenons les règles du jeu et non
les vainqueurs et les vaincus. Nous ne
cherchons pas à déstabiliser Syrie. Nous
ne voulons pas la chute de l'Etat
syrien. Nous l'avons vu en Irak, en
Somalie et dans d'autres pays. Nous
partageons l'objectif du gouvernement
russe: prévenir la désintégration de
l'Etat syrien ». Et pourtant, si nos
mémoires ne sont pas défaillante, la
secrétaire d’Etat américaine Hillary
Clinton avait martelé il n’y a pas si
longtemps : « Assad doit partir ».
Cela étant, il faudrait également
compter avec quelques aveux qui
trahissent de toutes parts ces
déclarations hypocrite et mettent à nue
les paradoxes d’une horde anti-syrienne
désemparée.
Dans ce sens nous présentons la litanie
Mitt Romney, candidat républicain à la présidence
américaine, qui va effectuer le
classique pèlerinage à Tel Aviv, passage
obligé pour tout prétendant pour espérer
décrocher le jackpot électoral. Ce
dernier a critiqué le soutien russe au
gouvernement de Damas. Sans scrupule, le
potentiel candidat, s’est ouvertement
prononcé en faveur d’une livraison
d’armes aux « tueurs à gage » en Syrie.
Et bien évidemment, l’on ne peut passer
par Tel Aviv sans promettre un recours à
la force militaire contre l’Iran.
Enfin, faites entrer le témoin : Jeroen Oerlemans est photographe néerlandais.
Il avait été enlevé et libéré par les «
djihadistes » qui étaient présentés par
l’ensemble des ennemis de la Syrie comme
des opposants syriens. Qu’en pense ce
témoin à charge : « il n’y avait aucun
Syrien présent, c’était tous des jeunes
venus d’autres pays, d’Afrique, de
Tchétchénie… ».
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 31 juillet 2012
Le sommaire de Chérif Abdedaïm
Les dernières mises à jour

|