Chronique
Passage aux aveux
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mardi 23 octobre
2012
Dix ans après la décision
d’envahir l’Irak, voilà enfin
l’heure des bilans. Un aveu sur
l’injustice américaine en Irak signé
Dennis Kucinich, membre du Congrès
des Etats-Unis, dans le Huffington
Post du 02/10/21012.
Selon les propos de ce dernier,
en terme économico-financiers la
guerre en Irak a coûté aux
Etats-Unis près de 5 milliards de
milliards de dollars et a été un
facteur de la crise financière
mondiale…. En termes de pertes
humaines, côté américain, on
dénombre 4 488 soldats tués et plus
de 3 000 blessés. Notons bien cette
proportion par rapport au un million
de civils irakiens tués par les
hordes américaines et leurs alliés.
Un chiffre déjà avancé depuis l’ère
Bush par certains enquêteurs mais
qui a été toutefois démenti par
l’administration américaine.
Heureusement que la vérité finit par
surgir des méandres de l’injustice.
Et voilà une demi-vérité confessée
par ce député qui déplore les pertes
économiques, alors que les pertes
humaines irakiennes sont imputées à
l’entretuerie des milices
irakiennes. Ah, la maudite guerre
civile ! «Une guerre civile
confessionnelle a ravagé l’Irak
pendant près d’une décade et l’Irak
est devenu le foyer d’Al-Qaïda», a
déclaré ce membre du Congrés. Et
c’est l’éternel refrain «Al-Qaïda»
qui est repris en chœur. C’est dans
le cadre de la lutte contre
Al-Qaïda,(outre le prétexte des
armes de destruction massives) que
la guerre a été déclenchée. C’est
encore Al-Qaïda qui a tué un million
d’Irakiens…et c’est toujours
Al-Qaïda qu’on a soutenue en Libye
et actuellement en Syrie pour semer
le chaos. Décidément, les carnages
d’Al-Qaïda ont coûté cher aux
Etats-Unis. Serait-ce la morsure du
serpent que l’on a enfanté et à
laquelle on feint de ne pas trouver
d’antidote pour assassiner davantage
et spolier les ressources des pays
convoités ? Dans cette série
d’«avatars», on ose encore dire que
«La guerre en Irak a été vendue aux
Américains grâce à des mensonges
facilement démontrables.» Après la
confession voilà le repentir : «Nous
devons apprendre de cette sombre
page de l’histoire américaine pour
nous assurer de ne plus répéter les
mêmes erreurs. Et nous devons
engager la responsabilité de ceux
qui ont dupé le public américain.»
«Apprendre de cette sombre page de
l’histoire» ? Apparemment, les mêmes
«erreurs» persistent et demeurent
dans la mesure où la politique
étatsunienne n’a jamais été une
œuvre de charité. Un
néo-colonialisme puant à distance
que ni les euphémismes de Barack
Obama ni ceux d’Hillary Clinton ne
pourraient escamoter pour duper un
monde en rébellion à l’image d’un
phénix renaissant de ses cendres. Et
pour terminer, une auto-disculpation
: «Ce 2 octobre 2002, le jour où la
loi sur l’Irak fut introduite,
j’avais envoyé et distribué
personnellement un mémo à mes
collègues du Congrès, réfutant point
par point les allégations fournies
par l’administration Bush pour aller
en guerre(…)Il était prouvé, à cette
époque déjà, que l’Irak ne possédait
pas d’armes de destruction massive,
qu’il n’avait aucun lien avec le 11
septembre et qu’il n’était pas non
plus une menace pour les Etats-Unis.
Quiconque s’y intéressait pouvait
obtenir les mêmes informations que
celles que j’avais», conclut le
député. Clair, comme l’eau de roche,
non ? Entretemps, on use du prétexte
«Al-Qaïda» pour perpétrer d’autres
massacres, en attendant d’autres
aveux.
Chérif Abdedaïm,
La Nouvelle République
du 23 octobre 2012
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