Chronique
A n'y rien
comprendre
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Mercredi 23 mai 2012
Mahmoud Abbas tente d’obtenir des armes
légères en prévision d’une éventuelle
Intifadah, due en partie à cette grève
de la faim qui s’éternise. Une Intifadah
a-t-il déclaré récemment serait « un
désastre pour nous ». Il faut entendre
par ce « Nous » les israéliens et l’AP.
Au même moment le Premier ministre élu
Ismael Haniyeh a demandé à Mikati et aux
autorités arabes de conjuguer leurs
efforts pour mettre un terme au blocus
de Ghaza.
Bon, c’est son droit d’appeler au
secours, mais apparemment, ces mêmes
pays arabes qu’il appelle « à conjurer
leur effort pour mettre terme au blocus
de Ghaza, semblent absents à l’appel.
Ils sont assez occupés à armer et
financer les terroristes qui activent en
Syrie. C’est ce que nous révèle le
Washington post dans un article mis en
ligne sur son site, le 16 mai dernier.
S’appuyant sur des déclarations
d’opposants et d’officiels américains et
autres, le quotidien de référence
américain, nous apprend que les insurgés
« ont commencé à recevoir de plus
grandes quantités d’armes, et de
meilleure qualité, ces dernières
semaines », une opération certes payée,
indique le quotidien, par les États du
Golfe, mais en partie coordonnée par les
États-Unis.
Dans cette perspective, du matériel
s’est accumulé, écrit le W.P., dans
certains endroits de Damas, d’Idleb et
aussi à Zabadani, sur la frontière
libanaise. Et, selon le quotidien, des
opposants qui se plaignaient voici deux
mois encore du manque de munitions et de
matériel ont déclaré cette semaine que
l’afflux d’armes s’était «
significativement » accru après
l’annonce par l’Arabie Saoudite et le
Qatar d’un financement mensuel de l’ASL
et autres activistes à hauteur de
plusieurs millions de dollars.
La Confrérie syrienne des Frères
musulmans a ouvert sa propre « ligne de
crédits » aux bandes armées, grâce à la
générosité de donateurs privés ou
étatiques (le Golfe, toujours) : un
membre de la direction des « Frères »,
Mulham al-Drobi l’a affirmé.
Cet engagement indirect étant le prix à
payer, hélas, pour l’impuissance des
Occidentaux à pouvoir mener une « bonne
vieille guerre classique ». La Syrie se
retrouve confrontée, outre les gangs
salafistes, à au moins quatre «
vrais-faux-belligérants » : les
Américains, la Turquie, l’Arabie
Saoudite et le Qatar.
Seraient-ce là, les pays arabes qui vont
se soucier du sort des Palestiniens
bloqués à Ghaza ?
Et pourtant quand il s’agit de charcuter
de l’arabe, ils ne se font pas prier.
C’est le cas notamment des salafistes
tunisiens qui appellent les jeunes à
aller au jihad en Syrie contre le régime
de Bachar al-Assad, a reconnu vendredi
un responsable du ministère tunisien des
Affaires religieuses.
Qu’ont-ils mangé au point de se «
tromper de camp » ? La fameuse soupe aux
lentilles offerte par Olmert à Abbas ?
Apparemment, cette prise de position ne
trompe personne, il n’y a pas longtemps,
le représentant d’Ennahda avait déjà
annoncé sans scrupule que la cause
Palestinienne est désormais un conflit
israélo-palestinien et non
israélo-arabe. Aussi, l’expulsion «
magistrale » de l’ambassadeur syrien par
le président tunisien Al Marzougui, ne
laisse aucun doute sur le revirement de
la diplomatie tunisienne. Donc, que les
salafistes tunisiens appellent au djihad
en Syrien, n’étonne plus personne. Le
sort des Palestiniens ne semble plus les
intéresser ; alors, monsieur Haniyeh,
mieux vaut compter sur soi que sur cette
bande de vassaux asservis par Washington
et Tel Aviv.
Chérif
Abdedaïm
Publié sur
La Nouvelle République
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