Chronique
Encore une piètre
prestation
Chérif Abdedaïm

© Chérif
Abdedaïm
Dimanche 20 mai 2012
Quand on assiste à une grève de 2000 à
2500 prisonniers sans bouger le petit
doigt, et qu’on on a peur d’un Intifadah
; quand on supplie son bourreau pour
réceptionner des armes légères dont le
but est de réprimer des palestiniens, on
se demande pour qui travaille Abbas ?
Abbas s’est empressé de « téléphoner au
Premier ministre israélien Netanyahou
afin de lui présenter ses condoléances
pour le décès de son vieux père, mais
que par contre il avait gardé le silence
au sujet des grèves de la faim de Thaer
Halahleh et Bilal Diab (au 75ème jour de
leur grève de la faim à l’instant où
j’écris), et de la grève de la faim de
masse engagée le 17 avril et suivie par
près de 2.500 prisonniers. », faisait
remarquer récemment une jeune
Palestinienne.
Elle a raison de suspecter la position
du président de l’AP. Samedi dernier,
Mahmoud Abbas a déclaré que ses forces
de sécurité « avaient beaucoup de
difficultés parce qu'Israël avait refusé
d'autoriser l'entrée d'une cargaison
d'armes, et qu'il avait « très, très,
très peur » de ce qui pourrait arriver
si un des prisonniers palestiniens en
grève de la faim de longue durée venait
à mourir ». Abbas a peur de quoi
exactement ? Que le peuple Palestinien
se soulève contre l’injustice sioniste ?
Et alors ? N’est-ce pas là, le vrai
printemps ou faudrait-il réserver cette
appellation uniquement à ceux qui se
soulèvent contre leur gouvernement ?
Vraisemblablement, Abbas ne semble pas
aimer le « printemps palestinien ». Il a
« peur ». C’est pourquoi, il ne cesse de
supplier les bourreaux sionistes et leur
lobby. En rencontrant une délégation de
J-Street, un lobby américain qui se
décrit lui-même comme « pro-Israël et
pro-paix », il leur a dit
que « 3.000 fusils en provenance
d’Égypte et de Russie et déposés en
Jordanie avaient obtenu une autorisation
préalable, mais étaient maintenant
bloqués et ne pouvaient entrer dans les
territoires palestiniens ». « S'ils
(Israël, NDLR) m'aident à obtenir les
armes, je les aiderai parce que
j'encourage la sécurité, » leur a-t-il
dit. Il « encourage la sécurité », de
qui ? Si c’est celle des Palestiniens,
pas besoin donc de lâcher les chiens
Dayton pour réprimer les parents des
prisonniers venus manifester pour que
leurs protégés soient relâchés. Non,
Abbas, ne cherche pas leur sécurité, ce
qu’il ne cesse de répéter dans ses
confusions (entre résistants et
terroristes) c’est une «
sécurité pour arrêter le terrorisme.
Nous avons besoin de ces armes légales.
J'ai des plaintes de l'appareil
sécuritaire : « Nous manquons de fusils
et de balles. »
Et cette situation des
prisonniers qui fait peur à Abbas, qu’en
pense-t-il ? « J'ai dit aux Israéliens :
« S'il vous plaît, s'il vous plaît, s'il
vous plait. Ils ont quelques exigences.
Si vous ne leur répondez pas et si
quelqu'un meurt aujourd'hui ou demain,
ça sera très, très désastreux pour nous
».
Abbas aurait-il donc peur des
Palestiniens ? Apparemment, oui ;
puisqu’il se range du côté israélien («
ce sera très désastreux pour NOUS »).
Encore une piètre prestation.
Chérif
Abdedaïm
Publié sur
La Nouvelle République
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