Chronique
La «dronocratie»
Chérif
Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Lundi 25 février
2013
Allez feuilleter
les pages de la Constitution américaine
et essayer de trouver le mot
«démocratie». Soyez sûr qu’il ne figure
dans aucun alinéa. Ce que vous
trouverez, ce sont des expressions
vagues a contrario de la doctrine
principale qui régit ce pays.
Comme l’avait si
bien dit en substance le directeur du
journal Wall Street lors dans un
documentaire historique : «Aux
Etats-Unis, c’est le capitalisme qui
régit la société et non la démocratie».
En matière de vote, 99% des électeurs
sont des démunis alors que les résultats
en profitent à 1%. Une minorité qui suce
le sang des Américains. Pourquoi donc
voter ? A cette question, cet expert
répondra par le souci de chacun
d’aspirer, un jour, à faire partie de
cette strate qui profite des richesses.
Cela dit, quand on entend les
déclarations du nouveau secrétaire
d'Etat américain John Kerry, à l’image
de ses prédécesseurs, à propos de la
démocratie, on n’est que sidéré par
cette duplicité à hypnotiser les
crédules. Ce dernier a déclaré mercredi
dernier que les Etats-Unis continueront
à propager la démocratie et les valeurs
américaines dans le monde entier. Selon
ce «démocrate», dans son premier
discours en tant que secrétaire d’Etat,
«il est indispensable d'offrir à toutes
les parties du monde la même possibilité
de choisir que celle qui nous a rendus
meilleurs et plus forts (…) Nous voulons
associer le reste du monde au choix que
nous avons fait». Ainsi, selon M. Kerry,
«les Etats-Unis feront tout leur
possible pour défendre la démocratie à
l'intérieur du pays», ce qui, en d’autre
termes, signifie que les Etats-Unis
souffrent encore du manque de
démocratie. Or, vouloir propager cette
«démocratie», inexistante aux
Etats-Unis, au reste du monde, ne serait
en fait que la propagation du système
capitaliste et non de la démocratie,
puisque, comme nous l’avons mentionné
ci-haut, «démocratie» est synonyme de
capitalisme dans la pensée américaine.
Il reste maintenant les moyens de la
politique américaine en matière de
propagation de la démocratie. A notre
connaissance, les Etats-Unis sont le
plus belliqueux pays qu’a connu
l’histoire depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, avec pas moins d’une
soixantaine d’interventions. Si ce ne
sont pas des coups d’Etat fomentés, ce
sont carrément des guerres de prédations
qu’on escamote sous la bannière de lutte
antiterroriste ou autre. En cela, nos
propos sont confortés par ceux du
sénateur républicain Lindsey Graham,
rapportés par la presse américaine jeudi
dernier. Ce dernier a affirmé récemment
que les attaques de la CIA au Pakistan
et ailleurs avec des drones avaient tué
4.700 personnes, un chiffre jamais
confirmé par le gouvernement. Alors,
doit-on parler de démocratie ou de «dronocratie»,
Mister Kerry ?
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 25
février 2013
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